Pourtant, le ton se veut plus solennel et grave encore au sein des expositions organisées pour commémorer cet événement phare de notre histoire contemporaine. Quel discours adopté pour présenter le 11 septembre au public ? Faut-il céder au registre de l'émotion, du pathos, ou à défaut se tourner vers l'explication des faits ? Comment le musée doit-il se positionner dans ces différentes expositions ? Pari délicat pour l'institution muséale, tant le recul historique est réduit, tant les initiatives semblent se tourner vers l'hommage.
Dans les musées américains, le discours se veut solennel. Aux quatre coins du pays, des expositions rassemblent des objets retrouvés sous les décombres, telle la présentation des découvertes d'une archéologie de guerre. Etonnamment en ces moments de panique, les musées américains comme le New-York Tate Museum ont mené en coulisses une véritable politique patrimoniale en collectant dès les premiers jours sous les yeux figilants du FBI certains objets ensevelis pour les conserver, les inventorier et les muséaliser. Au muséum de l'histoire américaine, ce sont les appareils électroniques qui sont actuellement à l'honneur, souligne L'informaticien.com : "On peut y voir plusieurs ordinateurs portables endommagés provenant du site du Pentagone, ainsi qu'un BlackBerry et qu'une calculatrice de poche sévèrement déformée. Mais aussi les beepers de plusieurs employés des deux tours. Parmi ces objets, un mobile Ericsson à clapet, ayant appartenu à Bob Boyle, et qui lui aurait sauvé la vie. l'homme n'arrivait en effet pas à se connecter à son réseau à proximité du World Trade Center, il s'en est donc éloigné pour tenter d'avoir un meilleur signal. Le BlackBerry exposé appartenait quant à lui à un avocat dont les bureaux se situaient au 89 ème étage de la tour Nord. Il s'en est servi pour localiser ses 16 employés et s'assurer qu'ils soient en sécurité. Lui, en revanche, n'a pas survécu." Se recueillir devant ces objets, prendre conscience de la violence de l'attentat, rendre hommage aux victimes à travers ces fragments d'histoire(s), telle est la démarche proposée par le musée.
Déjà en 2008, le Mémorial de Caen avait relevé le défi de proposer une exposition sur le 11 septembre alliant analyse géopolitique et hommage aux victimes. Eternelle dualité entre Mémoire et Histoire dirait Rioux... Exposer le 11 septembre en 2011 au musée a tout l'air d'un exercice périlleux... Manque de recul historique, difficulté à quitter le registre de la mémoire collective, d'échapper à l'émotion pour l'explication.
Quoi qu'il en soit la création d'un musée sur les attentats est déjà attendue à New York pour l'automne 2012 à côté du Mémorial récemment inauguré. En attendant de découvrir son discours, un cybermusée nous fait patienter sur le net (http://timeline.national911memorial.org/)...