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Ezra, la fine bouche

Publié le 23 février 2008 par Sami Battikh

Higelin, Kid Koala ou encore Wax Tailor n’ont d’yeux que pour sa bouche. Emilie Simon ? Raté ! La chanteuse de The Dø ? Pfff, pas du tout. Voici Ezra. Lui n’a pas un sourire à tomber par terre, mais il beat-boxe. Rencontre.
 
 
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Quand as-tu commencé à t’intéresser à la beat-box ?
Je me souviens que déjà petit, j’imitais les trompettes de Brassens ou les comiques. Je faisais aussi des sons avec la bouche. A 14 ans, au collège, j’ai vu un mec assez discret faire des morceaux tout à la bouche. Ça m’a marqué.

Quand tu t’y es mis, savais-tu où tu voulais aller ?
Non, j’ai écouté beaucoup de choses sans être spécialiste de musique ; j’aime pas mal de trucs. Il y a eu notamment le hip-hop, très jeune. Maintenant, je suis plus dans des délires électro.

Quel est le but de ta démarche artistique ?
Y’a pas mal de buts, car c’est un instrument qui regroupe plein de possibilités. Aujourd’hui, je suis vraiment à la recherche de la musicalité plus que de la démonstration.

Il y a aussi toute la mise en scène qui est importante, car on a juste besoin d’une main, faut occuper l’espace. Pour les spectacles, la mise en scène est très proche de celle du théâtre. L’intérêt aussi, c’est de jouer avec plein plein de gens différents.

Justement, tu travailles avec différents artistes. Comment se sont passées ces rencontres ?
Parfois c’est moi, parfois c’est eux qui démarche l’autre. Les trucs forts, c’est notamment Higelin, rencontré dans un train, qui me propose de bosser avec lui. Il y a aussi Wax Tailor, Kid Koala, des créations avec Sayag Jazz Machine, Robert Le Magnifique, KRS One.

Tu parlais de théâtre tout à l’heure, tu penses que le beat-box y est étroitement lié ?
Oui. C’est la manière dont j’essaie de l’aborder sur scène en tout cas. Et puis toutes les formes d’art sont bonnes à mélanger.

Tu parlais aussi du caractère un peu trop démonstratif du beat-box…
Y’a un courant beat-box qui naît, et qui est resté longtemps dans l’ombre – le beat box est vieux comme le monde, ça a précédé le hip-hop. De plus en plus, il y a eu des prouesses techniques, l’idée des championnats.

C’est aussi poussé par les producteurs, qui invitent les beat-boxers pour faire des interludes plutôt que des vrais spectacles. Mais artistiquement, peu de beat-boxers essaient de créer une forme finie. De mon côté, je monte un nouveau spectacle actuellement.

Comment répètes-tu ?
Tout le temps, et surtout dans la rue ou avec des musiciens. Je me mets à enregistrer des trucs et j’ai envie d’aller chopper le son là où il se fait.

Tu chantes ?
Il m’est arrivé de prendre des cours avec des profs de chant, notamment pour travailler ma respiration.

Le beat-box, pour toi, c’est lié à la rapidité ?
Dans le beat-box, y’a beaucoup de choses à faire encore. Ce que tu dis, c’est très lié au milieu de la compétition justement. Il faut sortir de ça. Mais de plus en plus de projets se montent, notamment avec des musiciens.

Autre art de la bouche, le slam. Qu’en penses-tu ?
Ce qui est pas mal, c’est que la liberté dans le slam me paraît plus grande que celle du rap. Les limites s’ouvrent. Il y a des ponts à faire, c’est sûr, puisque le slam s’attache plus au verbe.


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