Réveille-matin, huit heures (et je ne me réveille pas comme une fleur). Oui, j’ai conscience qu’à cette heure-là, des gens ont déjà commencé à travailler depuis un moment. Non, je ne suis – définitivement – pas du genre lève-tôt. Oui, même à huit heures, j’ai la tête dans les choux ainsi qu’un œil ouvert et l’autre qui dort encore (idem pour les moitiés de ce qui me sert de cerveau). En même temps, je suis plus coutumière du trois quarts de tour de pendule que de somnoler cinq heures par nuit toute la semaine… Bref, il est huit heures.
Je m’extirpe difficilement de mon lit. D’ailleurs, je me rends compte que j’en ai choisi le bon côté (tiens, ça m’inspire une chronique de vie de couple…), celui qui évite de se lever tous les matins du pied gauche (je commence à comprendre certaines choses). Un pas vers la fenêtre, en tentant de dégager le chat qui trouve le moyen d’être sous mon panard pile à ce moment-là. Il faudrait m’expliquer comment fonctionne un cerveau de chat. Je pense qu’ils ont une aire « je sais exactement où me placer pour être le plus emmerdant possible ». Ça mérite un nouveau surnom : peau de banane.
J’ouvre finalement les volets. Passionnant, n’est-ce pas ? Et bien, ce simple geste matinal conditionne généralement mon humeur de la journée, corrélée au temps qu’il fait (oui, je suis un thermomètre-baromètre, en réalité). Je vous passe les détails de la course sous la douche, c’est un des rares matins où le thermostat de l’eau ne s’amuse pas avec mes nerfs et ma peau (parait que le chaud-froid, ça tonifie alors je me tais la plupart du temps – ou pas – et ronge mon frein). Je fais quand même tomber le gel douche par terre. Et je m’éclate un petit vaisseau de l’œil en voulant me rincer le visage (j’ai décidé de me construire une réputation de toxico dépravée au boulot). Je réalise que j’ai oublié de me laver les cheveux la veille (toxico dépravée, bis). La journée commence bien.
Après ce passage express dans la salle de bains (un express de 30 minutes, tout de même), je fais quatre allers-retours entre mon dressing et mes commodes pour trouver quelques oripeaux capables de me couvrir décemment. J’entends déjà la rumeur… « La parisienne, elle nous parle de son dressing et de ses soucis de choisir parmi son monticule de fringues griffées, dur… ». En réalité, ce qui me (nous) sert de dressing est clairement un débarras aménagé avec une pseudo-tringle et des étagères pour mettre quelques pompes ça et là. Aux alentours des chemises, robes et pulls, vous trouverez en vrac : un aspirateur, mes affaires de bricol’ girl (peintures, vernis, rouleaux, papier de verre…), des décorations de Noël, une chaise (non-pliante, c’est plus drôle), du vin (débarras ET cave), des assiettes (débarras ET cave ET buffet), une tente Kéchouah 2 secondes (débarras ET cave ET buffet ET Décathlon), 20 appareils photos argentiques qui ont 30 ans (conservatrice ?) et aussi une boîte de câbles en tous genres (parce qu’à l’heure du Wifi, ça sert toujours d’avoir un RJ45 croisé à cinq euros qui ne fonctionne plus). J’en passe, et des meilleures.
Je trouve enfin une tenue originale pour la journée : jean-chemise-ballerines, ma tenue 365 jours par an (je porte une jupe les années bissextiles). Un œil à la pendule. Juste un, le deuxième est toujours fermé. Mais juste assez pour me rendre compte que j’ai déjà 15 minutes de retard. Vient le moment toujours agréable du petit-déjeuner. Une chose à savoir avec moi, je n’ai jamais petit-déjeuné décemment. Je sais, ce n’est pas bien, c’est le repas le plus important de la journée, celui qui permet de recharger les batteries, gna gna gna. Toujours est-il que le seul truc que je peux et que je tiens à avaler le matin reste mon sacro-saint verre de jus d’orange bien acide qui attaque la bouche, l’œsophage et l’estomac (finalement, je pourrais avaler des produits ménagers, ça serait pareil…) sauf que… le frigo est vide depuis (j’ai arrêté de compter). Oh, tiens, un reste de Kouka Zero sans bulle. Parfait ! Voilà pour le petit-déjeuner, avalé en deux minutes chrono. Il y a un mot en français pour ça : gober. Qui a murmuré que c’était la « lose » ? Non, mes amis, la « lose », c’est d’avaler son Kouka sans bulle et d’être tellement occupée à gérer ses mails sur son smartphone que l’on arrive à shooter et faire chuter lourdement son PC de 3,5 kg à peine revenu de garantie.
Il est donc 8h53 et j’ai déjà scruté mon téléphone 20 fois depuis le réveil (et avant même de poser un pied hors du plumard), peut-être éclaté un ordinateur qui n’a même pas un an (pas eu le temps de vérifier si tout allait bien) ainsi que bousillé ma santé et mes intestins avec une boisson que tout le monde avale alors que l’on ne sait quand même pas ce qu’il y a dedans. En fait, c’est un matin (presque) normal.