Une institution chez Cavanna !
C’est la fin de semaine. Tu as remisé la caisse à fourbi. Le vélo du travail est accroché au clou. La retraite est proche. Tu t’es offert un beau vélo de course et tu le sors le dimanche pour partir dans de longues expéditions solitaires ou en club dont tu reviens vers midi et demi, tonitruant et la tête chargée de mini exploits. Tu es, l’espace de cinq minutes, la frénésie de l’effort aidant, une espèce d’Homére italien, multipliant les foudres et les épithètes.
Puis tu ranges le vélo, tu te passes le gant sur la figure. Tu mets la chemise blanche, le pantalon à plis bien repassé. Celui qui n’a pas les grandes poches... Des boutons de manchettes dorés. Il est temps de passer à table. Tu es redevenu calme, mesuré, élégant. L’après-midi, tu sortiras en ville, tu marcheras doucement dans les rues avec l’air posé d’un grand monsieur. Parfois tu te reposeras sur les murettes pour en apprécier les arêtes et la qualité du ciment.
Et tu seras grand de savourer la légèreté du temps qui passe, la saveur des fruits et des fleurs, la délicieuse mélancolie de la vie dont tu sais qu’elle n’a qu’un temps.