Et si le coureur de la formation Sky volait la vedette à son leader, Bradley Wiggins et le coiffait au poteau...
Il reste quatre jours jusqu’à Madrid et Juan José Cobo (30 ans) est toujours leader de la Vuelta. Mais son avance n’est plus que de 13 petites secondes sur l’Anglais d’origine kenyane Christopher Froome, l’invité surprise, qui a bien résisté au grimpeur espagnol sur les pentes de l’Anglirù, comme il l’avait fait, d’ailleurs, lors du contre-la-montre de Salamanca. Ce jour-là, sur 47 kilomètres, Froome s’était classé deuxième à 59 secondes du grand spécialiste allemand, Toni Martin, alors que Cobo était rejeté dans les profondeurs ! Promu leader après cette prometteuse performance, il avait ensuite été détrôné par son propre chef de file, Bradley Wiggins (le vainqueur du Critérium du Dauphiné 2011) à l’arrivée de l’étape suivante sur les hauteurs de La Manzaneda où s’était imposé brillamment Moncoutié.
Par la suite, Froome, qui a œuvré pour Wiggins pendant les quatre jours où celui-ci portait le maillot rouge, s’est révélé meilleur que ce dernier dans les moments décisifs. Faudra-t-il regretter pour lui les forces égarées dans ce rôle d’équipier ? Il s’est même offert, en battant Cobo sur le fil, une belle victoire en altitude, à Pena Cabarga ! De quoi le mettre en confiance pour ces dernières étapes, en particulier celle de samedi entre Bilbao et Vitoria avec quatre cols au programme, dont le Puerto Urkiola (1ère catégorie) à 46 kilomètres de l’arrivée.
Il est dommage pour Froome que cette 66ème édition ne propose pas d’autre échéance contre la montre, sinon la victoire finale lui serait quasiment acquise, Wiggins étant repoussé à 1’41. Il ne reste plus aux duettistes de Sky qu’à manoeuvrer tactiquement pour tenter de déloger Cobo de la première place. Et sur ce plan-là, ils n’ont peut-être pas dit leur dernier mot. Une grande offensive de Wiggins pourrait mettre en danger le leader lors de la dernière étape montagneuse et offrir à Froome une occasion de contrer sur la fin pour effacer son faible retard. Il n’est d’ailleurs pas exclu que l’on puisse encore assister à un renversement de situation d’ici Madrid. Mais on sait aussi que le patriotisme des Espagnols les poussent à faire cause commune lorsqu’il s’agit de faire triompher l’un des leurs. Et l’actuel manager de l’équipe Geox, Mauro Gianetti, ex-patron notamment de la sulfureuse Saunier-Duval, sait à quelle porte il peut aller frapper pour obtenir du soutien… Ce n’est donc pas gagné pour les deux Britanniques.
S’il n’est pas très connu, Christopher Froome se révèle à 26 ans comme un coureur complet. Avec un physique à la Pingeon (1m86/72 kg) et des qualités qui lui permettent d’être présent en montagne et de se défendre contre la montre, ce qui n’est pas si mal ! Professionnel en 2007 chez Konica, après avoir gagné une étape du Tour des Régions italiennes en amateur, il a disputé son premier Tour de France en 2008 avec l’équipe Barloworld (84ème). Il est arrivé dans la formation Sky en 2010 et on l’a découvert cette saison sur les routes du Tour de Romandie, avec une 15ème place finale à 1’18 d’un certain Cadel Evans.
Cobo, Froome, Wiggins voire Mollema : la Vuelta 2011 ne semble pas être un grand cru sur ce que l’on a vu jusqu’à présent. Mais ce n’est peut-être qu’une fausse impression. Et si un certain scepticisme est de mise, il n’est pas exclu qu’elle se joue sur un dernier coup de théâtre. Yes, we can !
Bertrand Duboux