Première raison d’agacement, la Nouvelle-Zélande se trouvant dans l’hémisphère sud avec un décalage horaire important d’une dizaine d’heures, les matchs sont retransmis le matin, parfois même très tôt. Moi qui ai horreur d’allumer la télé en journée, je dois forcer ma nature pour suivre les rencontres.
Vendredi en ouverture de la compétition, le pays hôte la Nouvelle-Zélande rencontrait les îles Tonga. Premier intérêt de ce match, assister au fameux haka, cette danse rituelle des insulaires du Pacifique Sud interprétée à l'occasion de cérémonies, de fêtes de bienvenue, ou avant de partir à la guerre, que les Māori ont rendu mondialement célèbre par l'équipe de rugby à XV de Nouvelle-Zélande, qui l'effectue avant ses matches depuis 1905. Mieux encore, ce matin nous en avons deux, chaque équipe proposant le sien.
Les Néo-Zélandais – les All Blacks, pour les néophytes – tout de noir vêtus comme à l’accoutumée, s’imposent 41-10 devant les Tongiens. Les Blacks n’ont pas sorti le grand jeu et leurs adversaires rentrent au vestiaire pilés mais non déshonorés, après ce tour de chauffe.
Samedi matin, dès 8h je suis devant mon poste pour France/Japon. Sur le papier le nippon n’est pas fôlichon mais les résultats chaotiques de nos Bleus et mon expérience, me dictent de ne pas pavoiser avant le coup de sifflet final. Après une première mi-temps largement dominée par nos gars, un énorme passage à vide révèle au monde entier nos faiblesses et les Japonais sont sur le point de nous rattraper au score, dieu merci, dans un ultime coup de rein nos « petits » s’imposent 47-21. Une fois encore, les français qui tenaient le résultat, n’ont pas su rester sereins et s’appliquer à respecter les fondamentaux du jeu – on construit patiemment devant, puis on développe les attaques à la main – ils ont voulu faire les malins, se lancer dans un jeu foufou, ce qui a failli leur coûter cher. Premier match, premier avertissement sans frais ?
Pour l’instant, l’essentiel est d’avoir gagné le match et empoché les points. Nous verrons si lors de la prochaine rencontre avec le Canada, autre pays faible, notre XV aura retenu la leçon. A la fin du match, Marc Lièvremont le coach, semblait désemparé ce qui pourrait corroborer un article paru dans Rugby World la revue Londonienne « On ne peut que regretter la probable débâcle de l’Equipe de France car Lièvremont est un homme honnête et travailleur. Son seul problème set son incapacité à se débarrasser du conservatisme naturel hérité de son militaire de père. L’homme est visiblement dépassé, ainsi que Blanco l’avait prédit il y a quatre ans. » Mais attention, il s’agit de l’avis d’un Rosbif, et l’on sait que lorsqu’ils parlent de la France, les Anglais perdent leur flegme légendaire.
Et puisqu’on parle des Anglais, parlons-en ! Ce même jour à 10h30 ils rencontraient l’Argentine. Déjà, première surprise, au lieu d’être revêtus de leur célèbre maillot blanc, ils étaient tout de noir fringués, copies conformes des All Blacks. L’injure suprême, un manque de savoir vivre évident, surtout quand on est invité chez eux. Je suppose qu’il s’agit d’une idée de leur Fédération et que les pauvres joueurs n’y sont pour rien, car ainsi nippés ils ont joué le plus mauvais rugby jamais joué par l’Equipe de la Rose. Si le résultat final est en leur faveur (13-9), les Argentins auraient du l’emporter, deux essais leur étaient promis mais mal joués. Autre étonnement, les deux butteurs ont raté des points tout cuits et surtout, le grand Wilkinson a été nul aujourd’hui à ce niveau. Ces maillots noirs, telle la tunique de Nessus qui causa la mort d’Hercule, ont failli les terrasser. La malédiction Maori ? Un bon conseil - entre amis – ce n’est pas parce que vous vous mettrez des plumes dans le cul, que vous ressemblerez aux poules des Folies Bergères !
Ce matin nous avons manqué de peu d’assister à la vraie surprise de ce début de compétition lors de l’excellent match Afrique du Sud/Pays de Galles. Les Gallois sans complexes (la bonne attitude) et avec un rugby très sérieux et intelligent (tout ce qui manque aux Bleus souvent) ont fait jeu égal, pour ne pas dire dominé les Springboks ! C’est dans la douleur et sur un score étriqué que les Sud-Af s’imposent (17-16) devant des Gallois qu’on imagine déçus d’être passés si près d’un exploit qui risque de leur coûter cher plus tard, car dans leur poule (D) surnommée « poule de la mort » les qualifications seront très disputées.
Pour conclure ce premier bulletin, toutes les équipes ont joué le premier match d’une compétition qui va durer cinq semaines, donc c’est bien normal si aucune n’a sorti le grand jeu ou montré son meilleur. La montée en puissance va se faire progressivement, néanmoins les équipes les plus modestes ont déjà confirmé leur infériorité. Quant aux grosses cylindrées encore au stade de l’échauffement, elles laissent présager un bel avenir à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie, tandis que l’Afrique du Sud démarre difficilement et que l’Angleterre déçoit énormément. Reste la France, qui bien entendu reste ma principale préoccupation, fidèle à sa tradition, « elle fonctionne par réaction et a besoin d’un coup de pied au cul pour avancer et se sublimer » comme le disait Marc Lièvremont – le coach - dans Le Monde de vendredi. Vas-y Marc ! N'hésite pas, botte tous les culs que tu veux !