Par Bernard Vassor Archives B.V.
À l’angle de la rue Montmartre et du boulevard Poissonnière
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La belle et le commissaire
Par Bernard Vassor
L’inspecteur de police Marais était le subordonné de Sartines, le lieutenant général de police qui servit souvent de référence à Balzac pour "la Comédie Humaine".Pourtant, ce qu’ignoraient les chroniqueurs du second empire, c’est que cet endroit avait connu ses heures fastes un siècle plus tôt. Cette maison d’angle existait déjà sous Louis XV où un limonadier était installé au rez-de-chaussée . En 1764, une femme nommée Richard, dite Emilie avait loué deux étages au-dessus de chez le cafetier, un logement qu’elle occupait avec l’inspecteur de police Marais, qui s’accommodait fort bien des visites de sa fidèle compagne. Deux autres femmes la Martin et la Latour partageaient le même commerce sous le même toit.
Les historiographes du XIX° sont unanimes, il ne se passait jamais rien dans cet établissement. Pas de belles de nuit autour des tables de sa terrasse. L’endroit ne leur était pas plus défendu qu’ailleurs, mais elles comprenait que ce côté du boulevard n’était pas aussi galant que l’autre, leur petit commerce en souffrirait et qu’elles y feraient choux-blanc.
Seuls quelques égarés chassés du café de Madrid , du café de Suède ou bien du café des Variétés venaient y échouer.
« Ces dames » faisaient concurrence à une femme galante qui officiait au 10 boulevard Montmartre avant le percement du passage Jouffroy, une ancienne actrice de province, qui avait subjugué Cormier de Charmilly, trésorier des écuries du roi et de riches étrangers qui l’entretenaient luxueusement.
Son nom serait tombé dans l’oubli si sa fille, d’abord connue sous le nom de Salveta (nom de sa mère) , ne l’avait été bien plus encore sous celui de Mlle Mars.
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Ce magasin de vêtements qui avait remplacé le café de la Porte Montmartre aussi été supplanté par un autre café qui portait le même nom. Cet établissement avait lui-même succédé à un autre café existant depuis le XVIIIéme siècle.
Un méchant ouvrage "Les cafés artistiques et littéraires de Paris" (1882), indique que cet établissement fut fréquenté par Ulysse Parent qualifié par l'auteur de ce livre de "nullité absolue". Il avait été adjoint au maire pendant le siège de Paris, eéu le dix huit mars 1871 délégué de la Commune, aussitôt démissionaire. Parmi cette clientèle essentiellement composée de journalistes : Léo Lespès dit Timothée Trim du "Petit Journal", Eugène Spuller l'avocat gambettiste qui fréquentait plutôt le café de Madrid, Pascal Duprat qui fut le soutien du général Cavaignac en 1848. Elu député, il fut arrêté après le coup d'état du 2 décembre et conduit à Sainte-Pélagie pour avoir écrit de la mairie du dixième arrondissement une protestation.Mise à jour le 07/09/2011