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Terrible Angels

Publié le 14 septembre 2011 par Clarabel

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Non mais quel roman ! Il est violent, sombre, révoltant, injuste, douloureux. Vous y absorbez le désespoir du narrateur, Dam, bientôt seize ans, vous vous dites que ce n'est pas possible d'avoir une telle famille, aveugle, intransigeante. Le pauvre gamin, il n'est pas aidé ! Alors que cela devrait être le contraire, Dam est décrit comme un garçon timide et effacé, peureux et sensible, trop sensible, au goût de certains. Forcément. Ce n'est pas un caïd, il se fait souvent taper dessus par les crétins de passage, il se sent plus bas que terre, il n'a strictement aucune confiance en lui. 
Et puis, il rencontre Samy et sa bande. Des êtres marginaux, libres d'être ce qu'ils ont envie d'afficher. Ils portent un look gothique, ils manifestent un intérêt profond et sincère les uns envers les autres, ils ne jugent pas, ils écoutent, encouragent et apportent tout ce qui manque à Dam. Très vite, il s'identifie à eux, ne lâche plus Samy, tombe amoureux, mais en même temps il doit supporter les sarcasmes de sa famille et les nombreuses interdictions de son père, qui ne décolère pas. Son fils n'est pas une "lopette sataniste" ! 
Les mots sont durs, mais c'est le désespoir du garçon qui fait vraiment mal. Dam est à fleur de peau. Il encaisse sans réagir. Ou il se taille la peau, pour faire évacuer tout ce sang qu'il juge de trop dans son corps. Car c'est à l'intérieur que l'essentiel se passe, la boule de rage qui grossit et grossit encore, la sensation d'impureté et le besoin de s'infliger des marques.
Arrive alors son anniversaire, et tout va basculer. 
Le faire... ou mourir. Un titre énigmatique, mais quel choc.
Pendant 95 pages, je n'ai fait que couler, couler dans le récit. C'est très fort, et ça interpelle. Il est difficile de prendre le moindre recul. Mais le texte possède cette justesse de savoir décrire et partager ce qu'est le désarroi adolescent. Tout est vrai, et tant pis si ça fait mal. Plus je lisais, et plus je me disais qu'il fallait que je m'en sorte pour lire un truc plus léger. Pour décompresser. Et puis, il y a les cinq dernières pages. Les cinq dernières minutes, en somme. Là, je ne vous cache pas ma surprise. (J'avais même un peu de mal à comprendre ce qu'il se passait.) 
Heureusement que cela se termine ainsi. Cela m'a permis de me sentir en paix, et même pour Dam... ce n'était plus possible autrement. En bref, c'est un roman étonnant, bluffant et à recommander pour tout ce qu'il provoque et donne envie de ressentir ou partager. Les mots sont vrais, le vague à l'âme est extrêmement bien traduit, c'est un livre qui fait résonner en nous de vives émotions, c'est franchement réussi.

Le faire ou mourir, par Claire-Lise Marguier (Rouergue, 2011)


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