La fois où il a eu l’accident / La fois où i la voulu faire un film sérieux / La fois où il a eu l’idée de faire la môme 2.0 next generation
Saison 1, Episodes 1 à 3 sur 12
Diffusion vf: Canal + – 5 septembre 2011
Après un accident de voiture, Eric Judor décide de faire dans le cinéma sérieux.
Sérieux. Voilà peut-être le problème. Forcément, on a Eric et Eric et Ramzy, on a un platane, et on a La môme 2.0 next generation. Cela résume le pitch et on peut s’attendre à un enchainement d’humour. Or, non. La série lorgne vraiment vraiment vers la dramédie et je n’ai pas trouvé le drame et la comédie forcément bien équilibrés, pas vraiment bien enchainés. On passe de scènes très drôles à des scènes très dramatiques où Eric est pathétique sans prévenir. Le début illustre bien cela où on passe de la scène de HP hilarante à sa déprime à la fête Canal à son comportement gamin débile drôle quand il prend sa voiture. J’ai du mal à saisir où je coince sur cet enchainement, d’autant qu’il n’y a rien à reprocher à la réalisation et au montage. En fait, les épisodes sont des sortes de montagnes russes, faites de hauts comiques et de bas dramatiques, même si on est de plus en plus dans le dramatique au fur et à mesure de l’heure 10 constituée par ces trois premiers épisodes.
La série suit donc la déchéance d’un acteur dit comique et sa tentative de revenir au premier plan, d’être perçu comme autre chose qu’un simple clown ou bouffon. Et là, la série entre dans l’analyse du monde du spectacle et les trois épisodes cumulent un peu tout dans ce domaine, de la secrétaire qui se croit supérieure aux combines pour obtenir un rendez-vous, aux difficultés financières et tout cela. Les épisodes brossent diverses problématiques tout en restant compréhensibles pour les non initiés au monde de la production mais le problème est que cela ne va pas non plus plus au fond de ces problèmes, afin justement d’éviter de perdre une grosse majorité des téléspectateurs extérieurs au monde de la production. Ainsi, comme l’humour et le drame, la série se retrouve un peu coincée entre deux mondes.
On sent quand même bien derrière cette série que Eric Judor a voulu, peut-être extérioriser des sentiments personnels, offrant une sorte de coté autobiographique à la série, une autobiographie caricaturée évidemment. Et le résultat s’avère plutôt convaincant dans l’écriture. Les dialogues sont très bons, certaines scènes sont excellentes et les personnages plutôt bien dépeints, tout en restant caricaturaux. L’hôtesse d’acceuil de Canal est excellente de ce point de vue car elle parait totalement caricaturale mais tellement réaliste aussi. Il en existe des centaines exactement comme elle, par arrondissement de Paris.
Du coté de la réalisation, on n’a pas droit à des effets de style pour faire genre. La réalisation reste classique mais diablement efficace. Elle est en plus bien soutenue par un montage de qualité qui donne une vraie fluidité à l’ensemble. Seule la musique apparait en retrait, peu utilisée et paraissant trop souvent un peu quelconque.
On a donc un ensemble qui tient bien la route mais qui peut dérouter. En tout cas, moi, j’ai été dérouté. Je m’attendais à quelque chose de plus humoristique, très second degré alors que le drama prend finalement le dessus. Il ressort pour moi une forme de malaise. J’ai du mal avec les scènes vraiment dramatiques, étant gêné par cette descente aux enfers. Les scènes marchent mieux je trouve avec une touche d’humour comme tout le passage du black listing par Besson parce qu’il s’est fait offert le fauteuil roulant du fils de Luc Besson.
La série se retrouve donc hybride, alternant le drôle et le dramatique, n’osant pas aller à fond dans la critique du système afin de rester accessible au plus grand nombre. La série me parait vraiment trop avoir le cul entre deux chaises. De plus, les trois épisodes se coltinent des scènes à l’intérêt très limité, qui sont les seules à m’avoir ennuyées. Je parle du délire sur le gospel et le premier pitch de film à l’intérêt proche de zéro car on sait d’avance que cela ne sera pas le film fait (à moins d’un twist ultérieur qui justifierait à postériori ces scènes) et qui ne sont tout simplement pas drôles. Et il y a tout le passage autour du rap dont là encore l’intérêt m’échappe, hormis le fait de justifier le gag du high kick dans sa face à la fin du troisième épisode. C’est un peu léger, même si sa battle de rap m’a fait mourir de rire avec la concurrence stérile qu’il défonce.
Au final, Platane s’avère être une série de bonne qualité, bien rythmée mais qui me parait trop le cul entre deux chaises pour me convaincre totalement. Je ne dois pas être le public vraiment visé.