Jennifer Devoldere possède un style bien à elle, s’imposant en deux films comme le pendant féminin d’un Rémi Bezançon. Comme chez le cinéaste d’Un heureux évènement ou du Premier jour du reste de ta vie, les thématiques (célibat dans Jusqu’à toi, relation père/fille ici) sont modernes: il y est question de la difficulté de communiquer, de famille, de grands enfants, de naissances, du cycle de la vie. Des problématiques qu'elle scrute hélas à travers un prisme un peu plus empreint de légèreté que ce dernier. Ses personnages, à l’instar de cette Justine un brin rêveuse, sont des adultes qui refusent de grandir, des enfants un peu perdus entre responsabilités, boulot, avenir. En passant aux rayons X la relation, plus complexe que ne laisse penser le ton enjoué du film, entre un père immature et égoïste de 60 ans (Michel Blanc) et ses deux filles (Mélanie Laurent et Florence Loiret-Caille), elle offre une comédie délicate, éthérée, la tête dans les nuages. Trop.
Car si quelquefois, elle caresse des instants de grâce : lorsqu’elle filme l’étreinte entre banalité et poésie, ou encore lorsqu’elle conjugue parentalité et art, elle s’abandonne le reste du temps à la brise enfantine qui traverse le récit, noyant ainsi l’âpreté de la vraie vie dans une naïveté un peu disgracieuse. Et même si la tragédie finit toujours par rattraper le réel dans ses films, le virage opéré ne fonctionne pas forcément à 100%, laissant un arrière goût amer de frivolité. Le film est certes mignon tout plein, et bourré de belles idées (artistiques notamment) mais trouve ses limites dans ce qui semble être le talon d’Achille de la cinéaste : une tendance trop marquée à verser dans le rose bonbon. Pour le coup, fragilité, inconsistance et platitude finissent encore par l’emporter.
Sortie DVD : 21 septembre.