Dancer in the Dark, écrit et réalisé par Lars Von Trier, avec Björk, Catherine Deneuve, Peter Stormare, David Morse, Jean-Marc Barr… sortie cinéma 08/2000
Il y a des films qui vous marquent si profondément qu’il est impossible de s’en défaire, et ce même si finalement vous les regardez peu. A raison, il serait difficile d’affirmer haut et fort : « Moi, Dancer in the Dark, je le regarde au moins une fois par mois ! ». Je ne l’ai vu que deux fois en tout et pour tout, et pourtant croyez-moi, son empreinte est ineffaçable.
Écrit et réalisé par Lars Von Trier, Dancer in the Dark raconte Selma Jezkova. Elle perd la vue à cause d’une maladie génétique. Elle économise le moindre sous gagné à l’usine pour payer à son enfant l’opération qui l’empêchera à son tour de devenir aveugle. Elle vit dans une caravane installée dans le jardin d’une famille américaine. Elle aime plus que tout la musique et la danse… Et parfois, aux sons des machines, d’un train qui défile ou d’un infime crissement de crayon sur du papier, elle capte un rythme et s’envole dans sa propre comédie musicale où rien de grave jamais n’arrive. Mais dans le monde réel, tout est différent, la malchance l’accable, la misère et la malhonnêteté des autres finissent par la condamner. Jusqu’à un dénouement tellement poignant et saisissant que j’en porte encore la marque imagée autour du cou.
Non, Dancer in the Dark n’a rien d’un film drôle et réjouissant. C’est un drame merveilleusement inoubliable et bouleversant. Et toute sa force réside dans le contraste entre la caméra instable et terne du quotidien, et celle figée, lumineuse et colorée des instants précieux où la musique et la danse électrisent des paroles pourtant terriblement fatalistes. Cette audace est portée majestueusement par l’interprétation de Björk, également à l’origine des musiques, et dont le jeu et la voix transcendent toute émotion personnelle pour amener à une empathie déroutante. L’innocence et la naïveté de ce personnage sur les frêles épaules de la chanteuse compositrice islandaise donne naissance à l’un des plus beau rôle jamais écrit et joué à mon sens.
Les propos sur Hitler de Lars von Trier lui ont valu d’être déclaré « persona non grata » durant festival de Cannes 2011. Ce festival même où en 2000, il remporte la Palme d’Or pour Dancer in the Dark et Björk le prix d’interprétation féminine. Moi qui attendais son Melancholia avec une impatience folle, malgré deux actrices principales que j’ai toujours beaucoup de mal à digérer : Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst, voilà qui me vaudra certainement un goût amer tout du long. Mais Dancer in the Dark restera, au delà de toute polémique, un chef d’œuvre dramatique parmi les plus habilement écrit et dirigé de toute l’histoire du cinéma.
10/10
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