Julienne : boulangère de caractère...

Publié le 15 septembre 2011 par Cfabpf
...et qui n'a pas la langue dans sa poche ! Julienne Haution est issue d'une famille de boulanger et trace son chemin depuis près de 10 ans dans la boulangerie française.
Tombée dans le pétrin quand elle était petite, et poussée par sa passion, sa ténacité (celle du gluten ?) et son amour pour la boulangerie, elle fait ses armes dans les meilleures boulangeries parisiennes pendant 7 ans.
Cette expérience acquise lui permet de passer en 2010 son brevet de maîtrise à l'INBP où elle finit major de promo !! Clap, clap...
Voici donc les mots sans détour, d'une femme boulangère à l'aise dans ses chaussures de sécurité et qui a su s'imposer par son talent, dans un milieu pas toujours facile...

Nom : HAUTION

Prénom : Julienne

Promo : 2003-2004

La boulangerie, après le BAC, ce n'est pas politiquement correct (surtout pour une femme), aux yeux du plus grand nombre.

Quelle a été la réaction de ton entourage quand tu leur as annoncé ton choix ?

Au début, beaucoup n’ont pas compris ! Mais à la longue, me voyant épanouie dans ce métier, c’est devenu un sujet de conversation habituel que le pain. En effet, beaucoup de connaissances s’essayent ou se sont essayées à faire du pain dans leur cuisine. Et là, les questions fusent ! Pourquoi utiliser cette levure ? C’est quoi un levain ? Pourquoi mon pain est terne ? Et bien sûr, c’est très utile d’avoir une « vraie » boulangère à portée de main ! Ils se sont rendus compte que faire du pain n’est pas si facile et que c’est un vrai métier, dans lequel je m’éclate !

France ou étranger. Quel a été ton parcours depuis la fin de ta formation en boulangerie au CFA BPF ?

Je suis restée en France après mon CAP. Mais j’ai rendu visite à un collègue boulanger parti travailler en Nouvelle-Zélande. J’y ai passé 3 semaines inoubliables ! Donc dans un sens j’ai voyagé grâce à la boulangerie.

J’ai pu travailler dans de nombreuses boulangeries parisiennes pendant 7 ans, et ça m’a bien formé. Puis je suis retournée à l’INBP, en 2010, pour passer le brevet de maîtrise. En ce moment, je travaille à Tours où j’apprends la pâtisserie, en vue de bien gérer une future installation.

Tu rencontres un jeune qui hésite à devenir boulanger.

Sois franche : cite les 2 avantages qui te paraissent majeurs et 2 inconvénients (y'a pas de raison, y'en a aussi !).

- Premier avantage : pas de chômage !

- Deuxième avantage : en boulangerie, avec un bac +2, c’est le niveau légal du BM, on peut faire une multitude de métiers : ouvrier, chef, démonstrateur, artisan, technico-commercial, formateur, boulanger d’essai…. Alors que dans l’administration (par exemple) avec un bac + 2 on n’est même pas sûr d’être facteur !

- Premierinconvénient : travail souvent décalé par rapport aux amis et à la famille (impasse sur les dimanches, et les soirées tardives) mais de plus en plus d’entreprises ferment le dimanche, et j’ai souvent travaillé de jour, donc cet inconvénient peut être contourné !

- Deuxième inconvénient : on peut facilement se « flinguer » le dos, car on porte des charges à répétition, et il est indispensable d’apprendre à porter avec les jambes et pas avec le dos. Dans ce domaine, il y a beaucoup à changer dans nos habitudes.

Une femme en production en boulangerie, ce n’est pas toujours facile. Comment s’est passé ton parcours ? As-tu des conseils à donner à de futures prétendantes à ce métier ?

Ayant côtoyé beaucoup de collègues avec des profils très différents, j’ai appris à ne faire aucune généralité. Ce qui est sûr, c’est que quand il y a plusieurs filles en production, on est beaucoup plus à l’aise et les relations sont plus saines.

La mixité apaise les esprits ; je trouve. Il y a de la place pour les femmes en boulangerie, même si je suis consciente que dans la durée nous sommes moins solides. Je ne me vois pas faire dans 15 ans ce que je fais aujourd’hui en production.

C’est un travail très sportif ! Il est indispensable pour les femmes d’avoir d’abord une bonne condition physique, et surtout d’anticiper sur leur avenir à long terme pour mieux vivre la boulangerie à un âge « avancé ». Pour ma part, si j’ai passé le Brevet de Maîtrise en boulangerie, c’est pour pouvoir plus facilement accéder à une place de formatrice dans 15 ans.

Imagine : aujourd'hui, tout est à refaire.

Signes-tu toujours pour la boulangerie ou changes-tu de métier ?

Non, je ne change pas de métier. Je regrette de ne pas être partie à l’étranger pour y travailler, mais je compense en voyages touristiques ! Ce métier m’a redonné confiance en moi, et sans la boulangerie, je ne serais pas aussi heureuse aujourd’hui !

Quel est ton produit de boulangerie ou pâtisserie « chouchou » ?

En boulangerie, un pain aux céréales bio sur poolish, pour manger le matin ! Ou un bon croissant, un vrai avec des feuilles craquantes au dessus et du moelleux à l’intérieur, et un goût de beurre de Normandie.

En pâtisserie, un bon macaron au café avec une ganache aux grains de café moulus maison !

Si je te dis CFA-BPF ?

C’est un souvenir de comment concilier la fête entre apprentis et l’investissement dans la formation ! Voila l’anecdote : un matin de pratique commençant à 6H00, nous sommes rentrés de soirée à 4H00, et pour être sûr d’être présents en cours 2 heures après, nous avons grimpé sur le four à bois dans la cour qui était en préchauffe pour le Téléthon et nous avons attendu là que la journée commence. Comme c’était agréable de s’asseoir sur les pierres chaudes alors qu’il faisait très froid dehors !

C’est devenu aujourd’hui impossible d’arriver aussi tôt dans l’école pour des raisons de sécurité.

Le mot de la fin !

Le CFA BPF "Champion de France des écoles 2010" !!!