Mark Oliver Everett, leader d’EELS, a sorti dans la plus grande discrétion un livre autobiographique : « Things the grandchildren should know » en V.O. Tragique et paradoxalement très drôle, la vie de E est tout sauf une ballade sous le soleil hollywoodien. Que l’on soit fan ou pas, ce livre sonne juste, entre mélancolie et douce dérision.Mark Oliver Everett est le fils cadet du célèbre scientifique et millionnaire, Hugh Everett III (théoricien des univers parallèles infinis), qu’il retrouve mort d’une crise cardiaque en 1982. Élève médiocre et enfant à problèmes, il trouve très tôt une échappatoire dans la musique. Après avoir brillé en tant qu’EELS sur la scène musicale, il revient à ses premiers amours plumitifs avec ce premier roman.
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« Je devais avoir 12 ans quand un avion s’est écrasé dans notre quartier. J’étais tout seul à la maison ce soir-là, assis sur le tapis couleur vomi, à regarder la série « What’s happening » à la télé. »S’il y a bien une personne au monde qui en connait un rayon sur la loi des séries c’est certainement Mark Oliver Everett. Pas si étonnant pour ce fils de scientifique spécialiste de mécanique quantique, qui a grandi dans la banlieue de Washington dans les années 70. Peu de strass et paillettes, de show biz ou d’anecdotes croustillantes sur le rock indie, dans ce petit bijou… Comment se raconter ? Dès les premières lignes le rocker soulève la problématique. Pour le coup, avec beaucoup de finesse, sans pathos. Au fil des pages, on se familiarise avec l’arbre généalogique Everett, un monument en soi, composé de personnages extravagants aux destinées macabres et farfelues, dont il est le seul rescapé. Car l’essence d’Eels se situe là. La carrière musicale est bien sûr évoquée mais l’on s’attache davantage à sa relation avec sa sœur Liz, décédée d’une overdose, l’absence de rapport avec le père qu’il décrit comme une personne « si renfermé que je pensais à lui comme à un meuble. C’était simplement là.» et dont il apprendra, après sa mort, qu’il entretenait des correspondances avec Einstein. La mère colle des stickers Legalize sur sa voiture et tape des crises de larmes en passant l’aspirateur, le petit ami junk de Liz tente d’assassiner le chanteur débutant et même la chienne adoptée qui lui est destinée « a bu un peu d’antigel, à part ça, elle va bien. ». A l’image des tonalités musicales d’un de ses plus gros succès « Susans’s house », sa vie oscille entre plénitude et introspection chaotique, du rire aux larmes. Certains passages du livre resteront cultes : son coup de foudre avec Anna rencontrée dans une usine à salade allemande, un passage par une retraite de méditation où toute parole est interdite, les vaines tentatives de drague d’un ado boutonneux sur la plus belle fille du collège. Le rendez-vous manqué de son batteur Butch avec Elton John. La plupart des textes de ses chansons, traduites ici, sont inspirés de ces moments de vie, de ses nombreux échecs amoureux. « A toutes les filles folles que j’ai aimées : merci, mais je suis juste trop crevé maintenant. » écrit-il. Jamais aigri, et survivant à toutes les catastrophes, on apprend ainsi que l’Hombre Lobo est aujourd’hui pasteur. On le remerciera de nous avoir épargné les serments religieux. E. a plusieurs surnoms. Après lecture on sait aussi qu’il a plusieurs vies.