Contexte : contrairement au hockey et au basketball, les équipes de baseball ne sont pas soumises à un plafond salarial. Ça veut dire bêtement que seules les équipes les plus riches telles que les Yankees de New York ou les Red Sox de Boston peuvent se permettre d’embaucher les « gros » agents libres à coups de dizaines de millions de dollars. C’est doublement important dans un sport où les performances individuelles sont déterminantes.
Les gérants d’équipes moins nanties doivent donc redoubler d’ingéniosité pour espérer mettre une équipe compétitive sur le terrain et générer des revenus.
Au début des années 2000, Billy Beane s’est avéré plus ingénieux que les autres. Moneyball nous explique comment le gérant des A’s d’Oakland est parvenu à façonner un club de 100 victoires par saison avec la 3e ou 4e plus petite masse salariale du baseball majeur.
On apprend avec Moneyball combien Beane et sa gang de trippeux de statistiques – dont certains sont d’anciens analystes financiers de Wall Street – ont déjoué les « gros » en rejetant presque totalement les rapports traditionnels des dépisteurs pour s’appuyer sur les théories de Bill James, un obsédé des chiffres qui a en quelque sorte redéfini la façon d’évaluer l’efficacité des joueurs. Beane s’est donc servi de cette nouvelle approche pour recruter des joueurs qui évoluaient « sous le radar » et se forger une équipe dominante.
J’ai beaucoup aimé Moneyball mais il faut avoir beaucoup d’affinités avec le baseball pour s’y retrouver. L’auteur Michael Lewis s’attarde longuement sur la méthode de Bill James au milieu du livre et c’est probablement là que plusieurs non-fans du sport ont dû décrocher. Heureusement pour la masse, le film tiré du livre (avec Brad Pitt en vedette) qui sortira le 23 septembre semble épargner le spectateur des passages s’adressant aux initiés.
Triste épilogue
Je lisais récemment le compte rendu d’une entrevue réalisée l’an dernier avec Billy Beane. Il y expliquait que, depuis quelques années, les autres gérants ont adopté l’approche « Beane Ball » et investissent maintenant de gros sous dans des joueurs qui auraient jadis abouti à Oakland. Dépourvu de cet avantage stratégique, et n’ayant toujours pas le budget pour compétitionner avec les gros marchés, Billy Beane et les A’s d’Oakland ont aujourd’hui de la difficulté à quitter la cave du classement.