(Suite, à lire de préférence dans l'ordre des chapitres, voir plus bas)
Une fois constatée que la densité absolue de l'espace était une condition nécessaire à la vitesse élevée de propagation des ondes électromagnétique nous retrouvons la contradiction entre cette densité et la fluidité constatée du mouvement en son sein. Comment expliquer que l'espace ne semble pas opposer une résistance à laquelle on s'attendrait pour une substance totalement homogène ? Mais, n'y a-t-il pas de résistance, est-ce que fondamentalement un mouvement est possible sans qu’on y rencontre une résistance à celui-ci ?
S'il ne se rencontrait pas une résistance au déplacement (hors l'attraction entre les corps) il ne " coûterait " rien de se mouvoir et nous retrouverions le problème des vitesses infinies. Si un tel mouvement était possible, si un espace vide sans substance était concevable, aucune énergie ne serait requise pour passer d'un lieu à un autre et les notions de distance et de discontinuité perdraient toute signification : la matière serait totalement homogène et il n'y aurait même pas d'espace comme cadre pour accueillir cette matière absolument dense. Il faut bien que quelque chose sépare les corps, que les propriétés de l'espace interviennent dans la définition même du caractère discontinu de la matière. Il est nécessaire que l'espace lui-même comme cadre soit doté d'une certaine inertie et donc d'une substance qui va "retenir" le mouvement et l’empêcher d'être immédiatement infini.
Et en effet, nous retrouvons la question de l'origine d'une vitesse limite et d'une cause physique qui interdit aux corps d'atteindre une vitesse infinie. La résistance qui interdit l’illimitée de la vitesse ne peut avoir pour cause une inertie interne à la particule telle qu'elle augmenterait sa masse en proportion de celle de son mouvement. Il faut donc une cause externe et celle-ci est la résistance opposée par la substance de l'espace à tout mouvement en son sein.
Si nous changions l'interprétation de l’équation de Lorentz, nous pouvons alors dire que la résistance croît comme le carré de la vitesse v de ce corps rapporté sur le carré de la vitesse de la lumière. Nous constatons que cette résistance est quasi nulle aux vitesses non relativistes. Par exemple, pour une vitesse de 3.000 km seconde la correction relativiste est de l'ordre de 1.00005; Par conséquent la résistance de l'espace est insignifiante même à cette vitesse relativement élevée si elle s'appliquait à des objets macroscopiques.
Ainsi, il est possible de retourner les équations de la relativité pour prouver tout à la fois que l'espace détient le principe premier d'une inertie externe à la matière, que cette inertie est proportionnelle à la vitesse des corps qui se déplacent dans son sein, et que cette résistance est cependant insignifiante aux petites vitesses. La densité absolue de l'espace ne serait donc pas incompatible avec l’extrême fluidité de ce milieu qui autorise tous types de mouvement, de la position de repos (l’espace comme cadre et contenant des objets) à la vitesse limite C.
En restituant à ce milieu des qualités mécaniques inertielles, nous réintroduisons la physique relativiste dans la mécanique générale. Les modalités mathématiques d’expression de cette résistance étant strictement identiques dans leurs formes à celles qui traduisent la résistance au déplacement d’un corps dans un milieu matériel. La résistance croît comme le carré de la vitesse et tend vers une valeur limite qui est bien sûr celle de la lumière.
En définitive, l'espace doit posséder la double propriétés de densité et de fluidité pour permettre le mouvement en opposant une nécessaire inertie, afin de pouvoir fonder une mécanique générale sur des bases assurées. Mais puisqu'il s'agit d'une substance «autre», nous ne pouvons la concevoir à partir des caractéristiques de la matière, ni l'en distinguer radicalement car il faut bien supposer des propriétés communes. Il devra s'agir de deux états d'un même être commun sur la base duquel s'opère leur différence: un changement d'état ne sera pas un changement dans la nature propre du constituant. Si la substance de l'espace est dotée de cette propriété contradictoire, c'est bien ce qui la distingue de la matière.
On est amené à conclure que l'espace existe comme espace pour autant qu'il se constitue en substance. Il faut bien comprendre qu'un espace vide de substance n'a aucun sens puisqu’il n'y aurait pas de cadre pour accueillir le mouvement : « il » serait pur néant, rien absolu. Car pour pouvoir s'enfoncer dans le néant, encore faut-il un "lieu " où les choses puissent s'abîmer. Lorsque l'espace s'ouvre, il doit obligatoirement se donner comme substance. Cette substance n'occupe pas l'espace - ce qui différencierait contenu et contenant - mais il est cette unité originelle d'un contenant qui se contient lui-même.