Tout le monde ou presque est rentré de vacances. La crème solaire qui n’a pas beaucoup servi cette année est rangée dans l’armoire, tout comme les maillots de bain. Enfin, vous vous êtes attaqué au meilleur pour la fin, les photos de vacances.
Quelques uns ont récupéré leurs tirages papier pour les classer dans un album, la majorité a vidé la carte mémoire de l’appareil photo sur l’ordinateur familial pour mieux en jouir sur l’écran plus grand. Des photos doublées, pour être certain de la réussite, vous avez supprimé la ratée ; les trop floues parce que le gamin s’est cramponné à votre jambe au moment du clic ! sur le bouton ont été érasées avec regret ; les moches, car emporté par votre élan vous vous êtes pris pour un artiste et risqué à un cadrage osé qui s’avère aujourd’hui franchement tartignol, vous hésitez encore à les conserver. Bref, vous faites votre petit ménage et classement, comme tout un chacun.
Le classement, c’est selon, chacun sa méthode et il en est même qui ne classent pas. Moi j’ai opté pour un dossier individuel pour chaque voyage ou vacances, nommé « 2011 Cabourg » par exemple. Je profite de souvenirs encore frais pour identifier les clichés, « le Casino », « la plage », encore que pour ces deux exemples, la photo parle d’elle-même ! Mais ce n’était qu’un exemple, vous m’avez compris. Ensuite, je me repasse toutes les photos en un diaporama que je fais défiler plusieurs fois, comme pour mieux m’imprégner des délicieux moments désormais passés et archivés à jamais (ou presque, avec l’informatique on n’est jamais sûr de rien).
C’est alors que peuvent surgir les coups de blues, mon sous-dossier « 2011 Cabourg » étant rangé dans le grand dossier « Vacances », d’un coup d’un seul, l’arborescence de mon explorateur affiche les sous-dossiers des vacances passées. S’y aventurer, c’est prendre des risques. Pour les vacances de l’an dernier, passe encore, rien ne va vous choquer. Une photo oubliée va vous rappeler de bons souvenirs, par contre une autre va vous étonner, pourquoi l’avoir prise ? Aujourd’hui vous vous interrogez. On a tous des clichés honteux planqués dans nos albums, mais surtout les autres. J’ai vu de mes yeux, une collègue de bureau qui avait fait plusieurs tirages du plateau de fruits de mer bouffé je ne sais où, nous les montrer comme une relique pieuse rapportée d’un pèlerinage ! Un truc quelconque, sans originalité aucune qui aurait pu justifier éventuellementla chose. J’étais tellement affligé, qu’aujourd’hui encore, voir six huîtres et deux bigorneaux dans une assiette, ça me fiche le bourdon.
Non, le pire c’est quand vous allez vous replonger dans vos photos d’il y a cinq ans, ou plus pour les plus courageux. Oh ? J’avais encore des cheveux à cette époque. Mince ! Tu te rappelles cette petite chemise cintrée qui me moulait le biceps ? Et toi, tu n’avais pas tes lunettes ce jour-là, ah ! non, c’est vrai que tu n’en portais pas encore à l’époque. J’arrête, vous voyez ce que je veux dire. En deux clic, vous allez comparer vos photos de maintenant avec celles d’hier, et ça fait mal.
Quelle idée saugrenue d’avoir voulu remettre le nez dans le passé. La faute au numérique. Autrefois, les photos étaient rangées dans un album cartonné ou une boîte à chaussures, le tout planqué en haut d’une armoire ou au fond d’un placard, quasi inaccessible. Chaque fournée de nouvelles photos alimentait un nouvel album ou une autre boîte, on balançait ça sur la pile dédiée et hop ! On y pensait plus. Parfois, un gamin voulait y jeter un œil, mais pas de chance pour lui on devait aller faire les courses à Carrefour, on verrait cela en rentrant, plus tard serait un autre jour.
Désormais, tout est plus simple, donc tout est plus compliqué. Les clichés sont transférés de l’appareil sur l’ordinateur où tout est stocké et vous saute aux yeux, parfois même à l’insu de votre plein gré. Les ravages du temps qui passe s’exposent sans vergogne en diaporamas moqueurs et cruels. Hier, on pouvait compter aussi sur l’usure qui jaunit les photos et les rend moins lisibles, aujourd’hui ce n’est plus le cas, et pire encore, avec le numérique on peut zoomer et voir ce qu’on souhaitait avoir oublié.
D’un autre côté, partir en vacances sans rapporter de photos, c’est un peu comme si on n’était pas partis, non ?