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L’astre souriait aux anges
C’était juste avant le grand bouleversement des songes
Entre deux étoiles qui clignaient de l’œil
Mes yeux suivaient la comète des rêves
.
Assis à la terrasse qui dominait la ville
Ne venaient que cris d’amour de grenouilles en folie
Grillons menaient concert dans le crépuscule finissant
.
Me voilà prêt
*
J’enfile hardiment la défroque de l’exil
Marche à grand pas sur des avenues brutalement silencieuses
Nul bruit ne parvient des tablées assaillies
.
Ainsi voguent les pensées
Qui visitent discrètes
Chaque parcelle de cette terre
En quête des âmes disparues
*
On dit ici qu’il serait vain
D’écrire encore à l’encre sympathique
Sur la page des soupirs
.
On me harcèle
On m’invite
On me détourne
.
Toujours je reviens sur mes pas
Toujours j’entends les cris de suppliciés
Toujours les soupirs amoureux
Toujours de mes mains
Rêve de tisser le linceul des mauvais jours
Le voile des marches nuptiales
Des bonheurs à jamais partagés
Des instants si vite écoulés
*
L’été s’apprête à la dernière révérence
Un petit vent frais balaye les collines
Dans le glas annonçant les offices dominicaux
.
Vous marchez en vos costumes du dimanche
Entrez aux pâtisseries
Acheter au diable de la gourmandise
Le droit de vous faire absoudre plus tard
.
Pas un mot sur les famines
Vous vous sentez quittes avec deux Ave et trois Pater
Que déjà vous tournez le dos et reprenez arrogante carrure
Le ciel est témoin de vos brusques retournements
Et du silence pesant où vous maintenez vos semblables
*
Vous regardez avec crainte
Monter les intransigeances d’en face
Voilées de folles idées vengeresses
.
Vous craignez pour votre propre chapelle
La tête toujours tourné vers le ciel du dehors
Oublieux de cet univers du dedans
Où résonne encore l’espoir d’être
*
J’ai balayé devant ma porte les scories
Que les artificiers du siècle avaient délaissées
.
Tournant le dos à vos murmures impensés
J’ai ouvert les vannes
Mes mots en fleuve envahirent vos jardins séculaires
.
Me voilà sur le seuil d’un jour solitaire
Espérant un message de vous
Qui me transporte en vos lits d’amour
.
Manosque, 31 juillet 2011
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