(Suite)
Seul un être sans cause peut être à l'origine du système des causes: l'espace est la cause première. L’incréé absolu est l'espace car on ne peut imaginer un espace sans espace d'où il proviendrait.
L'espace-substance est pure immobilité, pure continuité et ne peut entrer dans le Temps qui est celui de l'individuation et du mouvement. Son essence propre est l'éternité - d'être sans temps pour être.
On ne peut raisonner sur les propriétés de l’espace comme on le fait sur celles de la matière. La substance de l’espace est en dehors d’un quelconque cycle car celui-ci impliquerait que l’espace surgisse par transmutation d’une autre substance qu’elle-même et ainsi de suite par régression, à l’infini.
Ce qui naît s'extrait de l'éternel pour accéder à la temporalité de l'existant comprise entre un début et une fin. La condition d'accession à l'existant c'est de disparaître et de s'inscrire ainsi dans un cycle naturel.
La matière seule est soumise au cycle de la création. Elle a un lieu d'émergence: l'espace en sa totalité. Elle émane d'une substance présente de toute éternité : la substance de l'espace ou prématière. La matière, en son essence, est de tout temps grâce à la permanence d'une substance d'où elle provient.
La condition de la temporalité de la matière est la permanence d'une substance incréée et éternelle.
Il convient de dissocier radicalement l'espace-substance continue, incréé, éternel et a-temporel, de la matière individualisable, créée et temporalisée.
L’espace incréé ne peut faire l’objet d’un cycle auquel conduit logiquement la théorie du big- bang (nécessité d'un big crash car on ne saurait réduire l'histoire du Cosmos aux seuls 12 ou 15 milliards)
Pour qu’il y ait création, il faut en effet un lieu et une substance d’origine à partir desquels le créé peut surgir par transsubstantiation d’une matière première. Tout existant, issu d’une cause extérieure entre nécessairement dans un cycle de création et de destruction.
Toute création suppose un changement d'état, une mutation d'un objet physique en un autre. Elle implique également le processus inverse de sa destruction: l'existant est soumis au temps et ne saurait perdurer éternellement dans son être.
Dès lors, s'il se trouve une procédure de surgissement de la matière, il doit en exister une autre qui permette son retour : l’annihilation de la matière est retour à son lieu d'origine, la substance de l'espace. Ces procédures de création et de disparition composent naturellement le cycle premier de l'Univers.
Si aucun étant ne peut naître de lui-même, il est porté par un autre que lui-même qui doit l’engendrer selon des modalités multiples des règnes et des espèces. S’il est soumis au temps selon une durée, il doit donc pouvoir disparaître. S’il peut naître et disparaître, il est soumis au principe du cycle : si les conditions de son paraître se retrouvent réunis, il doit surgir à nouveau. Tout ce qui existe est temporel et soumis au cycle de la naissance, croissance et disparition. Inversement, ce qui n’est pas temporel n’existe pas (au sens où exister c’est être dans le temps).
Ainsi, la prématière de l’espace-substance EST mais n’ex-iste pas, la matière EST et ex-iste, au sens où elle doit s’extraire d’un autre qu’elle-même).
( A SUIVRE)