Destination Finale 5 (Final Destination 5)
Résumé: Partis pour un weekend de team building, un groupe d’employés réchappe de justesse à l’effondrement catastrophique d’un pont suspendu, grâce à la prémonition de l’un d’entre eux. Mais la Mort est bien décidée à récupérer son dû…
Maintenant vieille de plus de 10 ans, la saga horrifique initiée par Glen Morgan et James Wong continue son petit bonhomme de chemin, égrenant les morts brutales avec une régularité de métronome. Tout juste a-t-on pu déplorer une légère baisse de régime sur les épisodes 3 et 4, bien routiniers malgré l’ajout de la 3D sur ce dernier. Pour ce cinquième opus, on ne change pas une formule qui gagne : une catastrophe spectaculaire en ouverture, un groupe de survivants sauvés par une prémonition de l’un d’entre eux, et un joyeux jeu de massacre. Bref, on reste en terrain connu, mais il faut avouer que ce nouveau film fait beaucoup mieux que son prédécesseur, en proposant de nouveau des morts originales et pas trop tirées par les cheveux. Si la Mort est toujours aussi facétieuse, elle ne s’amuse plus ici à déclencher cinquante petits mécanismes pour mener les personnages à une mort certaine. Le film propose même un certain suspense dans la mise en scène des morts, le spectateur s’amusant à essayer de deviner quand et comment le coup fatal va être porté, et prenant presque en pitié certaines des victimes (l’éprouvante scène du laser fera certainement grincer des dents bon nombre de spectateurs). La 3D de fête foraine assure le spectacle dans un joyeux délire de tripes et autres morceaux humains balancés à la tête du spectateur. C’est en tout cas beaucoup plus convaincant que Saw 3D à ce point de vue.
On reste donc en terrain connu, même si le film tente de proposer un peu de nouveauté, avec un twist final assez rigolo et surtout l’idée que les survivants peuvent s’en sortir en prenant la vie d’une autre personne. Une idée intéressant qui aurait pu donner de l’ampleur au massacre, mais qui malheureusement arrive un peu tard pour être exploitée correctement. Bref, peu de surprises côté scénario, mais au moins on sait qu’avec les Destination Finale on aura droit à un film pop corn fun et divertissant ne tentant pas de se faire passer pour plus intelligent qu’il n’est (au contraire des Saw). Et finalement, c’est tout ce qu’on demande…
Note : 6/10
USA, 2011
Réalisation : Steven Quale
Scénario : Eric Heisserer, Jeffrey Reddick
Avec : Nicholas d’Agosto, Emma Bell, Miles Fisher, Ellen Wroe, P. J. Byrne, Tony Todd
La Peau que j’habite (La Piel que habito)
Résumé : Chirurgien esthétique de renommée internationale, Robert Ledgard (Antonio Banderas) s’est retiré de la vie professionnelle suite à un événement tragique. Il vit seul dans sa grande demeure avec sa gouvernante (Marisa Paredes) et une mystérieuse patiente (Elena Anaya) qu’il garde enfermée et sur laquelle il pratique régulièrement des greffes de peau…
Pour son nouveau film, Pedro Almodovar retrouve Antonio Banderas, vingt ans après leur dernière collaboration sur Attache-moi. L’occasion pour Almodovar d’offrir à son acteur fétiche l’un de ses meilleurs rôles, celui d’un chirurgien plastique aux pratiques assez troubles.
Le film débute comme un décalque des Yeux sans Visage de Georges Franju, couplé à une histoire d’amour assez malsaine, faite d’obsession et de perversion (les caméras installées par le chirurgien dans la chambre de sa « patiente »). La sensation de malaise est prégnante et constante, sans que l’on puisse mettre un doigt sur la raison de celui-ci, entre autres parce qu’Almodovar se garde bien de donner toute les clés du film dans ce premier acte. Tout est affaire de non-dits et de paroles énigmatiques échangées par des personnages ayant de toute évidence une longueur d’avance sur le spectateur. Un début de film très intrigant, malgré quelques longueurs et passages surréalistes légèrement hors sujet (l’irruption du fils de la gouvernante, totalement hors de propos, malgré le fait qu’elle serve de déclencheur aux événements). Puis dans la seconde moitié du métrage, Almodovar part dans un long flashback explicatif permettant enfin au spectateur d’y voir plus clair. Cette fois, cette seconde moitié de film lorgne plutôt du côté des travaux de Cronenberg (Faux-semblants notamment), en bifurquant vers le thriller chirurgical à l’ambiance assez malsaine. La lente révélation de l’identité de la mystérieuse patiente devrait en choquer plus d’un.
Avec La Peau que j’habite, Almodovar prouve une fois de plus à quel point il est un formidable directeur d’acteurs. Banderas n’a jamais été aussi bon, à la fois terrifiant dans l’implacabilité de la folie de sa vengeance, et terriblement humain et vulnérable. Face à lui, Elena Anaya est tout simplement magnifique, mais possède cette grâce étrange qui rend son mystérieux personnage totalement crédible (et ce même après la révélation de son identité). Et si le film accuse quelques baisses de rythme de temps en temps, et souffre d’un final un peu précipité, il réussit néanmoins parfaitement à provoquer de nombreuses émotions contradictoires dans l’esprit du spectateur qui ne ressortira pas indemne de ce voyage dans les recoins sombres de l’âme humaine…
Note : 7.5/10
Espagne, 2011
Réalisation : Pedro Almodovar
Scénario : Pedro Almodovar
Avec: Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paderes, Jan Cornet, Blanca Suarez
Apollo 18
Résumé: Officiellement, il n’y a jamais eu de mission Apollo 18 sur la lune. Mais une bande vidéo retrouvée dans les archives la Nasa raconte une toute autre histoire…
Décidément, il semblerait que la mode des « found foutages », ces films d’horreur tenant de faire croire au public que ce qu’ils présentent est une vidéo réelle, ne soit pas prête de s’arrêter. Après le film catastrophe (Cloverfield), le film de zombies (REC, Diary of the Dead), le film d’exorcisme (Le dernier Exorcisme) et le film de maison hantée (Paranormal Activity), c’est cette fois la science fiction à tendance horrifique qui passe à la moulinette de cette mode un peu gonflante. Apollo 18 narre donc les mésaventures de deux astronautes envoyés en mission secrète sur la lune, et qui se retrouvent confrontés, comme c’est original, à une entité invisible et pas très sympa. Selon la formule maintenant rôdée, le film mélange des prises de vue de divers caméras : caméras embarquées par les astronautes, caméras de surveillance disposées autour du module lunaire, etc. La relative originalité du film, c’est que celui-ci se passe dans les années 60, et par conséquent le traitement de l’image est en adéquation avec les moyens de l’époque : bande abimée, interférences et autres parasitages de l’image permettent de créer une légère ambiance. Légère car malheureusement le film ressemble beaucoup à un décalque dans l’espace de Paranormal Activity et du Projet Blair Witch, c’est-à-dire que c’est parfois franchement assez mou, déjà vu, et qu’à moins de n’avoir jamais vu de film d’horreur de sa vie, il est difficile d’être effrayé par les événements décrits.
Apollo 18 réussit néanmoins à surpasser son « illustre » modèle sur plusieurs points (pas trop difficile vous me direz), à commencer par l’interprétation assez convaincante des deux acteurs principaux. On ne s’attache pas vraiment à eux, mais on tremble de temps en temps pour eux, surtout que le réalisateur Gonzalo Lopez-Gallego (Les Proies) réussit à emballer une ou deux scènes de frousse correctes, notamment lors de la descente dans un cratère lunaire qui n’est pas sans évoquer la mythique scène des œufs dans le premier Alien. La nature de l’entité belliqueuse à laquelle se retrouvent confrontés les deux cosmonautes est assez bien trouvée, et donne l’occasion au réalisateur de proposer deux-trois plans d’horreur pure.
Néanmoins, il faut avouer que le sentiment qui prédomine à la vision d’Apollo 18 est celui d’un ennui poli, heureusement entrecoupé de quelques sursauts de surprise bienvenus. Mais il faut avouer que niveau suspense lunaire, on lui préférera largement l’excellent Moon de Duncan Jones…
Note : 5.5/10
USA, 2011
Réalisation : Gonzalo Lopez-Gallego
Scénario: Brian Miller, Cory Goodman
Avec: Warren Christie, Lloyd Owen, Ryan Robbins
Fright Night
Résumé: Charley (Anton Yelchin) est un ado comme les autres, vivant seul avec sa mère dans la banlieue de Las Vegas. Le jour où son meilleur ami Ed (Christopher Mintz-Plasse) le contact pour lui dire que son nouveau voisin Jerry (Colin Farrell) est un vampire, il décide de ne pas l’écouter, persuadé que celui-ci affabule. Mais lorsqu’Ed et plusieurs de ses camarades disparaissent, Charley commence à se dire que celui-ci n’a peut-être pas inventé cette histoire…
Si Apollo 18 s’inscrit dans la mouvance des « found footages », Fright Night suit de son côté l’autre mode horripilante du moment, celle des remakes à tout va des films d’horreur des années 70 et 80. Le film de Craig Gillespie est donc une « modernisation » de la sympathique comédie horrifique Vampire, vous avez dit Vampire ? de Tom Holland. Une remise au goût du jour une fois de plus pas forcément nécessaire, vu que le film original a plutôt bien vieilli. Plombé par une bande-annonce peu excitante Fright Night n’était pas un des films fantastiques les plus attendus de l’année. Et pourtant, il s’agit au final d’une assez bonne surprise.
La première bonne nouvelle, c’est que Gillespie et sa scénariste Marti Noxon (Buffy contre les Vampires) ont décidé de rester assez fidèles à la trame du film original. Comme son ainé, Fright Night version 2011 suit les mésaventures du jeune Charley, qui est persuadé qu’un vampire a emménagé dans la maison voisine de la sienne, et se heurte à l’incrédulité de son entourage. Si les grandes étapes de l’intrigue sont respectées (ainsi que le design particulier des vampires), c’est plutôt au niveau des personnages que ce nouveau film marque sa différence. Dans Fright Night 2011, Charley n’est plus un geek esseulé et un peu immature, mais un ado qui commence tout juste à rentrer dans l’âge adulte en laissant de côté ses anciennes passions, et ses anciens amis. Du coup, le personnage est un peu plus en demi-teinte, puisqu’entre autres c’est son incrédulité initiale qui va être fatale à son meilleur ami. De même, il est beaucoup plus lucide et combattif que dans la version de Tom Holland (on sent définitivement la patte de Noxon sur le script à ce niveau, vu qu’elle était un des piliers de Buffy). Anton Yelchin (Terminator Renaissance) est excellent dans le rôle, et campe un personnage fort et pour une fois assez mémorable. De même, David Tennant est tout simplement génial (comme à son habitude, diront les fans de Doctor Who) dans le rôle de Peter Vincent le pseudo chasseur de vampires (ici un magicien en lieu et place d’un présentateur télé), qui cache une fêlure profonde plutôt que d’être juste un poltron. Son premier face à face avec Charley est un excellent moment de comédie. Seul gros point noir du film au niveau du casting, Colin Farrell est totalement insipide et peine à rendre son personnage de vampire increvable effrayant. Un loupé assez dommageable qui empêche Fright Night de délivrer les frissons escomptés. L’humour est bien là, avec de nombreuses références à la pop culture bien pensées, ainsi que l’action, mais le côté horrifique est raté à cause de la prestation transparente de l’acteur.
La 3D du film est une fois de plus une grosse arnaque (mis à part quelques jets de sang et cendres incandescentes, c’est le néant), mais on commence à avoir l’habitude. Cependant ce remake a de sérieux atouts, comme un rythme bien géré, de bonnes scènes d’action (notamment le final, excellent) et de bonnes idées (transposer l’intrigue à Las Vegas permet d’expliquer pourquoi personne ne s’inquiète de voir des gens disparaitre ou qu’un type ne sorte que de nuit). Fright Night version 2011 est donc plutôt une bonne surprise, un sympathique film popcorn sans prétention mais assez fun, un peu à l’image de son modèle.
Note : 6/10
USA, 2011
Réalisation : Craig Gillespie
Scénario : Marti Noxon
Avec : Anton Yelchin, David Tennant, Colin Farrell, Toni Collette, Imogen Poots, Christopher Mintz-Plasse