Les années se suivent et le déficit de la Sécurité sociale… ne se ressemble pas, puisqu’il ne cesse de battre ses propres records. Les chiffres donnent le vertige, puisque selon le dernier rapport de la Cour des comptes, en 2010 la sécurité sociale a enregistré un déficit de 29,8 milliards d’euros. Pour rappel en 2008 ce dernier n’avait pas dépassé 8,9 milliards d’euros. Ce qui est déjà beaucoup, naturellement…
La Cour des comptes aujourd’hui, considère « ce déficit comme une anomalie. Aucun de nos grands voisins européens n’accepte des déséquilibres durables de sa protection sociale. Revenir à l’équilibre des comptes sociaux est un impératif ». C’est une évidence.
Tous les regards se portent sur la consommation de médicaments. « Notre pays se caractérise par le niveau particulièrement élevé de ses dépenses de médicaments, 36 milliards d’euros soit 15% de plus que l’Allemagne », affirme la Cour. Différentes analyses considérant les différentes classes thérapeutiques, montrent par exemple que notre consommation de « tranquillisants » est huit fois supérieure à celle de l’Allemagne et six fois supérieure à celle du Royaume-Uni. Pour la Cour des comptes, « le système d’admission au remboursement et de fixation des prix est insuffisamment rigoureux et peu transparent ».
Autant d’arguments que réfutent catégoriquement les Entreprises du Médicament (Leem). « Contrairement aux données publiées par la Cour des comptes, la croissance des ventes de médicaments est deux fois moins élevées en France qu’elle ne l’est outre-Rhin ». Les industriels précisent également que « les prix des médicaments remboursables sont en France, les derniers prix industriels à être fixés par l’Etat. Entre 1990 et 2010, l’indice du coût de la vie a augmenté de 40,5%. Dans le même temps, l’indice des prix publics des médicaments (remboursables et non remboursables) diminuait de 13,7% ».
S’il existe un problème lié à la consommation de médicaments dans notre pays, il n’est pas inutile de rappeler que la prise en charge de ces derniers ne représente que 17 % des dépenses totales de l’Assurance-maladie et près de 7% des dépenses de la Sécurité sociale. Concentrer tout l’effort d’économie – et tout l’opprobre des dérives budgétaires - sur cette seule partie des dépenses ne résoudra pas le problème. Ce serait oublier les arrêts de travail, les soins hospitaliers, les frais de gestion des hôpitaux et de l’Assurance-maladie, les honoraires des professionnels de santé, les produits de santé hors médicaments, les transports sanitaires…