Il étonnant de constater que le thriller, avec ses codes et ses repères géographiques, appartient à des familles aussi diverses que formatées. Sur le continent asiatique, elles semblent se multiplier à loisir et à plaisir, tant le genre est chaque fois, sinon renouvelé, toujours agrémenté d’éléments nouveaux. Ce qui n’échappe pas à l’excellent film coréen de Lee Jeong-beom , qui non content de signer une réalisation conforme à une histoire plutôt classique, en est aussi l’auteur.
Pour un premier essai, c’est un coup de maître, salué cette année par le Grand Prix au Festival international du Film Policier de Beaune . Qui englobe donc une mise en scène et un scénario ad-hoc, au cœur duquel le petit plus est un grand personnage : celui qui nous vaut ce titre énigmatique. Tae-shik, prêteur sur gages, sombre et solitaire, ne demande rien à personne, sinon de conserver ce silence qui le protège d’un passé aussi secret que douloureux.
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Mais voilà, pas de chance pour notre anti-héros, la maman de sa petite voisine à laquelle il s’était un peu attaché, vient de disparaître. Ce qui dérange à la fois son petit commerce, sa tranquillité et le brin de moralité qu’il semblait conserver sous une mèche rebelle. L’homme va sortir de l’ombre et faire ressurgir une histoire que les trafiquants de drogue et d’organes, mêlés, vont amèrement regretter.
Si la trame est assez classique je vous assure que son écriture et son traitement relèvent le niveau du film policier. C’est un film d’actions, où les scènes spectaculaires succèdent aux bagarres, chorégraphies, logiques et cohérentes .
L’image du héros sans peur ni reproche, s’en trouve aussi améliorée. Si Won Bin, à la pose idéale pour mener ce personnage hors des sentiers battus, j’avoue qu’il m’a sidéré, repensant à l’acteur qui dans l’excellent film « Mother » jouait tout aussi excellemment bien le garçon demeuré.
A ses côtés, les autres personnages, donnent également de la hauteur au récit, avec bien évidemment l’étonnante prestation de la gamine Kim Saeron . Les mots me manquent pour dire comment elle réussit à vous alpaguer dès son premier regard. D’ailleurs comme le dit le réalisateur, ce n’est pas une enfant, c’est une actrice !
Le making of
Comme dans ce film, l’action est omniprésente, les scènes ici présentées ne manquent pas de mouvements, et d’intérêt. Où l’on voit notamment Won Bin réaliser lui-même ses cascades
« Mon projet était un film d’action émouvant, et humaniste, avec des scènes de combat divertissantes » se souvient Lee Jeong-beom. Pour ce faire, il opte sur un style de combat rarement vu en Corée, « avec des mouvement rapides, précis, qui tiennent à la fois du kaki philippin et de l’arnis ». Les amateurs apprécieront.
Une belle photo, un joli cadre, mais un film noir...
Il ne faut pas manquer la rencontre avec la jeune Kim Saeron , très à l’aise sur le plateau et qui explique très bien son personnage ,qu’elle résume comme étant quelqu’un qui « a une grande tristesse au fond du cœur mais qui ne le montre pas ».
Won Bin salue le talent de sa jeune partenaire « elle jouait tellement bien que j’avais réellement pitié d’elle ».