« Je crois à la rencontre dans ce qu’elle a de plus improbable. Contrairement à ce qu’écrit Proust, on tombe amoureux de quelqu’un quand on sait qu’il n’est pas notre genre. La rencontre n’est jamais aussi forte que quand elle est déliée du monde social, avec cette force animale de l’étrangeté absolue,irrémédiable, de l’autre. Elle nous offre la chance de la chance,du désir,du désastre. La chance de perdre, au bout du compte. Il ne faut pas la laisser passer. La femme de ma vie, ce sera celle que je n’aurais pas dû rencontrer. Celle que rien, en elle, en moi, n’appelait à devenir le centre et le sens de quelques années de vie. Celle qui restera ma vie quand la vie nous aura séparés. »
Michel SCHNEIDER, Comme un ombre, Grasset, Paris, 2011 (336 pages).
Belle citation, mais je ne partage pas l'avis de son auteur sur l'idée que Proust de fait de l'amour : c'est tout le contraire; on ne peut aimer que quelqu'un qui n'est pas notre genre. Plus, on ne peut aimer que quelqu'un qui suscite la jalousie en nous. Voir Essai sur la jalousie - L'enfer proustien.