Après bien des atermoiements, Martine Aubry vient de se prononcer sans ambiguïté pour la sortie progressive du nucléaire dans une tribune publiée aujourd'hui dans Libération. Mais sans fixer de date butoir. Extraits.
"... Le recours massif au nucléaire était censé garantir notre indépendance ; mais celle-ci est toute relative, nos importations d'énergies fossiles s'élevant à 70 milliards d'euros par an, soit l'équivalent de notre déficit commercial. L'atome était présenté comme "propre" et sans danger ; cependant, aucune solution durablement satisfaisante n'a vraiment fait ses preuves pour le stockage des déchets et la confiance dans la maîtrise du risque a été encore fragilisée après l'accident de Fukushima. Nos nombreux réacteurs ont certes produit une électricité bon marché ; mais cette abondance a aussi eu des conséquences économiques néfastes (surproduction, surconsommation et gaspillage). Enfin, l'excellence de notre filière nucléaire devait soutenir les exportations ; aujourd'hui, les doutes planétaires sur cette énergie affectent le carnet de commandes. J'en conclus qu'en l'état actuel de nos connaissances, le nucléaire doit être considéré comme une énergie de transition, et non comme une énergie d'avenir.
C'est pourquoi je propose d'engager la France dans une sortie progressive mais effective du nucléaire. Je veux voir naître la génération de l'après nucléaire. Ce cap étant fixé, le processus devra être transparent. Chaque étape sera l'objet d'un débat ouvert. Une commission d'experts, intégrant la diversité des points de vue, préparera un livre blanc auquel s'adosseront, dans chaque région, des concertations qui se concluront par une loi d'orientation de la politique énergétique avant l'été 2013. Avant même que la question du prolongement de la durée des centrales ayant atteint 30 ans ne soit débattue, il faudra fermer celle de Fessenheim qui est exposée à des risques spécifiques... ".
Voilà c'est dit. Martine Aubry candidate à la primaire socialiste vient donc ainsi de clarifier sa position. Le jour même où est survenu un accident dans le site nucléaire de Marcoule... Et ça tombe bien.
Mais elle ne fixe aucune date butoir comme l'a fait la Chancelière allemande Angela Merkel. Et ça change tout. Alors on peut craindre que sous sa gouvernance, de commissions en livres blancs, la sortie du nucléaire ne mette bien du temps à entrer en application.
Hervé de Malières