MAL-AIMÉE: reine Léonie, roi Marius, NOUS VOUS PRÊTONS ALLÉGEANCE!

Publié le 13 septembre 2011 par Stev
Alors que Anna.W et son armée de jeunes designers d'avant-garde sortis de derrière les fagots sont en de train de positionner New York comme nouvelle ville incontournable de la jeune génération, la vieille Europe patauge dans son mélodrame de directeur artistique jouant aux chaises musicales. C'était sans compter sur le fait que certains, même à armes inégales, ne se laisseraient pas faire. La résistance s'organise et commence à émerger avec ou sans l'aide du circuit classique:  Jacquemus réinvente l'uniforme sauce ouvrière en grève, les rigolos du cimetière de chez Dévastée nous réapprennent à aimer le noir autant que le morbide. On sent que la machine grippe un peu, mais c'est comme la sodomie : au bout d'un moment, à force, ça passe… Ils arrivent à se mettre sur la place. La presse reste frileuse mais la cliente modasse suit, permet la survie, c'est déjà ça. En ligne de front, on a un vaillant capitaine Lespagnard qui commence à s'envoler, à force de combat, vers une reconnaissance certaine (cf. Habillé pour l'hiver 2011-12 - Mademoiselle Agnès et Loïc Prigent).Léonie Hostettler et Marius Borgeaud sont les MAL-AIMÉE.
Mais ce qu'il nous fallait VRAIMENT pour rivaliser avec le réseau développé par les Américains qui, avouons-le, sont largement en avance sur nous sur ce coup-là, c'est un amiral de guerre, une « grosse Berta » de la création… Mal-aimée est la proue de ce bateau rempli d'insolence créatrice. Le duo (encore un) est surprenant : lui a le charme des timides nonchalants et complètement décalés, elle a le visage mutin des poupées et les courbes rétro d'une pin-up des années 50. Un mélange détonnant qui doit certainement jouer sur leur système créatif et par conséquent sur leurs collections. Parce que finalement, il est bien là, le truc : leurs vêtements sont à se damner.On les met dans la même carlingue que Jacquemus parce qu'ils inventent une nouvelle épure, comme on les compare à ceux de Dévastée qui sont des dieux pour créer un univers signature mais les Mal-Aimée inventent carrément un style. Ce n'est pas rien. Ça fait penser à ce qu'on aurait pu dire des Proenza Schouler à l'époque où ils ont commencé. Pas dans les silhouettes ou dans la construction esthétique, évidemment, mais plutôt dans la façon dont on peut les percevoir : purs, novateurs et frais. La démarche créative est tellement différente de ce qu'on avait vu avant. Depuis quand il n'y avait pas eu ça à Paris ? On le répète, il y en a d'autres mais on sent l'influence du passé chez Vacarello ou Simoëns. Ici, alors que beaucoup insiste sur le fait que ce sont d’anciens collaborateurs de Theyskens chez Nina Ricci, il n'en reste pas moins (on est désolés) que l'approche est foutrement bandante sans pourtant être du réinventé ou du coupé-copié-collé. C'est ça qui est bon, c'est que ça sort de nulle part pour t'éblouir la gueule. Jamais on aurait pu imaginer, qu'il soit possible d' allier des éléments un peu sporty à de l'ultra couture (oui!oui!) tout en restant très très très urbain et surtout portable. Bon, on ira peut-être pas au « Monop » en Mal-Aimée, faut pas pousser non plus, mais quand même… Si un jour on devient les assistantes de Carine.R, les nouvelles Isabella Blow ou même simplement des filles qui ont beaucoup de fric (ça reste encore le problème parce que ça ne doit pas être donné non plus), pas de soucis, on prête allégeance. D'ailleurs on va pouvoir cambrioler papa Noël ou simplement faire exploser la carte de crédit car leurs silhouettes sera enfin disponible pour tous à partir de la troisième collection et ça, ça glace le sang de notre banquier autant que notre placard hurle à la joie.  Le traitement des couleurs est absolument génial, elles sont à la fois claires mais parsemées de sombre, comme si ils avaient carrément créer leur propre palette. Les coupes sont jeunes et délirantes mais dans une certaine mesure qui reste abordable pour tous, sans parler des imprimés qui expriment un certain luxe docile. Après, ce n'est qu'affaire de découpe et de volumes subtilement répartis sur une garde-robe nette et efficace pour toutes les occasions (cette phrase fait très téléshopping, vous ne trouvez pas ?).On envoie nos meilleures amies à l'hôpital s’il le faut pour la veste épaulée corail, on vend nos mères au réseau de traite des blanches en Russie pour pouvoir s'offrir une chemise en soie lacérée, interprétée, imprégnée d'une attitude sexy, sans parler de l'improbable pantalon-col qui rend fou de désir rien qu'à le regarder. On n'évoque pas les micro-robes architecturées ou les body coutures avec lesquels ils ont l'air d'adorer jouer, on va avoir le gros des troupes qui va tourner de l'oeil tellement c'est indécent de beauté. Au fait, qui s'occupe du prix de l'ANDAM ? Ouvrez les yeux, bordel ! Mal-Aimée est un véritable coup de foudre, ils symbolisent sans aucun doute l'espoir d'une nouvelle mode sans concession au style novateur autant que prometteur. Nous prêtons allégeance. Quand on voit ça, pourquoi vouloir aller remplir les poches des enculés du marketing ? Ironique que Mal-aimée soit plus qu'idolâtrée. Bien à vous.