Magazine Environnement

Tchernobyl : le "mensonge d'État" s'est-il arrêté à la frontière... de la vérité ?

Publié le 07 septembre 2011 par Josepha @josepha45

25 ans après l'explosion nucléaire de Tchernobyl, l'enquête sur le passage du nuage en France se referme. Mais le dossier des pathologies continue de s'alimenter .Laurence Neuer

Le lien entre l'augmentation des cancers de la thyroïde et la radioactivité déversée dans l'Hexagone par le nuage de Tchernobyl n'est pas établi. C'est ce qu'a indiqué la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris mercredi dans son arrêt de non-lieu, refermant ainsi l'enquête menée depuis 2001 sur l'impact du nuage radioactif en France. Ce fameux "lien de causalité" entre la contamination en taches de léopard et les affections de ceux qui, relativement peu

nombreux sur chaques zones,

ont consommé les produits infectés était au coeur d'une bataille politico-judiciaire sur fond de guerre des chiffres et d'études scientifiques depuis mai 1986. Seul mis en examen en 2006 pour "tromperie aggravée", l'ancien patron du Service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI) Pierre Pellerin était soupçonné d'avoir masqué l'ampleur de la radioactivité au passage du nuage de Tchernobyl durant le printemps 1986.



Sous-estimation des risques

C'était dans la nuit du 25 au 26 avril 1986. Le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. Une colonne de feu de plus d'un kilomètre de hauteur est suivie d'un nuage dérivant vers le Belarus qui se laisse entraîner par les vents... Les panaches gagnent successivement la Russie, la Finlande et la Suède, où, le 28 avril, le nuage déclenche des balises de surveillance. Les rejets radioactifs survolent la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne, l'Italie du Nord et le sud-est de la France, qui est entièrement recouverte le 1er mai. Les communiqués du SCPRI font d'abord état d'une "légère hausse de la radioactivité", "en deçà des limites réglementaires françaises", ce qui ne nécessite "aucune contre-mesure sanitaire que ce soit".

Alors que l'Europe ouvre ses parapluies de protection et qu'une réglementation européenne fixe des seuils de tolérance pour la consommation des produits laitiers et des fruits et légumes, la France persiste dans la sous-estimation des risques, ce qui conduit un petit groupe de scientifiques à s'emparer de l'affaire. À leur tête, Michèle Rivasi, professeur de biologie et future présidente

de la Criirad, et le professeur Robert Beraud de l'Institut de physique nucléaire de Lyon. Le 10 mai, une conférence de presse rend publics leurs premiers résultats. Consternants. Tous les échantillons sont contaminés par plusieurs radionucléides (iode 131, césium 134 et 137, etc.). Devant l'évidence, l'IPSN (Institut de protection et de sûreté nucléaire) annonce que "la radioactivité a été jusqu'à 400 fois supérieure à la normale". Et le 12 mai, le journal Libération accuse : "le mensonge radioactif". Pourtant, le gratin des endocrinologues récuse le lien entre cancers et Tchernobyl et les autorités continuent d'affirmer que "la radioactivité reste très en deçà des seuils dangereux".

Enquête corse

Cela ne décourage pas les 53 malades qui, en 2001, portent plainte contre X du chef d'empoisonnement et d'administration de substances nuisibles dans le cadre de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) qu'ils créent à cet effet et qui compte désormais 656 malades. La Criirad se joint à la plainte. "Chaque semaine, l'association enregistre cinq nouveaux cas de cancers chez les jeunes entre 18 et 22 ans", déclarait la présidente de l'AMFT Chantal L'Hoir dès 2004. Depuis, les pathologies continuent d'augmenter. "En plus de la thyroïde, nous constatons une recrudescence de leucémies et de diabètes radio-induits", constate Chantal Garnier, vice-présidente de l'AFMT. "Il n'est pas question de baisser les bras", prévient-elle aujourd'hui. L'association a en effet annoncé son intention de se pourvoir en cassation.

Dernier espoir pour les plaignants, l'enquête épidémiologique décidée par la commission Tchernobyl de l'assemblée de Corse. "Elle pourrait donner des résultats plus détaillés et plus probants", précise Me Bernard Fau, avocat de l'AMFT. Les victimes corses pourraient même, le cas échéant, demander au parquet de rouvrir l'instruction, explique-t-il. Mais dans la mesure où cette enquête n'a pas été diligentée par la justice, le débat se positionnera sur un terrain plus politique."


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Josepha 492 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte