On reconnaîtra bien volontiers un soupçon de mauvaise foi dans le titre de cette chronique. Car, après tout, Marc Lièvremont est resté fidèle à sa ligne de conduite en composant pour le prochain match de l'équipe de France un groupe chamboulé par rapport à celui qui a affronté le Japon samedi dernier.
Donc, on ne prend pas les mêmes. Mais on recommence ? A jouer de manière approximative, sans fond de jeu, sans cohésion voire, pire, sans cohérence ?
On peut en effet craindre que la rencontre qui se déroulera à Napier ressemble fort à celle de North harbour, tant cette nouvelle nouvelle formule n'affiche que peu de vécu devant. Et en rugby, tout commence précisément à cet endroit. On arguera que William Servat a besoin de temps de jeu. Certes, mais Dimitri Szarzewski également. Or il ne figure même pas dans le groupe. Marc Lièvremont fait donc plaisir à Guilhem Guirado en lui permettant de s'asseoir sur le banc alors que ses performances en bleu ne lui valaient peut-être pas cet honneur.
Et si on se réjouit pour eux de voir les trois copains Montpelliérains disputer ensemble un match de coupe du monde, il n'est pas certain par ailleurs que l'association de Fulgence Ouedraogo et Julien Bonnaire soit la mieux adaptée pour répondre aux problématiques que posera le lourd et rugueux pack Canadien. A moins, évidemment, que le staff tricolore ne mise sur la vitesse de la troisième ligne, combinée à celle des lignes arrières, pour destabiliser les Canucks. A condition, évidemment, de ne pas tomber les ballons comme ce fut le cas la semaine passée.
La recomposition de la charnière Parra - Trinh-Duc ne souffre pas de discussion, dès lors que la piètre performance de Dimitri Yachivili face au Japon plaidait pour qu'il rejoigne le banc, et que David Skréla soigne une épaule douloureuse après un passage à la fois éclair et à vide samedi dernier.
Le retour de Maxime Mermoz suscite un certain espoir (tant ce joueur est talentueux) et une crainte certaine (tant ce joueur est fragile). Si on veut bien croire que les automatismes avec David Marty présentent des avantages, il est quand même assez étonnant de constater que Marc Lièvremont exile à l'aile Aurélien Rougerie qui n'y joue plus depuis plusieurs mois, et ce alors qu'il en a fait son choix préférentiel en deuxième centre. Comprenne qui pourra.
Enfin, on note le retour à l'arrière de Damien Traille, le polyvalent trois-quart qui navigue entre les postes au gré des hésitations du sélectionneur. Le coup de pied du Biarrot est-il encore un critère pertinent pour l'aligner en 15 ? En attaque comme en défense, il ne semble pas présenter les mêmes atouts qu'un Maxime Médard voire d'un Cédric Heymans (qu'on n'a pas trouvé si mauvais que cela samedi dernier).
Il faut espérer que la cabane au Canada ne tombera pas sur le chien et que les tigres de Napier alignés par Marc Lièvremont parviendront à déchirer le rideau défensif des Canucks. Mais surtout, on croise les doigts pour qu'enfin le sélectionneur se décide en suivant à dégager un "22 type" pour la suite de la compétition.
Le XV de départ : Traille - Clerc, Marty, Mermoz, Rougerie (Cap.) - Trinh-Duc (o), Parra (m) - Ouedraogo, Picamoles, Bonnaire - Millo-Chluski, Papé - Ducalcon, Servat, Poux
Remplaçants : Guirado, Barcella, Pierre, Harinordoquy, Yachvili, Estebanez, Médard