LE retour au « son » Not Not Fun. Loin des édulcorants disco déviant que la communication du label met en avant, Robedoor commence son album avec un morceau de 22 minutes qui fixe le cap. J’imagine que le titre du track est à double portée. Flottements bien calculés et basculement doom composent ce mélange certifié qui s’élève bien plus haut que la piteuse cassette du même groupe sortie peu avant chez Night People.
La reformation de Black Sabbath ne sert à rien. Les rip-off se multiplient tous les ans. Un rip-off espagnol, c’est un peu plus rare. Un rip-off espagnol ayant sorti des albums sur Southern Lord, ça devient même crédible. Afin de coller aux exigences de ces chroniques dans lesquelles doit forcément apparaître une référence surannée, il est donc de bon ton de parler de l’influence de Loren Connors et de ses Nocturnes sur l’introduction de l’album. Le reste est classique : riffs power chords, voix chevrotante et envie de brûler de la terre.
Le renouvellement du catalogue de Thrill Jockey attire les têtes de gondoles indie de niche : Liturgy, Barn Howl et Wooden Shijps, pour ne citer qu’eux. Il en ressort des albums toujours ambitieux, parfois prétentieux. Comecrudos se situe plutôt dans la première catégorie. Calqué sur les divagations bourdonnantes d’une scène drone amatrice de riffs folk mélancoliques, Pontiak est surement moins décousu qu’un Grails. Les lignes de chant sont par contre un peu hésitantes, on aurait préféré un album instrumental.
Digitalis Limited fait tout bien – rien d’étonnant à ce que Felicia Atkinson produise ses meilleurs morceaux pour leur compte. L’usage massif d’électronique y est peut-être aussi pour quelque chose pour ceux qui comme moi trouvaient que l’ambiant joué par la Franco-Belge manquait un tant soit peu de textures.
On a voulu y croire. L’intérêt pour Rising Doom venait d’une transgression affichée : Mondkopf s’était mis au black metal et au post-punk (Tumblr à l’appui) et tout cela allait se traduire en « expérience mystique ». Visiblement, Mondkopf feint d’aller à la rencontre de ce qu’il poursuit. L’album ressemble à une interprétation premier degré d’un mythe adolescent, à une spécialisation à l’extrême d’une musique qui ,ayant promis « quelque chose », devient un parcours fléché vers la déception.
William Burnett aka Grackle aka Speculator se tourne vers la France pour nourrir le catalogue de son label WT Records. Clin d’oeil à Stockhausen, cet EP sent bon l’isolation intellectuelle et physique des lieux de fêtes parisiens. Un peu moins flippés que Staccato Du Mal et un peu moins cucul que Twice A Man, les 6 titres s’écoutent tranquillement. Le mix général a un peu l’odeur des produits de beauté Ableton. Examen de passage réussi pour un premier EP.
Vous avez là entre les mains la première sortie 100% Silk qui affiche un bitrate honorable. Ce type de house musique est évidement hyper balisé et beaucoup plus référencé que la précédente sortie de Sir Stephen chez WT Records (encore eux). Citer Innercity, 808 State ou encore Chris Barbosa ne choquera personne. Le revival house mené par des nerds venant de la scène noise rock (Ital, Magic Touch…)…je serais curieux de savoir comment Didier Lestrade analyse ça…
Un rapide mot sur les deux rééditions proposées par le label Desire. Déterrés du back catalogue de 4AD, ces deux groupes ont le crédit accordé aux nombreux projets anonymes des années 80 dépositaires de la sémantique post-punk. Mass rappellera d’ailleurs ô combien cette musique peut être grandiloquente sans mobiliser trop de moyens. Desire 1- Discogs 0.
Une fois n’est pas coutume, le chart de rentrée est mixé.
Orthodox – Alto Padre
Pontiak – Part II
Mass – Why
In Camera – Fragments Of Fear
Robedoor – Afterburners
Je Suis Le Petit Chevalier – Woodstock Handmade Houses
Momentform – Cards
Sir Stephen – Ny Boogie