Marie-Antoinette, la Reine fantôme est le nouvel opus consacrée à la dernière reine de France avant la Révolution. Chez Emmanuel Proust était sorti dernièrement l'album Marie-Antoinette de Pascal Croci et Françoise-Sylvie Pauly qui ne nous avait pas vraiment emballé malgré les prouesses techniques. C'est la même approche mais un style graphique différent qu'adoptent Rodolphe et Annie Goetzinger. Et sans détour, cet album estle plus réussi des deux auteurs. L’histoire croise deux personnages à plusieurs siècles d’intervalle. L’héroïne, Maud de Brunhoe est une peintre fortunée vivant dans les années 30. Lors d’une soirée de spiritisme en Normandie, elle fait apparaître le spectre de Marie-Antoinette. Non seulement le fantôme ne la quitte plus, mais parvient à communiquer avec elle. Condamnée à l’errance perpétuelle pour avoir été jeté dans une fosse commune, la dernière reine avant la Révolution l’appelle à l’aide pour trouver le repos éternel…
Née à Paris, Annie Goetzinger aurait voulu être dessinatrice de mode. Ses études à l’école des Arts Appliqués la conduisent à essayer la BD et la voilà rapidement chez Pilote, puis d’autres magazines BD. Primée à Angoulême en 1975 pour son premier album Casque d’Or, elle a connu son premier succès grand public avec la série Felina sur un scénario de Victor Mora dont un somptueux portfolio est paru chez BD’Empher. En solo ou surtout avec Pierre Christin, elle réalise à partir de là de nombreux albums sur des thèmes sociaux, historiques ou policier. Notamment de superbes Portraits souvenirs, et sa série du moment, l’Agence Hardy (6 tomes chez Dargaud), une série au cœur de l’actualité européenne de la fin des années 50. Annie Goetzinger est l’une des premières à aborder le sida en BD dans l’Avenir perdu sur un texte écrit par Jonsson en 1992. Illustratrice de presse dans La Croix, ses dessins ont été repris dans un somptueux Regard des Jours sur des textes de Bruno Frappat. Elle dessine plus souvent des histoires complètes comme la Diva et la Kriegspiel ou un le roman graphique le Tango du disparu réédité dernièrement chez Flammarion.
De nombreux auteurs, éditeurs, galeristes « concurrents », journalistes et divers invités étaient venus saluer et féliciter Annie Goetzinger, tenant discrètement une coupe de champagne en main. Ses scénaristes Rodolphe et Pierre Christin bien sûr ; le second a tenu à dire qu’il n’avait pas comme défaut la jalousie et n’en voulait donc pas à Annie pour son infidélité avec Rodolphe. Jean-C. Denis, Florence Cestac, Jeanne Puchol, Léo, Jean-Marc Pau avaient notamment fait l’amitié de passer et ont trouvé des mots touchants pour qualifier le travail de l’artiste dont la modestie et le doute ne la quittent jamais. Occasion aussi de rencontrer l’architecte Philippe Morin. Le co-fondateur avec Pierre-Marie Jamet du Fanzine PLG en 1978 a signé l'aménagement de la galerie et a aussi rénové la Galerie 9e art. Sur la placette du Village Saint-Paul, l’atmosphère était donc bien à la fête. Une excellente opportunité de découvrir en avant-première un album qui fera date pour les deux auteurs.
___________
Exposition-vente Annie Goetzinger (Marie Antoinette, la Reine Fantôme, coscénario de Rodolphe) jusqu’au 24 septembre 2011 à la Galerie Oblique - galerieoblique.com - Village Saint-Paul - 17 rue Saint-Paul - 75004 Paris
Dédicace de l'album Marie Antoinette, la Reine Fantôme avec Rodolphe et Annie Goetzinger le 24 septembre de 16h00 à 19h00Photos© Manuel F. Picaud