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Quelques réflexions…

Par Ananda

Faire des choix, c’est tailler, trancher dans le buisson touffu des possibles. C’est, en un certain sens, renoncer, se mutiler, s’amoindrir.

Mais la pression de la vie est là, qui nous modèle, nous élague.

Le drame de l’Homme est peut-être que son empathie excessive le pousse vers un désir pathétique de relation – voire de fusion – avec tout ce qui l’entoure, alors que son corps, sa carcasse, ses caractéristiques mentales font de lui, clairement, un être séparé, un individu distinct, unique, incarcéré dans ses propres limites spatio-temporelles.

L’envie est fille de la mesquinerie et mère de la médiocrité.

Comme elle se sait infiniment petite, elle appelle souvent à la rescousse la mauvaise foi, elle sait se parer d’arguments, de justifications qui, quelquefois, la dissimulent si bien qu’ils finissent par la convaincre de son bon droit, de sa justesse, voire de sa noblesse.

L’une des plus grandes découvertes des scientifiques contemporains aura été celle qu’entre l’Homme et l’animal la différence, l’écart n’est pas une question d’essence, mais juste une question de degré.

On peut parfaitement être rationaliste et mystique.

Tout être humain est, je le pense, virtuellement capable de se sentir concerné par n’importe quelle culture humaine.

Le mimétisme et l’empathie humains le lui permettent.

Les mots peuvent, certes, s’approcher de l’épaisseur du réel.

Toutefois, il leur manquera toujours un je ne sais quoi dont l’absence les empêchera de la saisir à pleins bras, de la faire leur.

On pourrait dire que l’Homme occidental souffre d’un cancer du moi.

C’est la pensée qui creuse la distance entre le réel et nous. C’est elle qui nous éloigne de son côté brut, compact, légitime.

Sans doute suffit-il au réel d’être, sans autre explication. Sans doute sa légitimité s’ancre-t-elle dans sa seule présence.

Mais la pensée lui oppose une autre forme d’être, de réel.

Pensées et paroles n’ont pas de corps, presque pas de matérialité.

Spontanément, la pensée tend à mettre en cause le réel.

Or, si la pensée est, comme on le sait, incluse dans le réel, ne pourrait-on pas, à ce compte, imaginer que ce dernier soit lui-même inclus dans un autre ensemble contenant, d’une autre nature, aux yeux duquel il pourrait, lui aussi, apparaître irréel ?

La pauvreté

Dans les riches cités, les florissants pays

où l'on n'a qu'un souci : profiter, se gaver

les gens n'ont plus en bouche que le mot "bonheur"

et la pauvreté, par les terribles visions

qu'elle assène,

est plus obscène

que les corps nus

photographiés en sordide copulation;

en sus du poids des haillons qu'elle doit porter

on lui ajoute un nouveau vêtement : l'opprobre

*

Moi, je me demande où s'ancre l'obscénité :

dans l'ombre qu'elle projette sur nos plaisirs

ou dans notre répugnance à la prendre en compte !

P. Laranco


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