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Pourquoi une solidarité à deux vitesses ?

Publié le 09 septembre 2011 par Rsada @SolidShell

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La crise financière ne cesse pas de nous réserver des surprises. Quelques semaines à peine après le manifeste signé par seize des plus grandes fortunes de France appelants à être taxés plus fortement et qui, avouons-le, a fait sourire bon nombre de français sur les plages, Charles Beigbeder lance l’idée de l’instauration d’une franchise des remboursements de la Sécurité Sociale proportionnelle aux revenus.

Ainsi, inspirant son projet sur le constat d’André Babeau qui parle de « bouclier sanitaire », le fondateur de Poweo propose une base de 2% des revenus annuels (soit 2.000 € /an pour un ménage ayant des revenus de 100.000 € par exemple) à partir de laquelle les remboursements médicaux pourraient être effectués.

Arguant un déficit abyssale de la Sécurité Sociale qui s’établira aux alentours de 11 milliards d’euros en 2011, et souhaitant la fin du principe de l’Etat providence qui peut tout et qui doit toit, l’entrepreneur n’évoque à aucun moment si cette proposition s’adresse à tous les ménages ou si elle vise uniquement les plus aisés d’entre-eux. Impossible donc de savoir à partir de combien un ménage est considéré comme aisé ou riche…

Au même titre que le manifeste des « taxez-nous », la proposition de Charles Beigbeder peut être considérée comme populiste puisqu’elle répond à une attente populaire qui ne trouverait rien à redire que les plus riches crachent au bassinet. En revanche, elle doit être considérée comme dangereuse puisqu’elle remet en cause le principe de solidarité qui veut qu’assistance –au sens général du terme- soit portée sans considération sociale. Cette mesure est purement inégalitaire.

Une fausse bonne idée à la manière d’un arbre qui cache la forêt ! L’effort nécessitant de corriger cette idée ancrée chez les français comme quoi la santé est un droit gratuit où la rigueur ne s’impose pas, ne peut être que collectif et donc s’adresser à tous sans distinction de classe ou de revenus.

Si les ménages les plus aisés doivent consentir à des efforts plus importants, ce n’est certainement pas en commençant par une telle mesure. Si tel était le cas, elle ouvrirait la boîte de Pandore où la solidarité serait conditionnée au niveau des revenus et où, un jour ou l’autre, les plus modestes seraient également associés par des mesures complémentaires.

On ne doit jamais s’interdire d’avoir des idées, mais à l’heure de l’austérité il convient parfois d’économiser celles qui ne sont rien d’autre qu’hasardeuses…

A la manière de Roger Fournier : « Il est inutile de se battre pour une idée. Quand une idée est bonne, elle fait son chemin toute seule ».   


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