Father
Extrait : "La décharge fit tressaillir la foule. La balle, qui traversa la tête, fit éclater le crâne du preneur d'otage et répandit des morceaux de cerveau contre le mur. L'homme glissa lentement à terre et demeura assis comme un pantin dont on aurait sectioné les fils. Certains se mirent à hurler, tandis que d'autres restèrent immobiles, comme paralysés.
Michel Fardella, rejoint par Iano et le reste de la milice, s'approcha du corps.
Saro aida Mena à se relever. "Drôle d'époque...", dit-il dans un souffle, lui aussi bouleversé.
La jeune femme, encore choquée, eut la force de le regarder dans les yeux. Puis elle baissa le regard, au moment où Nenella, la grosse domestique, la rejoignit pour l'emmener.
"Que le ciel vous bénisse, Saro", fit Nenella qui le connaissait. Puis elle conduisit Mena vers la petite calèche qui les attendait devant la mairie.
Saro suivit de syeux la jeune femme jusqu'à ce qu'elle disparût derrière la porte d'entrée. Puis il se tourna vers la foule qui se pressait autour du corps dui forcené.
Prospero, l'un des hommes de Iano, s'était penché au-dessus du cadavre et lui relevait la tête, ou du moins ce qu'il en restait.
"Tu le connais ? demanda Iano.
- Ce doit être quelqu'un d'ici", répondit-il avec un hochement de tête.
Un vieux paysan s'avança au milieu de ses concitoyens. "C'est Davide Zevi, dit-il à voix haute sur unh ton de réprobation.
- Un juif ?" demanda Iano.
Le paysan répondit seulement d'un signe de tête.
"Bien, il nous a économisé une balle", commenta cyniquement le chef des Faisceaux de combat en éloignant les curieux.
Quelqu'un fit le signe de la croix tandis que d'autres allèrent prévenir les gendarmes et le fossoyeur."
L'avis de Dazboness : Un roman originale car par l'aller et retour d'un jeune enfant juif italien entre sa Sicile natale et New York à l'époque du fascisme, l'uateur (italien également) nous livre une histoire touchante et sincère sur la Sicile, la vie sous le régime de Mussolini, la mafia et ses liens avec New York.
Ainsi le roman se découpe en trois parties. Toutes trois concernent deux personages, Iano et le Prince Licata.
La première concerne la jeunesse de Iano et ses émois sous les débuts du règne de Mussolini (dont l'arrivée au pouvoir, de même que le contexte économique de l'après-guerre sont bien expliqués), mais aussi la vie du Prince dans cette ère fasciste. Tous deux sont la cible des groupes armés fascistes de la région.
La seconde partie traite de leur exil à New York. Leurs exils sont différents du fait de leur classe sociale et vont finir par se croiser et se mêler du fait de leur implication à tous deux dans le mafia.
La dernière partie parle du retour au pays, dans un contexte de Seconde Guerre Mondiale, avec le débarquement des troupes Alliées en Sicile, la mafia jouant un rôle majeur dans la préparation du débarquement et l'expulsion des fascistes de Sicile.
Plusieurs fils rouges se révèlent au long de l'histoire : le Prince Licata comme parrain de la mafia par ses qualités naturelles de chef et sa vision des choses, le lien de confiance entre le Prince et Iano, l'amour de Iano pour la jeune Mena, la haine de Iano (le chef des Faisceaux de combat) envers les juifs et les nobles.
Un roman qui done une autre vision, moins courante, sur la mafia aussi ien sicilienne que new-yorkaise, et surtout un point de vue moins manichéen de la vie en Sicile sous le régime fasciste.
Auteur : Vito Bruschini
Editeur : Buchet-Chastel
Prix : 25€
Nombre de pages : 633
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