L'école des loisirs
414 pages
Résumé:
Pendant longtemps, Ari a cru que son père, Raphael Montero, était végétarien et souffrait d’une maladie de peau. Pendant des années, elle a trouvé normal de passer ses journées cloîtrée dans un manoir, avec des milliers de livres. Il a suffi d’une soirée, la première de sa vie dans une famille ordinaire, avec des ados de son âge, des flots de couleurs, de sons, d’odeurs et une télé branchée sur un film de vampires… pour qu’Ari comprenne qu’on lui avait menti. Et si son père, beau comme un prince gothique, n’était pas un simple mortel, s’il appartenait à un autre monde ? Elle est prête à le découvrir, au péril de sa vie... et de son âme.
Mon commentaire:
Ari vit seule avec son père. Sa mère a disparu quelques minutes après sa naissance. Ari pose des questions auxquelles personne ne veut répondre. Enfermée dans un grand manoir victorien, la jeune fille est scolarisée à la maison. Elle a une vie protégée, faite de solitude. Ses lectures lui ouvrent la porte sur un monde qu'elle ne connaît pas. Elle n'a aucun expérience du monde qui l'entoure et ne sait rien de l'extérieur, des ordinateurs, des boutiques, de la mode, de la musique rock, des couleurs, du vélo et du cinéma. Le jour où elle goûte à tout cela par l'entremise d'une de leurs domestiques, Ari se sent submergée. Elle se fait des amis et même un petit copain. Sa vie prend une tournure bien différente.
Avec ce roman, Susan Hubbard aborde le mythe du vampire d'une toute autre façon. Point de chasse nocturne ou de scènes sanglantes. Ici, le vampire est beaucoup plus cérébral que charnel et c'est principalement ce que j'ai aimé. Je ne raffole pas des vampires en général et pour venir me chercher, le livre doit être différent. J'ai donc beaucoup aimé le traitement qu'en fait Susan Hubbard. Je crois que son roman (qui est le premier d'une trilogie) peut justement attirer les lecteurs qui ne sont pas férus de vampires. C'est un roman qui parle d'abord et avant tout de l'adolescence et de la différence. Un roman très humain, ce qui est paradoxal puisque la plupart des personnages sont des vampires. Toutefois, la façon dont on parle d'eux, dans le roman, est amenée par l'entremise des recherches qu'effectue Ari. Le roman regorge d'informations de toutes sortes, de la synesthésie en passant par le mode de vie des vampires.
Les personnages du roman font preuve d'une grande érudition. Ari reçoit une éducation classique. Elle a l'habitude de converser et de disserter avec son père sur différents sujets. La bibliothèque de leur majestueuse maison est remplie d'ouvrages les plus variés. Les personnages discutent de littérature, s'intéressent aux sciences et à la médecine. On aborde Shelley, Thoreau, Dickens. Le père de Ari est un grand fan d'Edgar Allan Poe et fait même parti de la société créée en son honneur. Plus tard dans le roman, Ari se découvrira d'autres intérêts en dehors des études.
Le roman est construit en trois parties. La première nous raconte l'enfance d'Ari, sa jeunesse avec son père, son éducation et la découverte de ce qu'est réellement sa famille. Elle découvre une autre famille, plus normale, commence à sortir de sa coquille et à socialiser. Un drame terrible secouera tout son petit monde. La seconde partie est une confrontation entre elle et ce qu'elle est. Elle décide de partir à la recherche de sa mère, dont elle ne sait pratiquement rien. Son voyage est en quelque sorte une étape charnière dans sa vie, une sorte de road trip qui l'amène à reconsidérer certaines choses. La dernière partie met en lumière certains secrets de famille. Il y aurait beaucoup à dire sur ce roman. Le seul détail qui ne m'a pas plu, c'est lorsque la narratrice de l'histoire, Ari, interpelle directement le lecteur. Je trouve que c'est assez étrange dans le contexte et que ça sonne un peu faux. Toutefois, ce n'est pas vraiment irritant, juste bizarre.
La société des S est un roman d'apprentissage, où Ari recherche ses racines et une raison à sa vie. C'est un roman particulier, où l'érudition est importante dans les différents sujets abordés et où l'action prime moins que la réflexion. J'ai beaucoup aimé et j'ai très hâte de lire la suite!
Un extrait:
"Un jour que je m'ennuyais, comme cela m'arrivait souvent, mon père me conseilla de tenir un journal. D'après lui, on pouvait prendre plaisir au récit d'une vie monotone, à condition que l'auteur ait porté suffisamment d'attention aux détails. Il sortit de son bureau un épais carnet à la reliure bleue, et prit sur une étagère un exemplaire de Walden, de Thoreau. Puis il me les tendit. C'est ainsi que je commençais à écrire." p.20