Quitte à grossir les rangs de la cohorte vile et fière, des imbéciles heureux qui sont nés quelque part, j’ai convoqué ma Muse pour parler de ma mise en bière, qui exigera d’installer des bouées sur les faire-part.
Car si les sanglots longs des violons de l’automne, se sentent si bien à Metz qu’ils y restent neuf mois, il manque à notre belle ville pour réjouir l’autochtone, un océan et un lointain horizon pour combler mon émoi.
Aussi est-ce avec hâte, avec une rage frénétique, que je gâche que je pollue que je rejette soir et matin, des déchets des immondices pour rapprocher l’Atlantique, des berges du Plan d’eau du pied du Mont Saint Quentin.
Quand le réchauffement de la planète aura fait son oeuvre, quand les vagues emporteront l’autoroute laide et stérile, quand les dauphins nageront au dessus de Nancy et Vandoeuvre, le Saulcy méritera enfin son titre d’île.
Les mirabelliers cohabiteront avec les pins parasol, la nymphe et la sirène en harmonie au son des flots, encourageront le mineur devenu artisan ostréicole, et on chantera en passant par la Lorraine avec mon pédalo.
Lors, quand ivre de pastis-mirabelle et d’embruns, cacochyme et approximatif tel le sénateur qui dort, je saurai l’heure venue de prendre le dernier train, quand la Faucheuse conduira mon dernier Métrolor
Je le disputerai aux poètes du trépas aquatique, à Valéry et à Brassens qui n’eurent pas l’heur d’être lorrains, et dans un dernier souffle leur ferai la nique, car mon cimetière ne sera pas moins marin que messin.