La fête

Publié le 07 septembre 2011 par Jlhuss

On arrivait.
Les oiseaux las de voler à contre vent se posaient sur les têtes.
Quel hôte avait dressé dans l’allée longue la table des agapes ?
à l’heure où l’air est comme l’encre sur le buvard du cancre
et les conviés avouaient ne pas savoir l’élu de la fête,
ignorer même s’il y avait plus à fêter que l’étonnement d’être au monde.

On prenait place.
Les petits servaient des mets d’insouciance entre les maximes des pères,
de ces mots infusant l’ennui d’avoir à partir avant l’aube
quand on voudrait voir le temps s’asseoir à la place d’honneur,
place du pauvre à jamais laissée vide en sa mémoire
mais les verres buvaient avant lui le vin versé.

On dansait.
Les couples avaient des épanchements mélodieux sous les branches.
Les valses semblaient ne pas tout à fait toucher terre,
les pas craignaient de froisser les feuilles et les mousses,
les baisers même cherchaient leur parfum de chair vive
comme des gemmeurs la sève épuisée sous l’écorce.

On remerciait.
Les sentiments prenaient congé sans préavis tous à la fois,
cela faisait dans les feuillages comme un froissement d’ailes.
Seul un amour de mère se retournait et faisait signe à peine,
mais on n’avait déjà plus de main pour répondre
et la fête au loin se figeait comme un bonheur d’enfance.

Arion