Christopher a quinze ans. Il est exceptionnellement doué pour les mathématiques et il est capable de remarquer une foule de détails que personne ne voit jamais. Il vit seul avec son père et mène une vie bien réglée entre sa maison et son école et a horreur que l'on perturbe ses habitudes et qu'on lui mente. L'histoire démarre au moment où il découvre le cadavre du chien de sa voisine. Il décide alors de mener son enquête.
On comprend rapidement que Christopher est autiste. L'histoire est relatée de son point de vue, ce qui donne un ton très original et décalé à ce roman. Le regard qu'il porte sur le monde est insolite. Mark Haddon nous donne ainsi une idée de l'autisme vécu de l'intérieur et nous donne l'occasion de nous voir, nous-mêmes, gens ordinaires, d'une autre façon.
C'est aussi un roman atypique où l'on sent pointer l'humour "british"
pince-sans-rire.
extrait : "Je ne mens pas. Mère disait que c'est parce que je suis quelqu'un de bien. Mais ce n'est pas pour ça. C'est parce que je ne sais pas mentir.
Mère était quelqu'un de petit. Elle sentait bon. Des fois, elle portait un gilet de laine avec une fermeture Eclair devant. Il était rose et, sur le sein droit, il y avait une toute petit étiquette qui disait Berghaus.
Mentir, c'est dire que quelque chose s'est passé alors que ça ne s'est pas passé. En fait, il ne s'est passé qu'une chose à un moment donné et en un lieu donné. Et il y a un nombre infini de choses qui ne se sont pas passées à ce moment-là et à cet endroit-là. Si je pense à quelque chose qui ne s'est pas passé, je me mets à penser à routes les autres choses qui ne se sont pas passées.
Par exemple ce matin, au petit déjeuner, j'ai pris du Ready Brek et un milk-shake chaud à la framboise. Mais si je dis qu'en réalité j'ai pris des Shreddies et une tasse de thé, je me mets à penser à des Coco-Pops, à de la limonade, à du porridge et à du Pepsi, et je pense que je n'ai pas pris mon petit déjeuner en Egypte, qu'il n'y avait pas de rhinocéros dans la pièce, que Père ne portait pas de scaphandre, et ainsi de suite. Rien que d'écrire ça, j'ai la tête qui tourne et j'ai peur, comme quand je me trouve au sommet d'un très grand immeuble et qu'il y des millers de maisons, de voitures et de gens au-dessous de moi et qu'ils se bousculent tellement dans ma tête que j'ai peur d'oublier de me tenir bien droit et de m'accrocher à la rambarde, et alors je me dis que je vais tomber et me tuer.
C'est aussi une des raisons pour lesquelles je n'aime pas les vrais romans : ils racontent des mensonges sur des choses qui ne se sont pas passées alors ça me fait tourner la tête et ça me fait peur.
C'est pour ça que tout ce j'ai écrit ici est vrai."
Le bizarre incident du chien pendant la
nuit, Mark Haddon, Pocket, 346 pages.