Ce nouvel opus pose bon nombre de questions : Et si Karine devenait la reine du lycée ? Et si Jenny devenait intelligente ? Et si Alban n’était pas aussi blanc qu’il en a l’air ? Après deux ans d’attente, la suite des Nombrils sort enfin. Le constat s’impose, c’est toujours aussi bien. L’intérêt majeur réside dans le fait que, contrairement à la majorité des séries proposant des gags en une planche, les personnages évoluent constamment. L’histoire avance et ne donne pas du tout l’impression de tourner en rond. Le ton est toujours aussi moderne et juste. Niveau dessin, c’est un plaisir de retrouver le trait souple de Delaf. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour les nombrils. Sauf que…
Si je n’ai que de bonnes choses à dire sur le contenu de la série, j’aimerais néanmoins pousser un petit coup de gueule par rapport à la façon dont elle est exploitée par l’éditeur. Avant la sortie définitive de l’album prévue le 4 novembre, Dupuis nous gratifie d’une pré-publication en trois min-albums de 128 pages avec jaquette. Ce découpage « en tranches » du tome 5 n’a strictement aucun intérêt en dehors du fait de vendre deux fois l’album. En bon fan collectionneur, je vais me précipiter sur ces mini-album annoncés en tirage limité (tu penses, un collector mérite forcément un tirage limité !), ce qui ne m’empêchera pas de racheter l’album grand format (tu penses, maniaque comme je suis, je veux voir mes albums alignés au cordeau sur les étagères de ma bibliothèque). Bref, le couillon que je suis va passer deux fois à la caisse pour lire exactement la même chose. Coût total de l’opération : 3 x 5,50 € + 1 x 10,45 € = 26,95 euros. Tout ça pour un seul et même album de 46 planches. Bon je sais, j’ai qu’à être moins couillon et n’acheter qu’une version, mais que voulez-vous, un collectionneur de BD se laisse toujours tenter par les tirages limités, les éditions spéciales, les versions noir et blanc et tous ces artifices purement mercantiles qui n’ont qu’un objectif : augmenter artificiellement les ventes d’un album sans forcément accroître le nombre réel de lecteurs.
C’est un fait, ce type de prépublication n’est pas une nouveauté. Pellerin l’a fait avec L’épervier et Tardi avec L’étrangleur et Putain de Guerre. Mais ici, avec Les nombrils, le passage du grand au mini format s’avère désastreux. Le redécoupage des planches permet certes de grossir les cases mais il y a aussi beaucoup de vide sur certaines pages. Le confort de lecture n’est clairement pas le même qu’avec un grand album cartonné où l’on découvre chaque gag sur une seule et même page. Bref, si un tel « saucissonnage » peut fonctionner pour un portage vers les smartphones, ça ne marche pas pour une publication au format livre de poche.
Il n’empêche, les Nombrils restent les nombrils, et en dehors de ce coup marketing aussi détestable que savamment orchestré, il faut reconnaître les indéniables qualités de cette série. Pour autant, ne vous précipitez pas sur cette prépublication indigne et attendez sagement la sortie officielle de l’album, ce sera beaucoup plus raisonnable (en gros faites ce que je dis mais surtout pas ce que je fais…).
Les Nombrils, intégrale T5 – première partie : Noir cauchemar de Delaf et Dubuc, Dupuis, 2011. 128 pages. 5,50 euros.
PS : la deuxième partie est prévue pour le 23 septembre et la dernière pour le 7 octobre.
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