Ce samedi était un jour béni pour les amateurs de rugby, un peu moins pour leur entourage si celui-ci ne partageait pas de manière inconditionnelle leur passion. Pensez, quatre matchs de coupe du monde (deux pour ceux qui n'ont pas eu le courage ou l'inconscience de se lever à trois ou cinq heures du matin), puis l'affiche de la 3ème journée du Top 14 entre Toulouse et le Racing Metro.
Au terme de ce marathon rugbystique, on peut avancer que le spectacle était loin d'être là où on l'attendait. On critique régulièrement, et à juste raison, le caractère étriqué des rencontres du Top 14, de la part belle qui y est faite aux phases de conquête, à la conservation du ballon par du pick and go et du jeu au sol. Et les meilleurs spécialistes nous prédisaient une coupe du monde spectaculaire, plus en tout cas que sa devancière.
Même s'il encore un peu tôt pour se prononcer sur le niveau général de la compétition mondiale, force est de constater que sur la seule journée de samedi, on a vibré aux exploits du Stade Toulousain du Racing et on a baillé, pas seulement en raison des horaires matinaux, devant les matchs de la Coupe du monde.
Le contraste était particulièrement saisissant entre France - Japon et la rencontre opposant le champion de France 2011 et l'un de ses concurrents directs cette saison. Pluie d'essais superbes, combat d'avants de belle facture, soutiens offensifs présents quand il le fallait, jeu debout, bref les ingrédients d'une partie plus que plaisante. De quoi nous réconcilier avec le rugby de France après l'approximative partie de baballe à laquelle nous avons assisté à l'heure des croissants.
Quand on voit ce que propose le Stade Toulousain, on regrette que Guy Novès n'ait pas pris le risque (et accepté les ennuis qui vont avec...) d'accepter de prendre les rênes du XV de France. Et la prestation de Yannick Jauzion, impérial samedi, contrastait méchamment avec la pauvreté de celle de Fabrice Estebanez face au Japon. Le face à face entre Yann David et Henry Chavancy donnait à réfléchir sur l'avenir du poste de deuxième centre en équipe de France quand les exploits d'Aurélien Rougerie et David Marty un peu plus tôt dans la journée conduisaient à désepérer du présent.
Le match Toulouse - Racing prouve que le Top 14 peut être spectaculaire, son jeu chatoyant, aux antipodes du "rugby pourcentage" qu'on lui reproche trop souvent de produire. A condition évidemment que les clubs s'en donnent les moyens. Pas seulement financiers (on voit que le RCT, malgré son budget, peine à proposer un jeu à la mesure de ses ambitions), mais aussi sportifs.
Au vu de la rencontre, et même si ce début de saison est tronqué par l'absence de nombreux internationaux, on ne devrait pas se tromper beaucoup en pronostiquant un classement dans les quatre premiers pour ces deux clubs. Il sera également intéressant de voir leur comportement en H Cup, dans des poules relevées mais à leur portée, surtout s'ils continuent à hausser leur niveau de jeu au fil des semaines.
La semaine prochaine, le Racing recevra Clermont. On verra si les belles dispositions des ciel-et-blanc entrevues depuis le début de la saison se confirmeront face à une équipe certes très amoindrie par les absences mais ambitieuse dans son jeu. Et nous aurons une nouvelle occasion de faire des comparaisons...