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Le courage d'avoir mal et de le dire

Publié le 14 septembre 2011 par Mcommemaman
Ce billet tourbillonne dans ma tête depuis notre retour de vacances. Ce billet tourbillonne dans mon corps depuis que celui-ci m'a envoyé un signal d'alarme à la fin de l'été. Ce billet tourbillonne dans mon coeur depuis deux semaines; depuis que j'ai enfin pu mettre en mots ce que je vis en ce moment.
J'écris aujourd'hui ce billet en sachant très bien qu'il sera brouillon et sans gant blanc. Et je me sens tout à fait à l'aise de le partager avec vous de cette façon puisque c'est exactement comme cela que je le sens. Mais cela m'a pris une dose de courage pour sortir ainsi au grand jour et de partager avec vous une période moins colorée de ma vie.
Le courage d'avoir mal et de le dire
Je sais que ce que je viens de vivre et vis toujours est bien loin d'être dramatique et qu'un nombre infini de gens sur cette planète vivent des drames gigantesques par rapport à ma réalité. Je le sais.
Mais.
La dernière chose que j'ai envie d'entendre en ce moment c'est: ''ben voyons! Y'a rien là! Y'a des choses bien pires que ça dans la vie!''. Parce que je le sais très bien. Mais cela n'altère en rien ma peine. Parce que ce désarrois est bien réel. Parce que je n'ai pas envie d'être rationnelle en ce moment. Parce que ma maternité ne réside pas dans ma tête. Parce qu'elle est dans mon ventre, dans mon coeur.
Et je crois que nous avons tous besoin de mettre en mots ce que nous vivons et ce, même si d'autres autour de nous vivent des trucs bien pire. J'ai décidé d'accepter de vivre ma douleur en me sortant de ma tête qui sait très bien tout cela.
Je suis présentement comme un bébé sur le point de naître, bien au chaud dans le ventre de sa maman mais qui se sent drôlement à l'étroit. Un bébé sur le point de naître, qui a vraiment très hâte de rencontrer son destin, ses parents et de vivre cette nouvelle vie qui commence pour lui. Un bébé sur le point de naître qui a aussi la trouille de faire cette transition, qui a peur d'avoir mal en passant dans le canal, qui a peur, tout simplement.
Je me sens comme cette personne qui adore son travail et qui le fait avec passion depuis plusieurs années, s'y sentant bien, vivante, accomplie mais qui ressent depuis un petit moment le besoin de changer de boîte, d'horizons, pour poursuivre son développement et s'épanouir. Cette personne se trouve soudainement dans un tourbillon de sentiments contradictoires et entremêlés: elle éprouve une grande excitation à l'idée de travailler sur tous ces nouveaux projets, elle découvre une grande peine en elle de quitter cet emploi qu'elle a si longtemps chéri et par le fait même, ses coéquipiers, elle se sent par contre un peu à l'étroit dans cet emploi et ce, malgré tous ses efforts à garder le cap et le sourire, et elle a le ventre qui se serre parce qu'elle a peur de ne pas être à la hauteur dans sa nouvelle vie. Elle est prisonnière de cette transition. Prisonnière de passage car elle sait très bien que cela n'est que transition. Elle sait très bien que tout ira pour le mieux. Elle sait très bien tout ça. Mais cela ne l'empêche pas de souffrir, d'avoir de la peine et d'avoir peur.
Mon corps me parle très fort en ce moment. Je me suis même payé une escapade à l'hôpital en ambulance avant de partir en vacances cet été! Rien de majeur. Juste une grosse frousse. J'ai fait une costochondrite qui avait pris les airs d'une crise cardiaque avant d'être démasquée! Depuis, je suis prisonnière de mes muscles tendus du milieu du dos jusqu'à la base du crâne. Et mon coeur n'a presque plus de place pour battre comme il faut tellement les muscles qui l'entourent sont tendus. Hum.
Le courage d'avoir mal et de le dire
Tout cela est si intense en ce moment que j'ai dû prendre un peu de recul avant de pouvoir écrire ces mots. Je sais que mon été passé à essayer de faire avancer mes projets pour M comme Muses tout en jouant mon rôle de maman à temps plein de trois jeunes enfants n'y est pas étranger. Je sais aussi maintenant que ma peine de laisser mon rôle de maman à la maison (qui travaille dès qu'elle a une minute pour elle!) pour un nouveau statut y est pour beaucoup. Ajoutons à cela une peur inconsciente qui me donnait l'impression de vivre comme dans un mauvais rêve; le genre de rêve où tu te retrouves dans ton ancienne école secondaire et que tu réalises que tu as oublié de t'habiller. Nue comme un vers, tu ne sais plus où te camoufler pour sortir de cette impasse. (dites-moi que je ne suis pas la seule à avoir déjà eu ce genre de cauchemar!! LOL!!)
Mais contrairement à ce cauchemar, je réalise au fil des jours que je ne suis pas nue. Au contraire. Je suis tout à fait habillée convenablement pour jouer mon nouveau rôle à temps plein. J'ai confectionné moi-même ces nouveaux habits lorsque j'étais une maman à la maison. Et ces nouveaux vêtements me vont comme un gant! Je suis excitée à l'idée de les enfiler! Mais je ne me presse pas car j'ai une petite poupoune de trois ans qui ne débutera pas la garderie avant octobre et qui trépigne d'impatience à l'idée d'aller jouer avec des amies! La vie est bien faite. Et mon coeur est vraiment joyeux et léger lorsque je vois mes deux petits hommes partir pour l'école ensemble. Mes enfants sont vraiment heureux. 
Le courage d'avoir mal et de le dire
Mais je me sens quand même abîmée par en dedans. Et je dois avoir le courage d'accepter que c'est bien comme cela. Que je ne suis pas moins forte parce que j'éprouve cette douleur passagère. Que je ne suis pas moins compétente parce que je n'ai pas réussi à effacer ma peine à grands coups de pinceaux ou d'exercices d'écriture. J'ai plutôt accepté de vivre tout cela en regardant en moi, en devenant observatrice de ce qui tourbillonne en moi, sans juger. Ce ne fut pas facile. Mais je l'ai fait et je continue à le faire. Même si je n'ai perdu personne, même si tout mon monde est en parfaite santé, même si j'ai tout pour être heureuse. J'ai accepté d'avoir de la peine.
Tout cela, je l'accepte comme étant un beau cadeau de la vie. Parce que ces choix que nous faisons nous font toujours grandir. Parce que derrière la douleur ressentie, il y a un petit coeur qui bat, la vie qui coule et un être qui grandit. Accepter de se remettre en question, d'avoir mal, de chercher des réponses, de comprendre ce qui se passe, c'est accepter de vivre. Et être vivant, c'est ce qu'il y a de  plus beau dans la vie. La créativité, la résilience et la vie deviennent alors de joyeux synonymes.
Le courage d'avoir mal et de le dire
Je partage avec vous ce petit bout de mon histoire parce que je sais que je ne suis pas la seule à vivre de tels changements de vie. Je le sais, vous m'en avez parlé. Et nous nous sommes comprises.
Je partage aussi mon histoire parce que je sais que plusieurs parmi nous pouvons vivre de telles situations paralysantes en faisant face à un nouveau projet, à de la procrastination chronique, à des peurs qui nous empêchent d'avancer, de créer, de terminer l'écriture de ce livre, l'illustration à finaliser, cette entente à signer. Je dois vous dire que dans le creux de ma vague, j'ai pensé très fort à nous toutes. Et je me suis promis de partager avec vous le filon qui me permettrait de retrouver mon goût du bonheur légendaire. Je l'ai trouvé.
La prise de conscience est la clé. Prendre conscience de nos peurs, de nos peines, mettre tout ça en mots, c'est faire un grand pas en avant. Je dirais même plus: c'est la plus grosse partie du travail qui est alors faite. Quand on prend conscience de ce qui nous freine, de ce qui nous blesse, nous fait mal, nous ennuie, nous paralyse, la magie peut enfin opérer. Lorsque l'on prend conscience de quelque chose, nous sommes alors en mesure de connaître notre bête noire et de l'affronter avec le meilleur de ce que nous possédons déjà et d'aller chercher de l'aide au besoin.
Le courage d'avoir mal et de le dire 
Et je crois au grand pouvoir des larmes pour prendre soin de nous et nous guérir. À la maison, lorsque je pleure, ma gang est...contente! Pourquoi? Parce qu'ils savent très bien que j'irai cent fois mieux après avoir pleuré de tout mon soûl.Chacun se donne ainsi le droit de pleurer librement sans avoir peur d'effrayer les autres. On se fait confiance.
Parfois, nous avons aussi besoin de redevenir ce petit enfant de trois ans qui tape du pied parce qu'il n'est pas content ou se sent incompris. Peut-être pas en public (rire) mais pour soi-même. Accepter d'être mécontent avec une situation qui nous est inconfortable. Accepter que cela peut être différent pour d'autres et que nous sommes en droit de ne pas être à l'aise. Parce que cette petite crise existentielle nous permet de lâcher prise sur notre rationnel d'adulte bien élevé pour prendre conscience de ce qui ne va pas!
Et ça fait du bien.
Après tout, la vie est aussi faite de moments gris (ou moments boueux!) qui nous font apprécier davantage les moments colorés de notre existence!
Le courage d'avoir mal et de le dire 
Mon long silence aura été fertile en prise de conscience, de repos, de larmes, d'inconfort. Mais il m'aura permis de grandir. Pour le meilleur.
Je suis heureuse d'être là. Heureuse de le partager avec vous. Et tellement heureuse d'avoir pu mettre en mots tout ce brouillon qui m'habite depuis quelque temps! Voilà, c'est fait!
Ce que j'ai envie de me dire maintenant c'est...
Le courage d'avoir mal et de le dire ...inspirée par cette jolie carte que mon doux avait créée au printemps. Je la regarde avec le sourire et j'ai envie de la partager avec vous aussi.
Que l'aventure se poursuive! (et vivement l'acupuncture pour aider mes muscles à comprendre qu'ils n'ont plus à se figer pour me protéger!)
M xxx
 Le courage d'avoir mal et de le dire

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