Respect. Marc Lièvremont n'avait que ce mot à la bouche lors de ses interventions avant et après le match qui vient de s'achever entre la France et le Japon. Et pour le coup, on ne peut pas lui donner tort. Respecter l'adversaire et les consignes du staff (on n'ira pas jusqu'à douter de leur existence...) voilà au moins deux domaines dans lesquels les Français auront à travailler. Mais pas que.
A la seule vue du score, il serait possible de croire que le XV de France s'est balladé face au Japon. Mais le 47 - 21 du planchot ne doit surtout pas masquer les énormes carences affichées par une équipe de France aussi pâlotte que son maillot. Après une bonne entame conclue par deux essais, on était prêt à fermer les yeux sur les nombreuses fautes de main des joueurs Français confondant parfois vitesse et précipitation. Mais en oubliant de respecter (encore une fois...) les fondamentaux (conquête, conservation, soutien), les hommes de Marc Lièvremont ont laissé leurs adversaires revenir dans la partie.
Valeureux, jamais abattus, les Japonais ont profité des imprécisions défensives tricolores pour trouver à deux reprises le chemin de l'en-but. En jouant parfois comme des poulets sans tête, refusant de taper au pied quand cela s'imposait, en ne variant pas le jeu (pas un seul maul !), les bleus se sont singulièrement compliqué la tâche.
Il y a longtemps qu'on critique l'absence de schéma de jeu cohérent de ce XV de France. Il fallait être bien naïf pour penser que deux mois de préparation suffiraient à tout arranger.
La majorité des joueurs a offert une prestation éloignée de ce qu'on est en droit d'attendre d'une équipe candidate au titre. A cet égard, la présence de Fabrice Estebanez n'a, encore une fois, pas convaincu. Et que dire de l'entrée de David Skréla ? Comme face à l'Irlande, c'est sa sortie qui a fait le plus de bien à l'équipe...
Les Toulousains (on y inclura le néo-Bayonnais Cédric Heymans) ont été principaux artisants de ce succès étriqué dans sa manière sinon son score. Un bon point aussi pour Aurélien Rougerie, plutôt correct dans ses interventions, à l'exception de son jeu au pied, qui nous a valu quelques frayeurs. La rentrée de Morgan Parra a égalementfait du bien à l'équipe. Mais ces (relatives) satisfactions pèsent de peu de poids dans la balance.
Correcte pendant vingt minutes, médiocre ensuite, calamiteuse pendant un gros quart d'heure, cette équipe de France va devoir sérieusement se remettre en question pour ne pas connaître de déconvenue la semaine prochaine contre le Canada. On sait bien que les premiers matchs de l'équipe de France en coupe du monde ne sont jamais des modèles du genre. Mais le niveau affiché par ces bleus là n'est pas fait pour nous rassurer.