Préparez vous pour un concentré d’énergie, de violence et de colère comme vous en avez rarement entendu. Quelque chose de brut, sale, et intense qui vous prend si fort à la gueule que le plus horrorcore du horrorcore vous semblera doux. A travers une ambiance mystérieuse, le groupe underground de L.A nous délivre un son unique et tellement puissant et intense que ça vaut le détour.
Si vous recherchez de la douceur, passez votre chemin. Quand je dis douceur, comprenez un moment de répit ! ici, tout est délivré de manière brute et violente dans un univers déjanté. Zach Hill est un homme à projets. Ayant travaillé dans des milieux variés, du math rock à l’industrial metal, il se lance dans un groupe de rap. Accompagné de Mc Ride, et de quelques autres artistes anonymes, ils créent un son unique qui prend la forme d’une grosse claque musicale à chaque écoute. Il n’y a vraiment aucune douceur dans cette mixtape.
Celui qu’on a souvent surnommé The Angriest Black Man Alive mérite bien son surnom. MC Ride est en colère, contre tout, contre rien, et nous l’explique en hurlant continuellement. Certains seront repoussés par cette voix brute et puissante, d’autres seront fascinés. Les Death Grips alimentent un véritable culte dans leur mixtape, un culte de l’absurde, de la mort, de la violence, scandé par un rappeur totalement dingue. I am the Beast I worship, scande-t’il sur Beware, l’intro de l’album. On ressentira surtout cette énergie sur des sons comme Takyon où il hurle vraiment, VRAIMENT fort, ou sur I want it I need it (Death Heated) qui sample Pink Floyd et où il hurle progressivement plus fort des Biatch sur le refrain, pour à la fin hurler de façon presque frénétique, comme en pleine crise d’épilepsie.
Sur une production très bonne et extrêmement variée, on est propulsés dans un autre univers : Zach Hill nous délivre des drums qui captivent, et des beats de qualité. Il y a de la country dans le délirant Spread Eagle Cross The Block, de la dubstep qu’on retrouvera dans presque toute la mixtape, et surtout énormément de noise. Cette culture VHS est propre à l’expérimental et au drone qui amplifient le côté progressivement fou et violent de ce trip qui nous conduit doucement vers un état de folie… Chaque line, chaque lyric, tout est fait pour amplifier la violence brute et pure, celle qui vous claque si fort à chaque seconde que vous voyez double.
On va jouer à un jeu. Allez ici et on va ctrl+f les mots suivants : Fuck, 50 fois. Shit, 49 fois. Bitch, 13 fois. Vous me direz qu’on trouvera ça sur n’importe quel album de gangsta rap. Maintenant : Blood, 19 fois. Kill 13 fois. Death, 9 fois. Fire, 8 fois. C’est cette récurrence qui montre le côté presque apocalyptique de la chose et qui rend les autres insultes différentes et captivantes dans ce contexte. Mais on ressentira surtout cette intensité presque sauvage de cette mixtape. Chaque morceau est une hymne. Une hymne contre les gens, une hymne contre vous, une hymne contre la musique, etc. Le côté provocateur est à son paroxysme. Tout est fait pour vous cracher à la figure : Des paroles brutes à la violence de la voix gutturale du rappeur, en passant par les beats plein de distorsions et de bruit. Même les interludes sont déjantés, et pleins de cette folie distordue !
Cut throat débute sur des cris, qui sont répétés en écho, pour vous rendre fous. La basse et les distorsions dubstep accentuent ce côté violent et puissant propre à Ex Military.
Mais l’élément principal de cette mixtape, la pierre angulaire de cet univers, c’est sans contexte MC Ride. Le fascinant rappeur infuse toute son énergie et sa rage dans chaque son. Le seul son où il ne crie pas, Culture Shock, il vous insulte. Fuck yourself, choke yourself. Enfin il nous insulte presque tout au long de l’album : Fuck where you’re from, Fuck where you’re goin, It’s all about where you’re at ! Fuckin’ Cowards.
Into the flame, into the fire, with no regard for a thing, fuck that I’m the Lord Of The Game, I rule this empire. Souvent mégalomane comme sur Lord Of The Game, où le beat dubstep coupé à la glitch-hop et les drums rapides accompagnent ses cris de paranoïa, ou comme sur Beware où il clame qu’il est un monstre sur un beat presque ambient/drone. Ses lyrics sont fascinantes, car très souvent absurdes, ou relevant d’une certaine idiosyncrasie presque propre à un registre fantastique. Des évènements inexplicables dans ces chansons, des phrases qui n’ont aucun rapport avec les autres, etc. Cette construction presque atypique et propre au rap expérimental est rendue encore plus fascinante par le charisme spectaculaire du rappeur qui part dans des délires incompréhensibles. C’est le cas sur des sons comme Beware ou Blood Creepin.
Ainsi, Death Grips nous offrent dans leur mixtape gratuite (téléchargeable ici) un concentré de haine, d’énergie et de violence que le rappeur du groupe canalise dans cet univers fascinant et captivant. C’est sans doute l’un des ovnis musicaux de cette année, et l’un des plus originaux. Il est difficile de noter quelque chose d’aussi expérimental, en sachant que bon nombres d’entre vous seront repoussés par la voix et les cris d’MC Ride. Mais l’originalité et l’intensité de la chose rendent indéniablement cette production fascinante et mystérieuse. 8.2/10
Etudiant de 17 ans, geek et passionné de musique underground. Je suis très ouvert, je suis très éclectique. Ça se ressent. La musique m'inspire, mes articles sont souvent longs en conséquence, mais c'est pour vous faire ressentir ce que je ressens. Pour vous servir. Swag.