Cet été, j’ai commencé à lire de la science-fiction – j’ai dévoré presque tout le cyle de la Culture d’Ian M. Banks, ce qui méritera d’ailleurs un autre billet sur Arty. Quel rapport avec Gide me direz-vous mes petits lapins ? Aucun, je vous l’accorde. Sauf qu’au bout du 4ème Banks d’affilée, j’avais envie de revenir à une littérature plus classique. Une amie avec qui j’étais en voyage me parle alors de ce roman de Gide, sublime.
Gide, pour moi, c’était Les Nourritures Terrestres, l’un des livres les plus bouleversants de ma vie. Alors je n’ai pas eu de mal à me dire que L’immoraliste valait le détour. J’ai trouvé une édition des années 60, de celles qui sentent le vieux papier, dans la bibliothèque de mon père et me voilà partie pour un voyage extraordinaire.
L’immoraliste, c’est l’histoire d’une déconstruction. Un homme, prédéterminé par son histoire à devenir un historien spécialiste de l’empire romain, se retrouve atteint de pneumonie lors de son voyages de noces avec une femme dont il ne fait pas grand cas – litote, quand tu nous tiens.
Approcher la mort va totalement bouleverser son rapport au monde : il réalise que ses choix n’ont toujours été dictés que par son appartenance culturelle. Il apprend peu à peu, pour paraphraser ce que quelqu’un d’une grande sagesse m’a dit l’autre jour, que l’indépendance n’est pas le fait de vivre seul mais de penser seul.
Or, pour penser seul, il faut d’abord désapprendre ses clichés et ses automatismes. Et surtout, réaliser qui on est. Dans le cas du héros, un homosexuel attiré par les jeunes garçons. Cette quête est donc un roman d’initiation un peu spécial, où le secret nous est livré dès le début du roman : « Savoir se libérer est rien; l’ardu, c’est savoir être libre. »
Un vrai moment de bonheur littéraire.
Jeu de briques
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