Je vous présentais ici ma chronique du nouvel album de Maurane intitulé Fais-moi une fleur.
Quelques jours après avoir écouté l’opus, j’ai eu le plaisir d’en discuter avec la chanteuse que j’aime beaucoup depuis des années. Un entretien à découvrir dans son intégralité ci-dessous.
Bonne lecture,
Bonjour Maurane,
Vous venez de proposer votre nouvel album Fais-moi une fleur, étiez-vous plus angoissée par la sortie de cet album de nouvelles chansons ou par l’album précédent fait de reprises de Nougaro ?
Oh j’étais plus anxieuse pour le précédent, je crois, parce qu’il y avait la responsabilité d’interpréter Nougaro, qui sont des chansons que je n’ai pas écrites et qui ont été chantées par un homme que j’aime passionnément depuis mon adolescence. Oui, j’étais plus anxieuse en attendant de savoir comment j’allais être accueillie pour l’album Nougaro que pour celui-ci, qui est quelque part la continuité de l’album précédent. Et puis j’ai tellement été bien servie par des auteurs et compositeurs de talent que c’est un bonheur de défendre cet album. Le trac, je l’aurai toujours, il est en moi, mais j’ai moins d’appréhension aujourd’hui que pour la sortie de l’album Nougaro.
Il y a en effet de nombreux auteurs et compositeurs présents sur cet album, est-ce plutôt vous qui avez été les chercher, ou ce sont eux qui sont venus vers vous naturellement ?
Il y a eu un peu des deux, mais moi il y a quelque chose que je ne fais pas, c’est dire « je veux ça ou ça, et tel type de chansons » donc ça a été un travail d’équipe avec Jean-Philippe Allard (ancien directeur de Polydor). Lui avait pour idée d’enregistrer à New-York dans les conditions du live avec des musiciens New-yorkais, mais par contre de faire un gros travail en amont pour chercher de belles chansons bien françaises et de mélanger comme ça les 2 cultures. Ca m’excitait bien moi de perdre mes repères et aller en terrain inconnu car des Etats-Unis, j’y suis juste allée il y a 20 ans à New-York durant 4 jours et sinon je suis allée à la Nouvelle-Orléans et une fois dans le Vermont, c’est tout ce que je connais là-bas.
L’album est disponible dans les bacs, êtes-vous heureuse des premiers retours ?
Jusqu’à présent, c’est un super accueil. Faire de la promo dans des conditions comme ça, c’est quand même un luxe (rires). Pour l’instant, l’accueil est formidable mais vous savez bien que les ventes de disques aujourd’hui, on ne sait pas du tout où l’on va. Et du coup là, je m’attends à rien et à tout, mais ça fait du bien d’entendre par des gens que ça leur plait, j’ai beaucoup de messages encourageants et chaleureux.
J’ai eu l’impression que cet album est un tout petit peu plus mélancolique que les précédents même s’il y a des titres plus entrainants, êtes-vous d’accord avec ça ?
Ah, non pourtant. Vous devez peut-être recevoir vous l’atmosphère un peu feutrée, parce qu’elle était réelle en studio. Nous y étions nombreux d’ailleurs avec les cordes, la rythmique etc et c’était enregistré du jour. Moi je suis quelqu’un de nostalgique, pas dans le sens où j’ai des regrets car je n’en ai pas, mais j’ai pensé beaucoup en studio à des gens comme Ella Fitzgerald, Billy Holiday, Franck Sinatra, Charles Aznavour, Jacques Brel, qui finalement enregistraient tout en même temps à une certaine époque. Ca s’est beaucoup perdu malheureusement mais pour le choix des chansons, c’est vrai que pour moi celles qui restent sont toujours mélancoliques. Mais la mélancolie n’est pas forcément triste, ce sont des chansons qui vont vous mettre dans un écrin de velours mais elles ne seront jamais tristes ou négatives.
Le premier extrait est le titre éponyme de l’album, son clip est très beau et très graphique, vous êtes-vous impliquée dans le choix de la vidéo ?
Du réalisateur, certainement car c’était lui qui avait réalisé mon clip Armstrong et je trouve que vraiment il a une imagination incroyable (Il s’agit de Guillaume Cosson NDLR). J’ai pris une claque quand j’ai vu le clip Armstrong car au final moi j’ai tourné sur fond vert et quand je vois le travail de post-prod derrière je le trouve vraiment réussi. Et du coup j’ai vraiment eu envie de retravailler avec lui, c’est un monsieur qui a des idées originales et classieuses. Et puis dans la chanson et dans le clip, il y aussi mon petit côté midinette que je revendique complétement et ce Paris qui devient une ville végétale, je trouve que son idée est onirique à souhait.
Cet album a été enregistré avant celui de reprises de Claude Nougaro, à l’écoute, avez-vous toujours l’impression que les chansons sont aussi « fraiches » aujourd’hui ?
Oui j’ai vraiment toujours l’impression d’avoir un nouvel album car je l’ai très très peu écouté depuis que je l’ai fait car j’ai été embarquée dans cette histoire Nougaresque, et ça m’a fait vraiment plaisir car j’étais loin de m’attendre à cette tournée qui m’a emmenée partout pour une centaine de dates. Et quand vous êtes concentré sur Nougaro, vous ne pouvez pas être concentré sur autre chose, c’est difficile car c’est une telle responsabilité. J’ai vraiment travaillé sur ce spectacle et j’ai fait une parenthèse avec cet album mais je le trouve toujours aussi neuf.
Après cette longue tournée, vous avez déjà envie de repartir sur scène, ou plutôt de prendre une petite pause ?
Ah non, moi, je n’attends qu’une chose, c’est la scène (rires). C’est vrai que c’est tellement grisant d’être sur une scène que ça devient une drogue, j’ai eu un sacré coup de blues après la tournée Nougaro. En plus là, je vais avoir l’honneur et le privilège de travailler avec une pointure qui est Louis Winsberg, qui est pour moi, je le dis sincèrement, l’un des plus grands guitaristes du monde, et je pense qu’avec lui je vais voyager car il est très éclectique. Je pense que je vais vraiment m’amuser avec lui.
Et vous avez déjà commencé à penser aux réorchestrations et à l’univers de la tournée ?
On a déjà commencé à travailler oui, on a même déjà revisité Armstrong façon Winsberg, et ça sent très bon, c’est tout ce que je peux vous dire. Déjà on s’éclate sur les quelques promos que l’on a faites ensemble et ça laisse présager en tout cas un spectacle coloré, et j’ai l’impression qu’au fil de la tournée ça va bouger car Louis ne tient pas en place musicalement, il aime tenter des trucs. J’ai bien l’idée aussi de l’engager comme réalisateur du prochain album qui à mon avis sera plutôt latin, et je pense qu’on a beaucoup de choses à faire et à découvrir ensemble sur le chemin de cette tournée.
Le Mediateaseur remercie une fois de plus Maurane de s’être arrêtée quelques instants sur notre site. Son album Fais-moi une fleur est disponible dans les bacs depuis le 5 septembre, et vous pouvez déjà noter que l’artiste se produira du 3 au 5 novembre à l’Alhambra.