Lil Wayne est sans doute le rappeur le plus hyperactif que l’on ait rencontré dans ce bas monde. Tenez, rien qu’en 2010, il a sorti trois albums : la compilation Young Money, son essai rock autotuné, le désastreux Rebirth, et I Am Not a Human Being qui était sorti alors qu’il purgeait sa peine de prison. Toutes ces trois sorties étaient au minimum certifiées disque d’or mais les supporters n’attendaient qu’une seule chose : que Weezy sorte de Rikers Island et sorte Tha Carter IV.
D’abord, avant même de se plonger dans le contenu, la vedette de Cash Money Records est le premier rappeur à pouvoir se targuer d’avoir développé une quadrilogie dans sa carrière. Sur ce quatrième volet en question, Lil Wayne avait juré de prendre comme résolution de laisser tomber l’autotune, ce qu’il a fait, mais il est encore un peu tôt pour savoir s’il s’est lassé pour de bon de cette lubie…
L’introduction démarre de manière cinglante « Man fuck them bitches and them hoes, and them niggas’ pussies, camel toes ». Le beat loin d’être exceptionnel signé Willy Will (jamais vu auparavant) est repris plus tard à mi-parcours pour l’interlude et l’outro où défile un casting de ‘all stars rappers’ : Tech N9ne, Andre 3000 (qui n’a pas été crédité… car meilleur que notre autoproclamé ‘best rapper alive’ ?), Bun B, Nas, Shyne, Busta Rhymes… Chacun d’entre eux livrent d’énormes performances. Tous sauf un : Shyne. Celui-ci livre une prestation digne d’un débutant, son couplet est ri-di-cule. On dirait une pâle imitation de Rick Ross enrhumé.
En parlant de Ricky Rozay, sa corpulente personne apparaît sur le single « John » qui n’est en fait qu’une version améliorée de « I’m Not a Star » (extrait de Teflon Don) en gardant le hook et cette phrase « If I die today remember me like John Lennon ». Les featurings raps sont fortement représentés sur TCIV (pour abréger), on compte également ses protogés Cory Gunz, Drake sur « She Will » et « It’s Good » aux côtés de Jadakiss. Ce morceau en particulier a fait couler beaucoup d’encre, plus que celles qui ont nécessités son écriture, car les journalistes voyaient à travers les rimes un diss subliminal envers Jay-Z… Soit.
Contrairement à TCIII, son successeur se veut plus sobre et homogène. La première partie de l’album est efficace (« Blunt Blowin », « Megaman »), incluant le terrible « 6 Foot 7 Foot » dont le beat gavé en grosses basses est produit par Bangladesh (l’auteur du fameux « A Milli » pour rappel). Dans la seconde moitié, Weezy tente une progression graduelle vers la pop de « Abortion » à « So Special » avec John Legend puis « How To Love » où il se met à chanter accompagné d’une guitare. Très ‘radio friendly’ comme on dit aux US. Cette chanson est malgré tout de meilleure facture que son antagoniste « How to Hate » avec T-Pain.
La plupart des producteurs de TCIV ne sont pas des pointures, mais des no-names à qui le nouvel-orléannais a donné sa chance (Develop, Megaman, Willy Will, Drum Up…). Il lui faut plutôt un vrai producteur dans le dos de Lil Wayne pour gérer son potentiel au maximum, plutôt que de le laisser choisir ses propres beats et les exploiter un peu n’importe comment. Car c’est là toute l’ironie de ce super-rappeur, de n’avoir aucun grand classique rap dans sa discographie, juste le très solide Tha Carter II.
Mais de toute façon, avec 964 000 copies de TCIV vendues la semaine de sa sortie (!) et 18 nominations (!!!) aux BET Awards, qui peut réellement le stopper ? Lil Wayne n’est ni un surhomme, ni un martien, c’est un cyborg.
Pour ceux qui disposent de l’édition deluxe, vous pourrez bénéficier de « Two Shots » sur un instrumental de Diplo.
La note : 6.5/10