Voilà, je ne tenais pas à répondre à ce commentaire venu réveiller mon petit troupeau de cloportes personnels (troupeau endormi depuis longtemps), mais l'évidence ainsi démontrée de la permanence dans le temps d'une certaine connerie m'incite à inviter à me rejoindre ici mes haines passées, pour une petite danse entre amis.
Les faits sont les suivants.
En 2006-2007, je soutiens (et je ne rosis même pas de le rappeler aujourd'hui) la campagne présidentielle de Ségolène Royale, je suis même en relation avec l'aimable site participatif Désirs d'avenir (qui existe toujours, apparemment). Sur un site mi sexe, mi citoyen (en fait, ce serait plutôt 85 %, 15 %) que je fréquente alors, je trouve cette image, représentant une affiche électorale manifestement faisandée ; je la trouve drôle mais pas totalement idiote et, avide à l'époque de dire, gratuitement et en me camouflant douillettement au fond d'une confortable bonne conscience de gauche, du mal du candidat de droite, je la pique (en me fendant d'un message d'excuse au site d'origine, qui, je le découvre en élaborant ce billet, existe lui aussi encore aujourd'hui) et la publie.
C'était le 28 avril 2007, autant dire pas hier. Depuis, des tas de gens sont morts, dont le candidat de droite, remplacé depuis par un Président de tous les Français, surtout certains français de souche, des tas d'idées aussi ont péri, de programmes électoraux, même si, à la relecture, le programme affiché ci-dessus me semble honnête et en bonne voie de réalisation. Je précise tout de suite que la droite n'est, à mon sens, plus tout à fait celle caricaturée ici, la droite comme le capitalisme a su prendre un certain nombre de virages (par exemple, elle a su tourner quatre fois à gauche) : on la rencontre aujourd'hui autant à Rock en Seine qu'au Fouquet's où elle utilise le même iPhone que les gens normaux.
Or, la date de péremption de la bétise étant encore assez éloignée, je reçois il y a quelques jours le commentaire suivant, aux pieds de ce poste de 2007, plus vintage qu'historique : "Êtes vous sérieux lorsque vous diffusez ces images ? Sachez que vous n'êtes rien a par des petits gaucho, des communistes simples d'esprit." Les fautes d'orthographe sont d'origine, j'espère qu'il n'y a pas de copyright. C'était le 4 septembre dernier. Outre que la réaction du petit monsieur a nécessité près de 4 ans 1/2 de réflexion (il est vrai qu'il concourt dans la catégorie Poids lourds des commentateurs), j'ai bien noté que celui-ci me considère, parmi d'autres (impression que certains de mes lecteurs devraient se sentir concernés), comme un simple d'esprit gaucho-communiste. Petit, de surcroît.
Voilà (je me répète, mais j'avais envie d'un billet avec le mot Voilà), certes, je ne suis pas communiste, assez peu gauchiste (ça n'intéresse personne, mais mes modèles oscilleraient plutôt entre Pierre Mendès-France et Michel Rocard), quant à petit, tout est relatif, je suis moins grand qu'Obama, mais moins petit que, allez, à tout hasard, Sarkozy.
Lire ce commentaire original et bien bâti, lui (merci au passage à la personne qui a réagi par un Spèce de etc. qui me semblait dans un premier temps propre à clore un débat assez godichement réouvert, sans que j'y ajoute un bémol de nostalgie) m'a poussé à relire les autres.
Tatieva avait réagi. Cette artiste perdue de vue me visitait régulièrement et je lui rendais la politesse. Grâce à ce Monsieur mickl, j'ai cherché un peu sur le net et trouvé sa nouvelle adresse. C'est ICI (Les Callypiges de Tatieva) et on prend un grand plaisir à visiter son blog délicatement coquin (l'adresse laissée sous son comm de 2007 n'est plus valable). Elle est désormais en lien, ci-contre, dans la catégorie Regards.
Aurélien également avait réagi, assez négativement d'ailleurs, mais c'était bien son droit et, au moins, la valeur de sa réaction n'avait pas attendu le nombre des années. Le lien vers son blog est malheureusement rompu.
Pour ma part (avec un t, cher mickl), je regarde tout ça avec un vague amusement. L'eau a mouillé les ponts et les bières ont saturé mes verres. J'ai pris du poids, je l'ai perdu, ma vie a changé, plusieurs fois, comme s'il m'avait été donné de vivre plusieurs existences. Mon blog a changé de nom (Les Pavés sont petits, comme moi selon mickl, mais pas d'origine), puis d'interface, il s'est peu à peu éloigné de la critique sociale et politique des origines, a perdu en chemin certains de ses lecteurs, a failli disparaître à plusieurs reprises, mais je n'ai encore pas trouvé en moi les ressources pour raccrocher définitivement. Et j'avoue, à l'occasion de ce retour vers 2007, Année Politique, éprouver une réelle nostalgie. Je suis comme ça, polémique et nostalgique.
Alors, en remerciement pour ce commentaire posté 4 années et plusieurs mois après le post qui le motive (je me demande si je ne vais pas, à mon tour, réagir au J'accuse d'Emile Zola, gaucho-socialiste moscoutaire notoire, resté trop longtemps sans réplique), je livre à celles et ceux qui ne la connaîtraient pas encore une vidéo dont on m'a récemment conseillé la lecture. Il s'agit d'un compliment d'anniversaire à un Président en exercice (Président de quoi ? il n'est pas nommé, donc je m'interroge) dû à la chanteuse, comédienne, parolière, poétesse et écrivaine Brigitte Fontaine. C'était il y a quelques mois dans les locaux de la radio gauchiste anarcho-maoïste Ouï FM (Ouï n'est pas le contraire de Non, c'est une forme du verbe Ouïr, le Tréma marquant que ce verbe se croit supérieur aux autres, contrairement à Jouir, par exemple, qui n'en a pas besoin).
Voici la vidéo en question (c'est fin, ça se mange sans fin, c'est Brigitte Fontaine dans ses heures), en souhaitant qu'elle donnera l'occasion à mickl de revenir nous dire un petit bonjour vers 2015 ou 2016. En espérant être toujours présent pour accueillir sa prose revigorante au point qu'elle m'a inspiré un billet, alors que je ne savais vraiment pas sur quoi écrire, réellement, Merci mickl et à très bientôt.