Le Wall Street Journal vient confirmer ce projet en déclarant que les équipes d’Amazon négocient actuellement avec plusieurs majors américains de l’édition. La firme de Seattle souhaiterait proposer à ses clients réguliers ayant souscrit à la formule Amazon Prime (79$ an) un catalogue d’ebook de plusieurs milliers de titres, accessible depuis le web, une application ou un Kindle (qui serait gratuit par la même occasion?). Chaque éditeur percevrait ainsi un pourcentage sur l’abonnement au service Prime. En revanche, les ebooks proposés ne seront pas les derniers bestsellers du New York Times, mais des titres amortis et issus de leur fond de catalogue.
Amazon reprend à l’identique le modèle mis en place pour le Prime Instant Video même si ce dernier commence à s’enrichir des dernières séries TV à succès. Si le futur service Kindle Prime rencontre son public, rien n’empêcherait les éditeurs de proposer leurs dernières nouveautés dans cette offre d’abonnement.
Cependant, le quotidien économique américain rapporte les réticences des éditeurs à proposer une telle offre. L’inquiétude principale se porte sur la perception de la valeur d’un ebook. En effet, en reléguant le livre à un contenu accessible gratuitement, les maisons se demandent si leur clientèle daignera continuer à payer 15 $ ou 9,99 $ pour un ebook. Le bouton “Acheter” est-il en voie de disparition? Même si à court terme les conséquences ne seront pas perceptibles, cela rappelle aux éditeurs que le modèle économique sur lequel leur secteur est fondé à toutes les chances d’être remis en question. Le passage à un modèle d’abonnement serait destructeur de valeur, à moyen terme, pour de nombreuses maisons.
Face à de telles réserves, le Wall Street Journal n’a pas réussi à obtenir plus d’informations sur l’avancée des discussions entre Amazon et les majors. Est-ce que la peur qu’une telle offre soit destructrice de valeur a été surmontée? Pour remédier à cela, un surplus sur l’abonnement Amazon Prime pourrait calmer les réticences et ouvrir ainsi le catalogue d’ebooks aux clients qui s’avéreront être de vrais lecteurs.
Pourtant, la fermeture des catalogues aux offres d’abonnement, qui pourtant maximisent les accès aux contenus, pourrait être bien plus destructeur de valeur pour les éditeurs. Faut-il mieux qu’un ebook soit présent sur une plateforme de diffusion et acheté quelques dizaines de fois ou bien lu, grâce à un accès en streaming, à plusieurs centaines de reprises, même partiellement ? Du point de vue de l’éditeur, c’est le dilemme de la rémunération à la page vue face à celle de l’oeuvre-objet. Une fois de plus, l’auteur n’a pas son mot à dire dans la mise en place de tels dispositifs.