Non, je ne vous parle pas d’une quelconque secte ou d’une communauté religieuse islamique, mais des amateurs, que dis-je des fans de la marque automobile suédoise Saab qui poursuit sa descente aux enfers. Ce micro constructeur en mort clinique empêtré dans la crise et dans les embrouilles de soutiens financiers aussi calamiteux que douteux va sans doute débrancher ses respirateurs. La justice a refusé hier de lui octroyer la protection contre la faillite réclamée par sa maison-mère Swedish Automobile. Il est vrai qu’avec un niveau de dettes considérable de plusieurs centaines de millions d’euros, des lignes d’assemblage à l’arrêt (faute de paiement des fournisseurs) et avec seulement une dizaine de milliers de voitures vendues cette année, le juge a considéré que le constructeur avait peu de chance de se sortir d’une énième restructuration.
Si la crise financière a précipité le constructeur dans le gouffre, elle n’a fait qu’accélérer ce qui est à la base un ratage industriel. Pour passionnante que soit une Saab sur le plan technologique, elle est à côté de la plaque au niveau marketing et loin des sensibilités des conducteurs aujourd’hui. La tendance n’est plus au « voiture tank », trop lourde, trop gourmande, trop cher, pas assez glamour, pas assez trendy et illisible au plan commercial. Ainsi, les saabistes même convaincus —professions libérales et publicitaires en premier lieu— lui préfèrent Audi pour ne citer que cette marque.
Et pourtant, le nouveau modèle, la 9-5 a été saluée par la critique comme étant une automobile de grande qualité tant du point de vue de la motorisation que de l’esthétique, mais les acheteurs ne se sont pas précipités dans les concessions.
Le défaut principal de Saab est qu’elle est une marque d’ingénieur, froide (chiante ?), une posture qui ne passe pas dans un monde de consommation qui s’exprime dans la beauté inspirante et la simplicité d’usage. Le succès d’Apple ne dit pas autre chose.
Photo : Saab