Vivre pour rien, ou mourir pour quelque chose ? s’interroge Rambo. Ce qui prouve au moins que même un tas de biscotos est capable de penser, parfois.
C’est sans doute le dernier film où l’on verra ce personnage, que créa Sylvester Stallone en 1982, dans First blood (titre qui, signifiant « Premier sang », décrivait parfaitement la situation, mais on l’a simplifié en Rambo dans la version française). Ce premier film, réalisé par Ted Kotcheff, était très estimable, il montrait l’ingratitude des États-Unis à l’égard de ses anciens combattants du Vietnam, et l’amertume qui pouvait en résulter chez ceux à qui on n’avait pourtant pas demandé leur avis avant de les envoyer au casse-pipes.
À l’instar de tous les films (moins bons) qui ont suivi le premier, John Rambo montre comment on vient chercher le héros dans sa retraite, en Thaïlande, où il vit de la capture des serpents, pour le supplier d’accomplir une mission. Cette fois, c’est un groupe de militants religieux plutôt illuminés, qui veulent se rendre dans un coin perdu de la Birmanie afin d’y sauver les âmes et les corps d’une ethnie, la tribu Karen, persécutée depuis soixante ans. Rappelons que ce pays est écrasé par une dictature militaire depuis septembre 1988, contre quoi s’opposent divers mouvements plus ou moins pacifiques dont ce n’est pas le lieu de parler ici.
Rambo, bourru comme tu le connais, lecteur cinéphile, rembarre les évangélistes : plutôt que des médicaments et des livres de prières, ces illuminés ferait mieux de fournir des armes à ceux qui en ont besoin. Mais, pour les beaux yeux de Sarah, la fille qui l’a chapitré (comme quoi, si Rambo était gay, il n’y aurait pas de film), il accepte de conduire gratuitement le groupe, à bord de son bateau, à l’endroit désiré. Oui, Stallone a vu Apocalyspe now, je confirme. Mais l’expédition ne va pas sans mal, car ils essuient une attaque des pirates du coin, et Rambo, qui parvient à tuer les attaquants, constate une fois de plus que rendre service à ses contemporains ne paie pas, puisque le chef du groupe lui reproche… de les avoir sauvés en tuant des hommes, et menace de faire un rapport sur lui ! Cette première partie du film incite donc à quelque réflexion sur l’humanitaire en gros sabots.
Écœuré mais pas surpris, Rambo dépose ses passagers à pied d’œuvre, et rentre chez lui. Mais, peu après, le village où les évangélistes se sont installés est attaqué, détruit, et eux-mêmes sont capturés. Voilà Rambo sollicité une nouvelle fois pour aller sauver les prisonniers, promis à une mort certaine et horrible. Il y parviendra, avec l’aide d’un petit groupe de mercenaires qu’il n’a pas choisis. La suite, sans sombrer dans la complaisance, n’est plus que spectacle, et ultra-violent. Mais la caméra, qui ne fait jamais « de la belle image », ne s’attarde à aucun moment sur les détails épouvantables des divers combats, montrés de manière très réaliste. Sachant que le pire, c’est d’être faux-cul, on ne pourra pas faire ce reproche à John Rambo.
Tout comme on ne pourra pas te reprocher de chercher d’autres tuyaux sur la saga complète de Rambo dans les pages d’Allociné.
Choisis ton arme et flingue la fin du film