Du 15 septembre au 31 décembre 2011
Une terrible beauté est née: Les artistes
Le Projet : Le mot de Thierry Raspail
Le titre de la prochaine Biennale de Lyon, Une terrible beauté est née, est extrait du poème Pâques 1916 de W.B. Yeats. Composé en septembre de cette année-là, il porte sur l’insurrection de centaines de rebelles revendiquant la libération de l’Irlande par l’occupant britannique. Au premier abord, le poème se lirait comme l’éloge des martyres qui ont donné leur vie pour la cause indépendantiste. Mais en regardant de plus près, il devient clair que le poète est dans la perplexité et le doute. Indécis, le poème navigue entre affirmation, questionnement et négation. Il est fondamentalement en guerre contre lui-même.
Ainsi, le titre de la Biennale est davantage un outil méthodologique qu’une thématique. Il interroge la force du paradoxe, la contradiction, la tension et l’ambivalence, et questionne l’état d’urgence actuel du monde et des arts. Organisée autour de plusieurs parcours, l’exposition engage à réfléchir sur la densité du présent, sur le pouvoir de l’imaginaire, du visionnaire et de l’hallucinatoire.
Comme le souligne l’écrivain Carlos Gamerro dans son essai du catalogue, “Yeats s’est situé dans le Premier Monde et dans le Troisième, au centre et à la périphérie, il a regardé le présent depuis le passé, et inversement ; et depuis ces deux points de vue, il a regardé l’avenir. Il s’est placé tout en haut de la montagne, regardant la Terre en flammes mais aussi les bas-fonds de la société, avec les idiots et les fous, à l’image de ses poèmes mettant en scène Crazy Jane. Vivant, il a regardé la mort, mais il a aussi cherché à regarder la vie en homme mort, en s’adressant au passant qui s’arrête devant sa tombe : “Portez un regard froid / Sur la vie, sur la mort. / Cavalier, circulez !” (extrait du poème “Under Ben Bulben”). A de nombreuses reprises, il s’est efforcé en vain de tenir le point de vue de Dieu sur les efforts et échecs humains, regard grâce auquel toute contradiction se résout et toute souffrance s’explique ; et autant de fois, pris par le désespoir ou le dégoût, il est descendu de ce perchoir illusoire, avant de tenter une nouvelle remontée.”
La 11ème Biennale de Lyon accueillera une soixantaine d’artistes sur les 14 000 m2 que comptent ses quatre lieux d’exposition : la Sucrière, la Fondation Bullukian, le Musée de l’art contemporain de Lyon, et l’usine T.A.S.E. Son catalogue sera édité par les Presses du Réel.