Une autopsie de quelques manipulations médiatiques à la suite des toxi-infections par Escherichia coli O104 : H4.
Par Wackes Seppi
Les récentes toxi-infections à la souche O104 : H4 d’Escherichia coli, véhiculée par des graines germées « bio », ont porté un coup grave à la filière légumière, et singulièrement à la filière « conventionnelle ». Elles ont aussi écorné l’article de foi fondamental de l’agriculture biologique en France : les produits bios, a-t-on subitement « découvert », ne sont pas forcément sains et meilleurs pour la santé que les produits dits, par défaut, conventionnels.
(Illustration René Le Honzec)
La vérité n’a été divulguée que sotto voce ; c’est en effet avec une étonnante retenue que quelques médias français ont annoncé la nature « bio » des produits suspectés, concombres d’abord, graines germées ensuite. M. Alain Cohen-Dumouchel n’a pas hésité à utiliser « blackout » le 31 mai 2011 pour caractériser cette situation, en pointant du doigt une compromission des journalistes dans la promotion de l’agriculture biologique, au détriment de l’information [1] :
On est en droit de se demander si ce déni d’information n’est pas la conséquence de l’implication outrancière de ces médias dans la promotion de l’agriculture prétendument “biologique”. Les fabricants d’opinion craignent probablement de se déjuger en admettant que la filière bio n’est pas si saine, après lui avoir fait une publicité démesurée.
Le 16 juin 2011, Marianne écrivait fort justement [2] :
On évite de le dire, ou alors on ne le dit que du bout des lèvres : l’épidémie Escherichia coli (plus vulgairement appelé colibacille) entérohémorragique, qui a fait 35 morts en Europe, vient d’une ferme d’agriculture… biologique, mais oui, du nord de la très vertueuse et sanitaire Allemagne : il ne faut pas semer le doute chez tous ceux qui achètent « bio », c’est-à-dire beaucoup plus cher, persuadés que « c’est mieux pour leur santé » : évitons de compromettre le business du « bio ».
Mais c’en était déjà trop pour les ayatollahs de l’écologisme. Il y avait sacrilège. Faute de blasphémateur clairement identifié, il leur fallut cependant renoncer à une lapidation médiatique et se contenter de contre-feux. Et attention ! Chaud devant !
Mme Marie-Monique Robin (28 juin 2011)
On vit donc une journaliste, se prétendant d’investigation [3], du nom de Marie-Monique Robin produire, sur le blog aimablement mis à sa disposition (sur nos deniers) par Arte, un billet désignant l’élevage intensif comme coupable [4].
Pour se faire, elle pompa outrageusement, non pas un article, mais une tribune d’un certain Nicholas Kristof, un diplômé en droit – ce qui donne à celui-ci toute compétence pour écrire sur l’alimentation. Le billet de Mme Robin était saupoudré de liens internet pour faire plus sérieux et documenté, mais, là encore, c’était exclusivement et sans discernement ceux de M. Kristof.
Comme le rappelle cet article du New York Times, qui est, comme chacun sait, un journal activiste radical (!!), la bactérie E Coli est surtout connue pour proliférer dans les élevages intensifs où on use et abuse d’antibiotiques.
Petit problème pour Mme Marie-Monique Robin, l’auteur de cette condamnation sans appel : ce monsieur Kristof avait écrit le 11 juin 2011 sur… Staphylococcus aureus.
Autre petit problème : E. coli est une bactérie de la microflore commensale intestinale des animaux à sang chaud, y compris l’Homme. C’est donc une évidence que d’écrire qu’elle est « bien connue des élevages intensifs » et, partant, une manipulation grossière [5].
M. Noël Mamère (27 juin 2011)
Même technique de la diversion, en bien plus fumeux, pour le maire de Bègles et député Noël Mamère [6]. Pour rappel : Bègles a été le foyer d’une contamination par E. coli, à nouveau par l’intermédiaire de graines germées, dans le cadre d’une kermesse de fin d’année au centre de loisirs de la petite enfance de Bègles.
Une très ennuyeuse question de responsabilité est susceptible de se poser à la mairie de Bègles en fonction de l’identité des personnes qui ont produit les graines germées, du cadre dans lequel la production a eu lieu et des conditions sanitaires de l’opération (on a évoqué des employés municipaux, en tout cas pour l’achat des graines). Il fallait donc, préventivement, et revêtir un imperméable, et ouvrir un parapluie, et, ainsi équipé, s’abriter sous un toit. M. Mamère évoqua dès lors, pêle-mêle, la « maladie du hamburger », Jardiland et Thompson&Morgan, « viande de bœuf (en particulier hachée), laits ou produits laitiers non pasteurisés, jus de pomme, légumes crus… » pour trouver un abri bien plus vaste : « Cela pose deux problèmes essentiels : d’abord celui de la traçabilité des aliments, ensuite – même si le cas qui nous concerne n’est pas directement lié – celui de l’agriculture industrielle. » Et de reprendre la litanie : l’ESB et la vache folle, la contamination des sols par le mode de production agricole « comme en Argentine où la production conventionnelle de soja a été imprégnée par les OGM ». Et plus encore. Dans le genre « C’est pas moi… », c’est fort.
MM. Anton Suwalki et Gil Rivière-Wekstein nous ont offert un décryptage [7].
Mme Herrade Nehlig (1er juillet 2011)
M. Suwalki en a fait de même pour Mme Herrade Nehlig, une illustre inconnue qui s’est taillée une belle notoriété en un temps, un mouvement [8]. Cette militante écologiste n’a pas hésité à se prévaloir « de l’Institut de Biologie Moléculaire des Plantes » (IBMP) de Strasbourg, alors qu’elle n’y occupe qu’un poste de technicienne, dans un courrier des lecteurs des Dernières Nouvelles d’Alsace [9].
C’était pour faire un amalgame grotesque entre E. coli et les OGM !
Un E. coli présenté pour l’occasion comme le vecteur du transfert de gènes, alors que tout lecteur de Science et Vie ou Ça m’intéresse sait que le véritable vecteur bactérien est Agrobacterium tumefaciens. Sa lettre était tellement inepte [10] que l’on doit s’interroger sur ses ressorts – ignorance ou malveillance –, ainsi que sur le sens de la responsabilité et de la déontologie journalistiques des DNA [11]. Il est du reste remarquable que les DNA aient publié le courriel de Mme Nehlig sans sourciller, mais se soient ensuite illustrées par une censure du courrier des lecteurs subséquent. On ne peut donc que souscrire à l’opinion de M. Anton Suwalki selon laquelle « il y a des idées « citoyennes » qui ne sauraient être critiquées dans ce journal » ; et dans d’autres.
Toujours est-il que la lettre a fait un début de propagation virale sur l’Internet, les as du copier-coller ayant, bien sûr, omis de préciser la source exacte, à savoir un courrier des lecteurs. Début seulement, la vigilance de M. Anton Suwalki et des aficionados d’Imposteurs ainsi que la demande de rectificatif de l’IBMP ayant permis de limiter les dégâts. Mais, rétrospectivement, on ne peut s’empêcher de penser que l’objet même de sa publication par les DNA était de fournir l’amorce de la propagation. Il n’y a pas d’autre explication plausible, hormis la stupidité crasse ; mais celle-ci semble invalidée par la censure des réactions à l’articulet par les DNA avant que n’intervînt la demande de l’IBMP [12].
La FNAB (fin mai 2011)
Fin mai 2011, on en était encore à l’hypothèse des concombres « bio » du Sud de l’Espagne. M. Dominique Marion, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France (FNAB), déclara à cette époque [13] :
En agriculture biologique, il n’est pas possible d’avoir une telle infection. D’une part, parce que le cahier des charges AB européen impose l’utilisation d’engrais certifiés par une norme européenne. Et d’autre part, en cas d’utilisation d’engrais de ferme, ceux-ci doivent être compostés ; cette étape tue les bactéries.
La foi dans la certification est fort étonnante. Les milieux bio appartiennent en effet à une mouvance qui n’a aucune estime pour la certification ou l’homologation des produits phytosanitaires, des OGM, etc. Il en est de même pour la confiance aveugle dans le compostage. Et, au-delà, M. Marion nous affirme implicitement que le monde merveilleux de la bio ne connaît ni l’incompétence, ni la malchance, ni la fraude. Le compostage faisant perdre de l’azote, facteur limitant en bio, aucun producteur bio n’est tenté d’utiliser un fumier frais, parole ! Puisqu’on vous dit qu’une telle crise sanitaire est impossible…
Le problème est en fait beaucoup plus grave : M. Marion a-t-il dit la vérité ? Selon notre lecture des textes officiels, les fumiers non compostés ne sont pas interdits [14], mais expressément autorisés (sauf ceux provenant d’élevages industriels) [15]. Par ailleurs, si les engrais utilisables en agriculture biologique doivent être autorisés, il n’y a pas de certification obligatoire.
L’AFP, ses relais et la FNAB (16 juin et 8 juillet 2011)
Le 16 juin 2011, beaucoup de points restaient encore obscurs. Mais on avait déjà fait le lien entre E. coli et les graines germées ; et le Gärtnerhof de Bienenbüttel en Basse-Saxe avait déjà – c’est-à-dire avec une remarquable célérité – été mis hors de cause [16]. Pourtant, des photos avaient été publiées [17] et des observateurs a priori avertis avaient remarqué, sur la base de ces photos, que les règles d’hygiène n’étaient pas respectées [18].
Ce 16 juin 2011, donc, la FNAB affirma que les cas d’intoxication par la bactérie relevaient d’une « crise sanitaire » et non « d’une crise de la production bio » [19]. Et elle ajouta :
Aucun lien formel ne peut être établi à ce jour entre les intoxications et le processus de production biologique. La réalisation de graines germées bio relève par ailleurs du (sic) processus de transformation, dont les spécifications sont distinctes des règles de production en agriculture biologique (notamment concernant le lien au sol). L’amalgame sur l’ensemble de la filière bio ne correspond à aucune réalité objective.
C’est factuel et exact, et cela mérite d’être souligné. Mais c’est aussi un texte du même style que ceux, émanant parfois de filières industrielles honnies par les milieux de l’écologisme et l’altermondialisme, qui déclenchent l’ire et les quolibets de ces milieux.
L’opinion fut diffusée par l’AFP et se retrouva, par exemple, dans Le Monde [20].
Le 8 juillet 2011, l’AFP diffusa un étrange article que Libération reprit sous le titre La Drôme, 1er département bio, ne traverse pas de crise de confiance [21]. Il était rapporté que, selon un sondage Ifop pour WWF réalisé mi-juin, 50% des Français n’accordaient pas leur confiance à l’appellation bio des produits alimentaires, soit 20 points de plus que trois ans auparavant. Selon l’article, la FNAB attribuait ce mauvais résultat à la crise sanitaire ; mais cette information était noyée dans le texte, l’AFP donnant la priorité à un cheval de bataille souvent enfourché dans les milieux «alter » : la théorie de la conspiration. M. Julien Adda, délégué général de la FNAB, était en effet cité en début d’article : « Il y a une tentative de déstabilisation de la filière bio, et nous attendons des soutiens publics ». Ceci dans un article selon lequel « la filière de l’agriculture biologique assure ne souffrir paradoxalement d’aucune baisse de ses ventes, comme l’atteste l’optimisme des producteurs de la Drôme, premier département bio de France ».
On ne s’étonnera donc pas que Libération ait décidé de ne pas ouvrir cet article aux commentaires. On pourra en revanche s’étonner qu’un responsable de la FNAB ait réclamé « des soutiens publics » pour une filière qui baigne dans l’optimisme, et ce, alors que Mme Nathalie Kosciusko-Morizet et M. Bruno Le Maire visitaient, le même jour, une ferme bio dans l’Essonne et annonçaient des mesures de soutien à la filière [22].
M. Marcel Kuntz vient d’écrire sur un autre sujet, les OGM [23] :
Constatons tout d’abord que les allégations du lobby écologiste sont toujours répercutées de manière zélée par l’AFP, qui, d’autre part, ignore régulièrement les communiqués de presse pro-OGM, comme ceux de l’AFBV. Qu’une poignée de journalistes, en position stratégique à l’AFP, aient droit de vie ou de mort sur des communiqués de presse, créant ainsi un obstacle insurmontable à l’expression pluraliste sur les biotechnologies vertes, n’est pas sans poser un réel problème de démocratie ».
Observation fort judicieuse qui s’applique ici aussi.
En effet, cet article de l’AFP ne relève pas vraiment de l’information, mais plutôt du publi-reportage.
Et encore ! On se frotte les yeux quand on lit : « L’Agence nationale de sécurité alimentaire a rappelé que la production biologique ne présente pas de risque de contamination supérieur à une production traditionnelle » [24]. Quelle agence ? Quand ? Source ? Le lecteur non averti croira à une déclaration d’une agence en relation avec la crise sanitaire alors en cours, alors que cette déclaration d’une agence mal désignée, si tant est qu’elle existât (voir ci-après), ne peut qu’être antérieure à ladite crise.
(Dessin de presse : René Le Honzec)
La FNAB et Générations futures
Le 16 juin 2011, M. Sylvestre Huet publia sur son blog un texte de MM. Francis-André Wollman et Jean-François Briat, directeurs de recherche au CNRS, dans lequel ceux-ci appelaient notamment à la sobriété et l’objectivité [25]. Leur fil conducteur : « Dans le débat public concernant les filières de production agricole, nous avons toujours plaidé pour une approche dépassionnée et raisonnée qui prennent pour première considération, le rapport risque/bénéfice de chaque modalité de production. » Mais ils soulignaient aussi les risques sanitaires du bio pour E. coli :
Déjà en 1996, le centre de contrôle des maladies infectieuses d’Atlanta avait dénombré 2471 cas d’infection par une souche pathogène d’E coli causant 250 décès. Un tiers de ces décès étaient dus à la consommation de produits issus de l’agriculture biologique alors qu’ils ne représentaient que 1% des aliments consommés aux États-Unis. Il est donc indéniable que les mérites de l’agriculture biologique s’accompagnent inévitablement de risques alimentaires spécifiques [...]
S’agissant de la première phrase, cette affirmation est, au mieux, de deuxième main et, en tout cas, en partie sujette à caution.
Lorsqu’elle a été lancée pour la première fois, l’assertion en cause a fait l’objet d’un superbe « homme de paille » sur la partie introductive, ce qui a permis aux tenants du bio et à d’autres, de contester la partie principale. L’auteur réel de l’affirmation sous-jacente est M. Dennis T. Avery [26]. Et la contestation a été, disons… vive.
M. Avery avait affirmé que, selon des données rassemblées par le U.S. Center for Disease Control (CDC), les consommateurs de produits bio et « naturels » avaient huit fois plus de risques que le reste de la population de contracter E. coli (O157: H7). La contestation a attribué la paternité de l’affirmation au CDC [27], ce qui leur a permis de démentir, en apparence, le tout. Le CDC y a même contribué par un faux démenti. Faux, parce qu’il niait avoir procédé à une étude comparative des risques spécifiques d’infection par E. coli O157 : H7 ; ce qui ne signifiait nullement qu’il n’avait pas produit de données statistiques permettant une telle étude et donc l’affirmation de M. Avery. Or, dans une réfutation, M. Avery affirme bien que son article a été fondé sur des données trouvées dans un document du CDC [28].
Ceci ne nous avance pas vraiment sur la question de savoir si les affirmations de M. Avery quant au fond sont exactes, et si sa constatation pour 1996 est représentative de la situation générale. Or il est difficile de nier que les risques sanitaires liés à des bactéries fécales augmentent avec la fertilisation organique et que, l’agriculture biologique étant interdite de fertilisants « chimiques », elle est particulièrement et davantage exposée à un risque de contamination [29]. Du reste, la plausibilité des affirmations de M. Avery est corroborée par le fait que de nombreux auteurs sérieux les ont reprises.
Y compris MM. Wollman et Briat, dont le texte n’attribue au CDC que le dénombrement de « 2471 cas d’infection par une souche pathogène d’E coli causant 250 décès ». Mais la FNAB et Générations futures – MM. Dominique Marion et François Veillerette – ont décidé d’appliquer la recette éprouvée de l’homme de paille dans un communiqué conjoint [30].
« Les attaques récentes contre les produits biologiques reposaient sur… une étude qui n’existe pas ! » écrivent-ils en titre. Mais si ! C’est celle de M. Dennis T. Avery. Remarquons aussi que l’article de MM. Wollman et Briat est qualifié d’« attaques » et que « les produits bio ont été injustement montrés du doigt comme étant prétendument dangereux ».
Cette paranoïa est en partie motivée par des considérations bassement commerciales : il ne faut pas faire douter le consommateur hypocondriaque, ni le producteur dévot.
La FNAB a aussi produit à un date indéterminée une note dans la rubrique « Actualités de la bio » de son site, sobrement intitulée Risques sanitaires en bio: l’ANSES stoppe les allégations mensongères [31] et se référant notamment à une déclaration invérifiable de Mme Marie-Christine Favrot, directrice de l’évaluation des risques nutritionnels et sanitaires [32], et au communiqué du 29 juin 2011 de l’ANSES [33]. Problème : le communiqué ne stoppe rien !
Mais revenons au communiqué conjoint de la FNAB et de Générations Futures. De mâles mouvements du menton s’imposaient. M. Marion déclara donc que la FNAB « se réserve le droit d’agir en conséquence ». Quant à M. Veillerette, il déclara : « Alors que les consommateurs plébiscitent les produits bio, les adversaires de l’écologie et de l’agriculture biologique essayent par tous les moyens de décrédibiliser la bio depuis de longs mois. Les accusations de chercheurs publics reposant sur des rumeurs sont inacceptables. Elles doivent être démenties immédiatement et publiquement.» MM. Wollman et Briat doivent trembler…
C’était dit par deux compères qui prétendaient que « [l]es conséquences [des prétendues accusations] sur l’image des produits bio ne se sont pas fait attendre comme devait le confirmer un sondage réalisé par le WWF ». Le sondage (auprès de consommateurs qui « plébiscitent les produits bio » selon l’inénarrable Veillerette qui n’est pas à une contradiction près…) ayant été réalisé à la mi-juin 2011 et l’article de MM. Wollman et Briat publié, respectivement, le 16 juin sur le blog et le 27 juin dans Libération, il faut reconnaître à ces derniers une extraordinaire capacité de persuasion.
M. Fabrice Nicolino reprit le communiqué sur son site en l’assortissant du commentaire suivant [34] :
L’agriculture et les techniques bio peuvent sans aucun doute provoquer des maladies, voire tuer. Et ALORS ? Qui est – quel serait – le crétin qui pense que la bio pourrait représenter une garantie absolue ? Il me suffit qu’elle nourrisse des hommes et respecte les sols et les eaux. Pas vous ?
Cette question posée en termes fort délicats s’applique sans nul doute aux auteurs qui se sont insurgés contre l’assertion de MM. Wollman et Briat selon laquelle « [i]l est donc indéniable que les mérites de l’agriculture biologique s’accompagnent inévitablement de risques alimentaires spécifiques ».
Mais elle s’applique à d’autres encore.
MM. Claude Aubert et Laurent Chevallier (19 juillet 2011)
Le 10 juillet 2011, le Monde sous la signature de Mmes Claire Gatinois et Laetitia Van Eeckhout présenta une vision bien moins optimiste que le texte de l’AFP du 8 juillet 2011, mais sans verser dans le catastrophisme [35]. La filière bio affronte sa première crise de confiance dut résonner comme un signal d’alerte pour MM. Claude Aubert et Laurent Chevallier. Ils cosignèrent le 19 juillet 2011 une tribune dans le même journal, Produits bio : nouvelle cible de la sécurité alimentaire, en se présentant en introduction comme, respectivement, ingénieur agronome et docteur (ça impressionne, docteur…), et praticien attaché au CHU de Montpellier, et en conclusion comme cofondateur de Terre vivante, et président de la commission alimentation du Réseau environnement santé [36].
Et ils l’ont osé : « On peut comprendre que les crises sanitaires récentes liées aux intoxications par des souches particulièrement virulentes de la bactérie E. coli, et que la mise en cause du bio à leur propos, jettent un doute sur la sécurité sanitaire des produits bio. Un doute cependant totalement injustifié. » En clair et en bref : les produits bio sont parfaitement sains.
Répétons : les produits bio sont parfaitement sains. Un doute là-dessus est totalement injustifié.
Et quelle paranoïa !
Rien que le titre : Produits bio : nouvelle cible de la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire est donc conçue comme une arme dirigée contre les produits bios. Les consommateurs de bio doués de raison apprécieront.
MM. Aubert et Chevallier ont aussi écrit : « Pour les concombres, on sait qu’il s’agissait tout simplement d’une erreur de l’administration allemande. Certains en ont malgré tout profité pour incriminer le bio. » Or, c’est l’administration précitée, et non des inconnus malintentionnés, qui, au terme des premiers résultats de son enquête, a porté ses soupçons sur des concombres et sur des productions bio d’entreprises clairement identifiées. Du reste, considérer ces soupçons comme une simple erreur est, tout simplement, grotesque.
Mais « les responsables seraient des graines de fenugrec venues d’Égypte, dont l’origine exacte n’a pas été précisée » et, partant, « le problème, ce n’est pas le bio, ce sont les graines germées ». En fait, même les graines germées ne seraient pas un problème puisqu’il « suffit en effet d’observer des règles d’hygiène strictes ». MM. Aubert et Chevallier se sont donc superbement contredits ; cela devrait échapper à de nombreux lecteurs, les extraits cités ci-avant provenant de deux paragraphes et étant noyés dans d’autres sophismes. Puisqu’il « suffit [...] d’observer des règles d’hygiène strictes », il faut admettre que le Gärtnerhof n’a pas observé ces règles. Et ce, soit par négligence, soit par défaillance des procédures sanitaires selon les règles de la bio – le bannissement de la chimie concernant également les antiseptiques comme le chlore. Dans cette dernière hypothèse, ce sont les faits, et non des inconnus malveillants, ou encore une administration, qui incriminent le bio.
Un des faits établis est que les graines de fenugrec étaient « bio » [37].
Éclabousser tous azimuts, comme M. Noël Mamère, voilà également la stratégie du duo Aubert et Chevallier. Ils font donc mine de s’interroger sur l’origine des souches O104 : H4 (les graines germées) et O157 : H7 (les steaks hachés de Lille). « Ces souches ne seraient-elles pas apparues à la suite de l’utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire associée à la consommation d’herbage ou d’aliments traités aux pesticides dans les élevages industriels ? » Associer « antibiotiques », « pesticides » (lesquels, du reste ?) et « élevages industriels » dans une même phrase, avouez que c’est fort ! Et fort malhonnête : si l’on admet pour les besoins de la démonstration l’effet combiné des antibiotiques et des pesticides, rien n’oblige à penser qu’un accident malheureux n’ait pas pu se produire ailleurs, dans un élevage traditionnel. Et après tout, les graines de fenugrec viennent d’Égypte, un pays qui n’est pas connu pour pratiquer l’élevage industriel. Par ailleurs, la source (animale ou humaine) de la souche O104 : H4 n’a pas encore été identifiée [38], et O157 : H7 est assez fréquente [39].
Les auteurs appellent à la rescousse un certain Van Huber, de l’Université de Purdue aux États Unis ; il s’agit en fait de M. Don Huber, et il est à la retraite. Pour son malheur, le lecteur ordinaire est induit en erreur car M. Don Huber – qui fut un scientifique reconnu et respecté avant qu’il ne se discréditât comme prosélyte anti-OGM – a produit une lettre confidentielle (mais bien sûr divulguée au public, prosélytisme oblige) au Secrétaire d’État à l’agriculture états-unien délirante [40]. La référence est donc inopérante. Il est du reste « amusant » de constater que les auteurs se contentent d’une simple lettre qui contient, néanmoins, des affirmations scientifiques proprement extraordinaires ; « amusant » parce qu’ils appartiennent à une communauté de pensée qui rejette catégoriquement les publications de leurs « adversaires » qui ne sont pas passées par un comité de lecture.
Le déclin des abeilles est également convoqué à la barre, en application du principe de l’enfumage : « Le déclin des abeilles n’est-il pas en partie imputé à la conjonction de l’association de certains pesticides à des parasites intestinaux ? » MM. Aubert et Chevallier doivent bien savoir, d’une part, que « les parasites intestinaux » sont Nosema ceranae, un champignon unicellulaire (et non une bactérie comme E. coli), qui est capable à lui seul de produire le déclin des abeilles ; et que, d’autre part, leurs compagnons de militantisme, notamment de l’UNAF, s’accrochent à la théorie du « rôle primordial des pesticides dans l’érosion des ruches » [41]. Mais un plaidoyer pour une agriculture biologique prétendument malmenée vaut bien une entorse au catéchisme habituel. Va donc pour la « conjonction » !
L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) est un autre témoin à décharge. Elle aurait conclu en 2003 « que les risques microbiologiques ne sont pas plus élevés en bio qu’en conventionnel et n’a pas changé d’avis depuis » (nous citons ici MM. Aubert et Chevallier). Mauvaise pioche ! La conclusion générale est la suivante (page 80 du texte, 83 du PDF) : « Il reste cependant difficile de quantifier les risques microbiologiques et parasitaires compte tenu de l’insuffisance des données. Il serait souhaitable de mettre en place une surveillance des agents pathogènes les plus sensibles en termes de risques sanitaires pour l’homme et de réaliser des études afin de mieux objectiver l’impact de l’ensemble des pratiques et des mesures mises en œuvre dans le cadre de l’agriculture biologique. » [42] M. Claude Aubert était membre du groupe de travail… Mémoire courte ? Autosuggestion ? Intoxication médiatique ? Mauvaise foi ?
L’AFSSA a du reste été particulièrement et étonnamment elliptique sur E. coli. MM. Aubert et Chevallier ont manifestement décidé de l’ignorer. Tout comme ils ont ignoré le sens général de l’article de MM. Wollman et Briat.
Les auteurs se lancent aussi dans la supposée supériorité nutritionnelle des produits de l’agriculture biologique (un « classique » des biomaniques). Le rapport de l’AFSSA de 2003 n’était pas suffisamment positif ? Pas grave ! « Toutefois, depuis cette date, de nombreuses études ont mis en évidence une nette supériorité des produits bio selon au moins deux critères… » Le lecteur est donc invité à penser que le rapport de 2003 est maintenant invalidé [43]. Faux. Et que sont « deux critères » par rapport au tout ? Et par rapport aux critères pour lesquels les produits biologiques sont inférieurs (telle la teneur en protéines du blé) ? Et par rapport à la cinquantaine de morts et aux centaines d’insuffisants rénaux qu’il faut bien associer à des graines germées bio (même si le lien reste à préciser) ?
Ils nous offrent aussi l’inévitable couplet sur les résidus de pesticides. Ils écrivent : « Selon l’EAT (Étude alimentation totale) que vient de publier l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), un aliment sur deux contient au moins un résidu de pesticides. En bio moins d’un aliment sur dix en contient, en provenance dans la plupart des cas d’une contamination par des voisins ou par l’environnement. » Nous n’avons pas trouvé la source de ces affirmations [44].
Peut-on dès lors leur faire crédit de reconnaître que « [c]ertains objectent que les niveaux de résidus trouvés dans les aliments sont trop faibles pour avoir un impact négatif sur notre santé.» ? C’est du reste la conclusion générale de l’EAT, avec un petit bémol (le diméthoate pour les forts consommateurs de cerises). Non, car ils embrayent immédiatement sur des études – non identifiées – alarmistes, au besoin dénaturées. Ils écrivent ainsi pour une méta-analyse sur les pesticides et les pathologies : « Il s’agissait souvent, mais pas toujours, d’expositions professionnelles, ce qui ne change rien aux conclusions qu’il faut en tirer. En effet, même si les résidus de pesticides présents dans les aliments n’avaient pas d’impact grave sur la santé du consommateur [...] avons-nous moralement le droit de consommer des aliments dont nous savons que leur production peut rendre les agriculteurs malades ? »
Cet appel aux bons sentiments (qui s’applique du reste à de nombreux secteurs de l’activité économique) devient très égoïste et égocentrique dans la conclusion des auteurs : pour reprendre ses termes clés, c’est : mangeons bio pour réduire fortement notre exposition aux pesticides. Cet appel est surtout obscène à plusieurs titres. Pour rester dans le cadre de cet article, MM. Aubert et Chevallier veulent nous induire à occulter une crise sanitaire grave (dans laquelle, il faut le préciser encore une fois, le rôle du « bio » reste à déterminer) au profit d’un sectarisme agronomique et alimentaire.
Et qu’importent les 50 morts (à ce jour, pour un total de 4 321 cas rapportés) et les quelque 750 à 800 personnes qui ont développé des complications entérohémorragiques ayant entrainé des problèmes rénaux et/ou neurologiques [45].
La foi doit prévaloir sur la raison.
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Un article du site Imposteurs, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Notes :
[1] Alain Cohen-Dumouchel, Intoxication aux concombres BIO : le black out des médias français, Enquête&Débat, 31.05.2011
[2] Elie Arié, Bactérie E. Coli : le bio en question, Marianne2, 16.06.2011
[3] Le mieux est encore de s’autoproclamer. Voir son nouveau blog (toujours mis à disposition par Arte, sur fonds publics), en construction, à : http://www.m2rfilms.com/
[4] Marie-Monique Robin, La bactérie E Coli bien connue des élevages intensifs, http://robin.blog.arte.tv
[5] Pour un décryptage plus approfondi, voir notamment :
http://robin.blog.arte.tv/2011/06/28/la-bacterie-e-coli-bien-connue-des-elevages-intensifs/#comment-4719
Il est tout de même remarquable que Mme Marie-Monique Robin n’ait pas repris le lien suivant, qui semble indiquer que S. aureus n’est pas un problème majeur de sécurité (sanitaire) alimentaire :
http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol5no5/mead.htm.
[6] Noël Mamère, La mauvaise graine, www.noelmamere.fr, 27.06.2011
[7] Anton Suwalki, L’aveuglement idéologique face aux risques sanitaires du Bio, Contrepoints, 06.07.2011
Gil Rivière-Wekstein, Pourquoi Noël Mamère s’en prend-il à « l’agro-industrie » dans l’affaire de l’E. Coli ?, Agriculture et Environnement, 28.06.2011
[8] Antaon Suwalki, E.coli et OGM : élucubrations d’Herrade Nehlig et censure aux Dernières Nouvelles d’Alsace, Imposteurs, 06.07.2011
[9] Mme Herrade Nehlig, E. coli et la résistance aux antibiotiques, Courrier de lecteurs des DNA, 01.07.2011
[10] Réaction de la direction de l’IBMP suite à l’article paru dans le courrier des lecteurs des DNA le 1er juillet 2011:
http://ibmp.u-strasbg.fr/index.php?id=26&tx_ttnews[tt_news]=81&tx_ttnews[year]=2011&tx_ttnews[month]=07&tx_ttnews[day]=04&cHash=1bcf4f2ec6
[11] Les DNA ont tout de même publié un rectificatif et précisions :
http://www.dna.fr/fr/opinions/info/5367740-Courrier-des-lecteurs-E.-coli-rectificatif-et-precisions
Pour la censure des réactions, voir l’article de M. Anton Suwalki (note [8]) et les commentaires.
[12] Il est en outre remarquable que les DNA aient demandé au site Imposteurs de retirer le logo des DNA en tête de son article mais n’aient offert aucun commentaire ou explication sur les faits qui leur étaient imputés.
[13] Cité par M. Gilles Rivière-Wekstein, Les premières leçons d’une crise, Agriculture et Environnement, 28.06.2011.
Et aussi dans Concombres contaminés : encore beaucoup de questions, www.campagnesetenvironnement.fr, 30.05.2011
[14] Règlement (CE) N° 834/2007 du Conseil du 28 juin 2007 relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques et abrogeant le règlement (CEE) n° 2092/91, article 12.1 (italiques ajoutés par nous ci-après) :
« Outre les règles générales applicables à la production agricole énoncées à l’article 11, les règles suivantes s’appliquent à la production végétale biologique :
« [...]
« b) la fertilité et l’activité biologique du sol sont préservées et augmentées par la rotation pluriannuelle des cultures, comprenant les légumineuses et d’autres cultures d’engrais verts et par l’épandage d’effluents d’élevage ou de matières organiques, de préférence compostés, provenant de la production biologique;
« [...]
« d) en outre, les engrais et amendements du sol ne peuvent être utilisés que s’ils ont fait l’objet d’une autorisation d’utilisation dans la production biologique conformément à l’article 16; »
[15] Règlement (CE) n° 889/2008 de la Commission du 5 septembre 2008 portant modalités d’application du règlement (CE) n° 834/2007 du Conseil relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques en ce qui concerne la production biologique, l’étiquetage et les contrôles, Annexe 1.
[16] Brian Rohan, La ferme bio allemande disculpée dans l’affaire de l’E. Coli, Le Point, 11.06.2011
L’article est du 11juin 2011. M. Gert Hahne, porte-parole des services de protection des consommateurs du Land de Basse-Saxe, est cité comme ayant déclaré (le texte suivant a pu être entrecoupé dans la déclaration originale) :
« D’après nos investigations en cours, la ferme n’a commis aucune erreur. L’hygiène est respectée et toutes les dispositions réglementaires sont observées. Nous n’avons rien constaté de fautif dans cette exploitation et rien qui puisse donner lieu à des poursuites judiciaires. On ne peut sanctionner quiconque pour avoir joué de malchance. »
[17] Les photos seraient tirées du site du Gärtnerhof. C’est invérifiable, ce site ayant été réduit à un seul communiqué sur la réouverture de la ferme.
[18] Graines germées : les photos de l’exploitation agricole allemande (voir les commentaires)
[19] Curieusement, ce texte ne figure pas sur son site dans les communiqués de presse, mais sous « actualités de la bio ».
[20] AFP, E. coli : ce n’est « pas une crise de la production bio » affirme la FNAB, Le Monde, 18.06.2011
[21] La Drôme, 1er département bio, ne traverse pas de crise de confiance, Libération, 08.07.2011
[22] Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, renforcent les mesures de soutien à l’agriculture biologique, communiqué du ministère de l’agriculture, consultable sur le site du ministère.
[23] Marcel Kuntz, Nouvel opus de « science » parallèle du Criigen, blog de l’auteur.
[24] On rappellera que, par l’Ordonnance N° 2010-18 du 7 janvier 2010, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) et l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) ont été fusionnées pour former l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
[25] Francis-André Wollman, Jean-François Briat, E. Coli : la bactérie tueuse et l’Opinion publique, blog de Sylvestre Huet, journaliste à Libération, 16.06.2011
Le texte a été repris le 27 juin 2011 dans Libération sous le titre La bactérie tueuse, la ferme biologique et l’opinion publique.
[26] Dennis T. Avery, The Hidden Dangers In Organic Food, Center For Global Food Issues.
[27] CDC Has Never Compared E. Coli Risks of Organic, Traditional Food
http://www.ibiblio.org/farming-connection/news/aanews/9902.htm#1
[28] Dennis T. Avery, Wallace Institute Got It Wrong: CDC Data Does Indicate Higher Risk From Organic And Natural Foods, Hudson Institute, 26.02.1999.
Il y a un lien vers un tableau, mais il n’est malheureusement plus fonctionnel.
[29] Voir à ce sujet :
Gil Rivière-Wekstein, Riz OGM et épinards bio, Agriculture et Environnement, 26.10.2006.
David Tribe, What Europeans should have read about pathogenic E. coli in 2007 to have helped avoid the current food safety crisis, Bio Fortified, 31.05.2011.
[30] E Coli : Les attaques récentes contre les produits biologiques reposaient sur…une étude qui n’existe pas !
Le communiqué est introuvable ou inaccessible sur les sites respectifs de la FNAB et de Générations futures.
[31] Risques sanitaires en bio: l’ANSES stoppe les allégations mensongères, site de la FNAB.
[32] Voici ce qui a été retenu par une participante au colloque Oui au Bio dans ma cantine :
« Marie Christine FAVROT, directrice de l’évaluation des risques nutritionnels et sanitaires à l’Agence Nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a présenté les études réalisées autour de la problématique suivante : y a-t-il une différence sur le plan nutritionnel, des risques microbiologiques et des risques chimiques entre des produits bio et des produits non bio ? Le résultat global de ces études est qu’il n’y a pas de différence entre les produits bio et les produits non bio aux vues des risques mentionnés ci-dessus. »
Difficile d’y voir une déclaration en relation avec l’actualité à l’époque (29 juin 2011) brûlante). Source : http://www.synabio.com/doc/synabio-doc-472.pdf
[33] Infections à Escherichia coli productrice de shigatoxines en France : point de situation et recommandations aux consommateurs, http://www.anses.fr/
[34] Flagrant délit de manipulation (sur Escherichia coli), blog de Fabrice Nicolino.
[35] La filière bio affronte sa première crise de confiance. Fac similé à : http://www.agap-pro.com/info/wp-content/uploads/2011/07/crisebio_11072011_lemonde.pdf
[36] Claude Aubert, Laurent Chevallier, Produits bio : nouvelle cible de la sécurité alimentaire, Le Monde, 17.07.2011.
[37] Avis de l’ANSES relatif à l’état des connaissances scientifiques et aux informations disponibles permettant de formuler des recommandations, suite à la survenue de plusieurs cas de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) observés en France en juin 2011, suspectés d’être liés à la consommation de graines germées. Du 7 juillet 2011, apparemment mis en ligne le 12 juillet.
[38] Voir l’avis de l’ANSES, note précédente. En particulier :
« L’origine de la souche épidémique n’est pas connue à ce jour. Cependant, les caractéristiques de cette souche laissent supposer qu’elle résulte du transfert horizontal d’un phage véhiculant le gène stx2, codant pour la toxine Stx2, depuis une bactérie donneuse (probablement un EHEC ou un STEC) vers une bactérie receveuse appartenant au pathovar EAEC, qui est ainsi devenue plus pathogène (Brzuszkiewicz, Thurmer et al. 2011).
« L’acquisition de ce phage par cet EAEC a pu se dérouler dans différentes conditions : vraisemblablement dans un tube digestif humain ou animal, mais également dans le milieu extérieur (boue de station d’épuration, eaux usées, fumier, lisier, etc.). Il n’est pas possible à ce jour de confirmer ou infirmer ces différentes hypothèses [...] »
[39] Tout sur l’E. coli O157:H7 : http://www.fightecoli.com/?lang=fr&pageID=1-2
[40] Pour la lettre : Researcher: Roundup or Roundup-Ready Crops May Be Causing Animal Miscarriages and Infertility : http://farmandranchfreedom.org/gmo-miscarriages
M. Huber a aussi écrit à la Commission européenne : http://farmandranchfreedom.org/Huber-European-letter
Pour une analyse : Extraordinary claims… require extraordinary evidence : http://www.biofortified.org/2011/02/extraordinary-claims/
[41] Voir sous Des experts sous influence, http://www.unaf-apiculture.info/
Voir aussi Anton Suwalki, Parasites , insecticides et mortalité des abeilles, Imposteurs, 14.07.2011.
[42] AFSSA, Évaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique, Juillet 2003.
[43] Voir à cet égard : Valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique, Léon Guéguen, Gérard Pascal et Bernard Denis, in Agriculture biologique Regards croisés d’un groupe de travail de l’Académie d’Agriculture de France (septembre 2008 – mai 2010)
« Il est donc possible de confirmer les conclusions du rapport de l’Afssa (2003) sur le fait que, en l’état actuel de nos connaissances sur les relations entre les nutriments, les contaminants et la santé, et en l’absence d’éventuels biomarqueurs plus sensibles, fiables et pertinents, la consommation régulière d’aliments AB n’a pas d’effet bénéfique significatif dans le cadre d’un régime alimentaire global. »
[44] Exposition alimentaire aux substances chimiques : l’Anses publie les résultats de la deuxième étude de l’alimentation totale (30 juin 2011) – http://www.anses.fr/index.htm
Et, plus particulièrement, Tome 2 : Résidus de pesticides, additifs, acrylamide, hydrocarbures aromatiques polycycliques
On lit du reste à la page 7/36 de l’avis :
« L’étude reflète l’état des apports et des expositions au moment de l’enquête, qui, suivant les recommandations internationales, ont été extrapolés pour évaluer les risques à long terme. L’EAT2 n’a pas pour objet d’évaluer les apports et l’exposition de la population à court terme. La méthode de l’EAT2 ne permet pas non plus d’évaluer les apports et expositions dus à des situations particulières comme une contamination des aliments à une échelle géographique locale ou de nature accidentelle. Elle ne permet pas de distinguer les risques liés à la consommation de produits « bio » spécifiquement, ou encore de produits importés, par exemple. »
À la page 16/36, il est dit : « Dans la moitié des aliments analysés, au moins une substance a été détectée. » Selon notre lecture des résultats d’analyse (voir page 32 et seq. du rapport), il faut comprendre que, pour un aliment sur deux, on a trouvé au moins un échantillon positif ; pour bien mettre les points sur les i, cela ne signifie pas qu’un aliment sur deux est systématiquement positif. En résumé :
« Considérant l’ensemble des 283 substances actives recherchées, 99,3 % des résultats d’analyses sont associés à des niveaux résiduels inférieurs à la LOD et 0,47 % à des teneurs quantifiées. Parmi les 1 235 échantillons composites analysés, 37 % présentent au moins un résidu détecté (Figure 1) et 30 % au moins un résidu quantifié.
« Parmi les 463 échantillons présentant des détections, 50 % contiennent une seule substance, 41 % de 2 à 5 substances, 8 % de 6 à 10 substances et 1 % plus de 10 substances. Au maximum, 16 substances ont été détectées dans un même échantillon composite. »
[45] Les médias de langue française ont été particulièrement indigents sur ce sujet. Les sources de première main sont :
- EHEC/HUS O104:H4 – Der Ausbruch wird als beendet betrachtet
- Shiga toxin-producing E. coli (STEC): Update on outbreak in the EU (27 July 2011, 11:00)