V.A. – Jacno Future

Publié le 14 septembre 2011 par Hartzine

On s’est effondré, en 2009, à la mort du dandy 80′s par excellence, membre des Stinky Toys, partenaire d’Ellie Medeiros, producteur de tout un pan de la pop francophone de l’époque, que ce soit Lio, Daho forcément, ou encore Daniel Darc. Entre autres. Voilà qu’on nous annonce, sur l’initiative de sa fillotte et de Franck Vergeade, une compil’ hommage. Au souvenir de la version Bashung très inégale, on a de quoi se méfier. Mais le casting est meilleur, ici. Peut-être y a-t-il moins de pognon à se faire. Château Marmont plutôt que BBrunes, Coming Soon plutôt que Gaëtan Roussel : ça s’annonce pas trop mal, on évite une partie des mecs « en promo » qui montreraient tout leur respect pour l’oeuvre de Jean-Pierre Sauser si c’était possible. Encore que ça, ce serait de la balle.
Dominique A ouvre le bal en reprenant Je t’aime tant, passant la chanson au filtre de ses rythmes brisés élégants, de sa voix précieuse, mais on aurait aimé qu’il fasse péter un peu plus son gros côté électronique à la française qui aurait eu toute sa place ici. Vient ensuite le  duo bobo-bobotte de la mort, soit Biolay-Mastroianni (appelez-les Home), qui est aisément pardonnable. On ne l’aurait pas mis en seconde position sur la tracklist, voilà tout. Vient heureusement l’ami Daho, grand compagnon de Denis (Quilliard, ou Jacno), qui a priori a fait faire 255 remixes par tous les mecs qui passaient. The Shoes, très motivés – ils en ont pondu deux - ou encore MIMA étaient en concurrence avec entre autre The Subs qui ont été choisis ici. C’est frais, inattendu, mixtape-able à mort. Si vous trouvez l’EP avec toutes les versions, prenez-le, ça gère bien.Une belle initiative malheureusement suivie de l’intervention lourde de Brigitte Fontaine, dont le chant traumatisé par l’Appel du 18 juin commence sérieusement à faire chier. Si la musique n’est pas dégueu, avec un air westernisé de Si Rien Ne Bouge de Noir Désir, la performance vocale de Je vous salue Marie donne rapidement envie de passer à la reprise de Rectangle par Katerine. Très grosse pression sur celle-ci : il s’agit, à notre sens, de LA chanson du dandy. Pas de bol, l’amuseur public déçoit, la répétition des « Rectangle, Rectangle » et la musique trop dénudée nous font plus penser à un pastiche, un foutage de gueule. Antihommage d’un antidandy ?
Je passe par principe sur la prestation de Thomas Dutronc. Ce serait du lynchage en règle façon DSK et Soral. Autant vous dire qu’à cet instant, on laisse un morceau de la dernière chance avant de balancer le CD par la fenêtre, cet enchaînement d’échecs nous faisant l’effet d’une dépression post-coïtale : on sentait une belle histoire d’amour commencer entre cette galette et nous, mais non, au pieu, c’était vraiment trop à chier. On laisse un texto et on rembarre ?

Château Marmont nous offre un retour de libido incroyable. Comme si, en un SMS, on avait oublié tout l’aspect horrifiant du rapport de la nuit précédente. Comme si la triplette des piliers de compilations hommages venaient de disparaître. Les Parisiens sont des foutus génies, maniant leurs synthétiseurs avec à la fois la délicatesse de Nini et leur groove à eux, amenant un chant fantômatique qui transcende grave.
On est reparti ! Jacques Higelin se sert de son charisme naturel pour amener sa version cow-boy de Mauvaise Humeur de chiante à passable, l’expérience est agréable, permet de maintenir l’attention vers la suite. Une suite prenante. Les Coming Soon apportent leur fraîcheur naturelle à une anglophone For You qui, bien que dans la même veine que la chanson précédente, nous électrise complètement. Une belle perf’ des Anneciens à faire écouter aux fans de Dionysos et de sa meuf.
J’ai triste ensuite, de Miossec, moins rincé que d’habitude et les Valentins. Plutôt joli, belle intro, mais un poil trop variét’ pour nos oreilles. On passe, même si on aime bien notre Brestois, après Coming Soon, l’âge des vieux se fait vraiment ressentir. Exception faite pour Christophe, dont la reprise de Je viens d’ailleurs colle parfaitement. Ce type-là nous prend, comme un Kavinsky en français et avec plus de cheveux blanc.
Beaupain et Lo font un truc pas mal avec Tes grands yeux bleus, plutôt rafraichissant, presque lo-fi façon Toys. Alexandre Chatard fait encore dans la douceur, aussi, avec T’oublier, mais Stereo Total nous réveille avec Le Téléphone, dont le chant filerait une sacrée trique à Dutroux tant il se veut naïf et enfantin, mais ça marche bien, et ça clôt le CD avec brio.
Encore une fois, on nous file des hommages inégaux comme pour Bashung qui, clairement, mettent en évidence le côté chiant de tous ces vieux de l’époque de papa. Château Marmont et les Coming Soon font un sacré effet et si on sent le botox chez Daho, Christophe, le noctambule, pas l’alcoolo breton, fait plaisir à voir. Si le reste est un peu poussif, la compilation s’en sort pas mal. A écouter. A acheter peut-être même, au titre par titre sur iTunes, pour une fois, ça se justifie. Quoique la pochette Castelbajac soit plutôt sexy. Limite, négociez avec votre disquaire pour acheter la pochette sans le CD et gravez votre propre exemplaire, les 14 titres de la version que j’ai écoutée ne valant vraiment pas tous le coup.

Audio

Vidéo

Tracklist

V.A. – Jacno Future (Polydor, juin 2011)

1. Je t’aime tant (Dominique A)
2. D’une rive à l’autre (Home)
3. Amoureux Solitaires (Etienne Daho)
4. Je vous salue Marie (Brigitte Fontaine)
5. Rectangle (Katerine)
6. Je ne suis pas toujours de mon avis (Thomas Dutronc)
7. Main dans la Main (Chateau Marmont)
8. Mauvaise humeur (Jacques Higelin)
9. For You (Coming Soon)
10. J’ai triste (Miossec)
11. Je viens d’ailleurs (Christophe)
12. Tes Grands Yeux (Alex Beaupain et Frédéric Lo)
13. T’oublier (Alexandre Chatelard)
14. Le Téléphone (Stéreo Total)